G.P.I.O. G.L.L.R.

Grand Prieuré Indépendant d'Occitanie
Grande Loge des Loges Réunies

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La Loge de Recherche et d'Instruction

Le G.P.I.O. gère une Loge Chapitrale de Recherche et d’Instruction des Rites Ecossais Rectifié et de Stricte Observance. Elle est chargée de l’étude des rituels et de leurs gestuelles. Elle propose toutes modifications nécessaires au bon déroulement des rituels. Elle présente des travaux sur les rites travaillés d’un point de vue historique et symbolique. Ses travaux consistent à développer les connaissances maçonniques des membres tant au point de vue symbolique, historique que moral et spirituel. Elle se réunit au moins une fois par an lors d’un Grand Chapitre de l’Ordre.

Les derniers travaux de la Loge ont pour thème :

  • R.S.O. : Le baron de Hund et la geste Jacobite. Les années 1741-1743 : von Hund est reçu « maçon sapant »… une énigme à lever
  • R.S.O. : Trouver l’amour rend fier, ce qui mène d’une erreur à l’autre

Tout Frère et toute Sœur, quels que soient son rite et son obédience sera bienvenu : Renseignements et inscription par courriel à : gpio.contact@gmail.com

Les travaux présentés ici participent de l’approfondissent des connaissances pour ceux des visiteurs du site qui sont maçons et qui trouvent quelques intérêts supplémentaires à toutes recherches historiques spirituelles. Ils sont le fruit de recherches soutenues par des maçons érudits et font référence à des sujets pointus sur la Franc-maçonnerie d'une manière générale et sur les Rites Ecossais Rectifié et de Stricte Observance en particulier.

Lumières nouvelles

Armoiries relatives à Charles de Hund

Après le renouveau d’intérêt des maçons et historiens pour le Rite de Stricte Observance à la fin du vingtième siècle, après maintenant plus de 20 ans de recherches et de publications sur le Rite et sur l’ordre fondé par Charles de Hund, il semble finalement que nous ne soyons qu’à l’aube des connaissances sur le système de la Stricte Observance Templière.

Nous vous proposons ici différents articles pouvant intéresser les chercheurs sur l’histoire de la maçonnerie et plus particulièrement sur le système de la Stricte Observance Templière qui « peut être considéré comme l’une des principales matrices du Régime Ecossais Rectifié. »

Par delà la recherche historique, ces articles, rédigés par des spécialistes en la matière, montrent aussi à tous ceux qui, curieux des sources de la maçonnerie, s’intéressent aux contextes sociaux, politiques et des évènements majeurs du dix-huitième siècle, dans lesquels sont nées ces maçonneries rectifiées.

Blason relatif à Charles de Hund
  • ➩ 1737 : A l'aube de la Franc-maçonnerie allemande, l'empreinte française.
  • ➩ 1752 : Les prémices de la création de la Stricte Observance : Le Chevalier du Marteau d'Or.
  • ➩ 1755 : Les prémices de la création de la Stricte Observance : Le Chevalier de la Colonne.
  • ➩ 1752 : Des rituels de la Stricte Observance de 1752 aux rituels « des Loges réunies » de 1772.
  • ➩ 1764 : La Stricte Observance en 1764 : Influences religieuses et civiles.
  • ➩ 1764 : La classe des Alchimistes au sein de la Stricte Observance.
  • ➩ 1764 : Pourquoi entrer en maçonnerie en 1764 ?
  • ➩ 1773 : Le convent de Berlin en 1773.
  • ➩ 1782 : L’acte de renonciation en 1782 lors du convent de Wilhemsbad.

A l'aube de la Franc-maçonnerie allemande
l'empreinte française.

Dans le cadre d’une étude des loges allemandes franc-maçonniques ayant pu travailler au rite de Stricte Observance, une première observation s’impose de suite. On est alors surpris de constater que nombre d’entre d’elles travaillent en langue française.

Ce fait n’a rien de surprenant car on s’aperçoit très vite qu’au XVIIIième siècle la langue européenne est le Français. C’est aussi bien la langue des artistes, des savants que celle des lettrés aussi bien à la cour de Berlin que dans beaucoup d’autres endroits.

La révocation de l’édit de Nantes fait les français hors de France et nombre d’entre eux se réfugient en Allemagne et y apportent la langue française. La langue française circule ainsi et elle est adoptée dans les cours européennes et surtout au siècle des Lumières.

Au 18ième chaque cour veut avoir son philosophe français : Voltaire à la cour de Frédéric II, Diderot à la cour de Russie. Le français qui est d’abord la langue de Paris, la langue du roi de France devient la langue de l’Europe, la langue de la conversation parce que ceux qui servent à la diffuser, ce sont les auteurs français, les idées qu’ils portent. Aucun homme d’état ne voudrait passer pour ignorer la langue de Corneille et de Diderot. Le français est alors, comme il est encore, l’instrument de précision par excellence de la pensée humaine.

C’est ainsi que l’on trouve parmi les francs-maçons allemands beaucoup de noms français et traces de cette influence de la langue française.

A titre anecdotique nous allons étudier quelques loges allemandes de l’époque, travaillant en langue française.

La loge « Absalom zu drei Nesseln » (Absalom aux trois orties) est crée à Hambourg le 6 février 1737. Son fondateur principal est le Frère Charles-Jacques-Louis Sarry, fonctionnaire de la monnaie royale sous le règne de Frédéric II qui nait à Berlin en 1716. Cette loge de langue française travaille ensuite au rite de Stricte Observance.

GPIO GLLR : Médalle de la Loge Absalom zu drei Nesseln
Médalle de la Loge Absalom zu drei Nesseln

La loge « Zu den drei goldenen Schwestern » à l’orient de Dresde qui a comme membre connu le comte Bellegarde et le secrétaire de l’ambassade de France M. d’Ecombes. Elle travaille également ensuite au rite de Stricte Observance.

Juste une petite mention particulière pour la loge de Bayreuth fondée par les membres de la Comédie française et de l’Opéra de Bayreuth « Uriotino ». Elle est au départ une loge irrégulière. Son fondateur est le nancéien Joseph Uriot. Mais le 21 janvier 1741, les membres de cette loge ayant pour nom « Loge du château de Bayreuth », dans un protocole écrit en français, élisent comme Vénérable Maître de Loge perpétuel le margrave Frédéric de Brandebourg Culenbach.

L’année 1740 voit la fondation de la loge « Aux Trois Globes » que l’empereur Frédéric II érige d’ailleurs en Grande Loge. Elle est également au départ de langue française. Elle a alors pour Premier Surveillant Paul Benezet et comme Deuxième Surveillant Jean Serre.

La loge « L’Union » (zur Einigkeit) à l’orient de Francfort sur le Main est aussi de langue française. Cette loge qui reçoit comme apprenti le baron de Hund ne travaille jamais au rite de Stricte Observance ni ne fait partie de l’Ordre du baron Von Hund.

Fondée en avril 1746, la loge « Aux Trois Ancres » à l’orient de Koenigsberg travaille en langue française et compte parmi ses membres un certain Guy, tenancier de son état du « café des francs-maçons » en la même ville.

Une loge fondée en 1758, la loge « Les enfants de Mars » à l’orient de Wesel se disant d’ailleurs sous l’influence de Charles Edouard Stuart, si on se réfère au timbre de la loge travaille également en langue française.

La loge « Saint Charles de l’indissoluble amitié » à l’Orient de Brunswick, nommée ainsi en l’honneur du duc régnant Charles est fondée en 1764 par un comédien français, le frère Lebœuf. Le protecteur de cette loge de langue française est Ferdinand de Brunswick qui est un maçon très bienveillant. D’ailleurs, pour clore ce propos comment ne pas résister à cette dernière anecdote : Ferdinand de Brunswick a également une loge travaillant en langue française « Charles à la concorde » fondée par le conseiller de cabinet Liebeherr.

Force est de constater que ces loges allemandes travaillent en langue française. S’il est de bon ton de parler en langue française dans les cours européennes il ne fait pas perdre de vue non plus les exilés suite à la révocation de l’édit de Nantes et les nombreux français prisonniers en Allemagne à cette époque qui fréquentent les loges maçonniques et nous pouvons citer comme exemple le frère Claude-Joseph Villebourg, capitaine d’infanterie qui est initié à Magdebourg le 4 mars 1758.

Les prémices de la création de la Stricte Observance
Le Chevalier du Marteau d'or

Carl Gotthelf, Freiherr von Hund und Alten-Grotkau, ou dans la suite Charles de Hund, prend la succession de Heinrich Wilhelm von Marschall von Thüringen à la tête de la VIIième Province de l’Ordre en Allemagne.

Il fonde alors rapidement le 24 juin 1751 la loge Aux Trois Colonnes sur ses terres à Kittlitz.

Et pour créer un rite templier allemand de Stricte Observance, s’opposant à la « Late Observance » de cette époque, il a pour première initiative de s’entourer de plusieurs maçons qui par la suite seront désignés, avec l’approbation de von Marschall, aux postes les plus élevés de sa nouvelle organisation.

Il fait par exemple appel à plusieurs membres de la loge Aux Trois Marteaux de la ville de Naumburg : Christian Wolf Schömberg, Conrad Jacob Schmid, son frère Ernst-Johann-Georg Schmid et Johann Wilhelm Mylius.

Conrad Jacob Schmid est l’un des fondateurs de cette loge constituée le 8 juillet 1749. Il en est alors Maître en Chaire quand Charles de Hund lui écrit en 1751. Il sont du même âge, Conrad Jacod est né le 16 décembre 1722 et meut le 6 décembre 1752 peu de temps après l’aide précieuse qu’il apporte à Charles de Hund dans la rédaction des premiers rituels et des premiers documents d’organisation de la Stricte Observance.

Nous vous présentons ici la lettre qu’il écrit à Charles de Hund le 26 octobre 1752 sur son avancé de ses travaux sur les rituels de Stricte Observance qui seront utilisés lors du convent l’Altenberg en 1764.

Dans cette lettre « Charles Chevalier de l’Epée » est donc Charles de Hund ; le « Chevalier du Lion rouge » est Christian Wolf Schömberg et Conrad Jacob Schmid signe lui de son nom de Chevalier : « Jacques Chevalier du Phénix ressuscité ». « G.M. » signifie Grand Maître et « le chiffre » désigne à cette époque et aujourd’hui encore une manière de coder, de crypter ou donc de chiffrer un texte. Par ailleurs Heinrich Wilhelm von Marschall von Thüringen est lui désigné sous le nom d’ordre en latin : Eques a Tabula designatoria, Chevalier de la Table à tracer ; Le mot « loge » est remplacé par le dessin d'un petit rectangle. Enfin, dans le « comput » de l’année de l’ordre la date du 26 d’octobre 439 peut effectivement correspondre au 26 octobre 1752 : L’année utilisée en 1752 de fondation de l’ordre est 1313.

Tous ces collaborateurs « très précieux » de Charles de Hund peuvent faire partis de plusieurs organisations où ils sont reçus et reconnus en tant que chevaliers. Ainsi, certains d’entre eux ont plusieurs noms de chevaliers suivant l’organisation qu’ils fréquentent. En tous cas, ils n’hésitent jamais à signer en langue française de leur nom de chevalier. On trouve aussi ces noms de chevalier écrit en latin dans les documents officiels des organisations fréquentées. Ainsi Conrad Jacob Schmid signe cette lettre par « Jacques Chevalier du Phénix ressuscité » mais est aussi connu comme « Chevalier au Marteau d’or » ou en latin « Eques à Malleo aureo ».

Après le décès de Conrad Jacob Schmid, la loge Aux Trois Marteaux de Naumburg s’affilie en 1755 à l’ordre créé par Charles de Hund.

GPIO GLLR : Lettre de Conrad Jacob Schmid à Carl Gotthelf, Freiherr von Hund und Alten-Grotkau du 26 octobre 1752 GPIO GLLR : Lettre de Conrad Jacob Schmid à Carl Gotthelf, Freiherr von Hund und Alten-Grotkau du 26 octobre 1752 GPIO GLLR : Lettre de Conrad Jacob Schmid à Carl Gotthelf, Freiherr von Hund und Alten-Grotkau du 26 octobre 1752 GPIO GLLR : Lettre de Conrad Jacob Schmid à Carl Gotthelf, Freiherr von Hund und Alten-Grotkau du 26 octobre 1752
Lettre de Conrad Jacob Schmid à Carl Gotthelf, Freiherr von Hund und Alten-Grotkau du 26 octobre 1752.
Archives de Copenhague

Transcription :

Au Très Haut et Très Magnanime Charles Chevalier de l’Epée
Grand Maître Provincial, Maître Ecossais et Maître en Chaire de la juste et parfaite Loge aux trois Colonnes.
Respectueusement.

Très Magnanime Grand Maître, Très Vénérable Frère.

Si j’étais capable de vous peindre mon cœur entièrement pénétré de vos bontés, vous verriez plus clairement combien je suis dévoué à vos ordres. C’est par vous que je me vois avancé dans la Société des enfants de la lumières. Vous avez bien voulu m’arracher le bandeau qui me cachait les rayons de la gloire. Vous m’avez attaché à l’illustre ordre par des liens indissolubles, cela fait le bonheur de ma vie. Rien au monde flatte tant mon amour propre que la déférence que vous avez eu pour moi de m’ouvrir les portes intérieures du sanctuaire. J’espère, très magnanime G. M. de ne jamais détromper l’idée que vous avez conçu de mon zèle et application. Eternellement adonné à l’illustre ordre, je ne souhaite de respirer que pour lui être utile et exécuter aveuglement ses commandements.

J’ai commencé le travail dont je vous ai parlé. Il a mieux réussi que je n’osais espérer. Comme vous le savez qu’il est de la dernière conséquence, je n’ose pas même vous l’écrire en chiffre, sans votre permission. J’attends vos ordre à Naumbourg, si vous le trouvé bon, je vous communiquerai alors et ce que j’ai déjà achevé, et ce que je me suis encore proposé de faire. Je suis presque certain que le souverain architecte m’aidera à le finir heureusement. Le chiffre dont je me servirai est celui que j’emploie dans ma correspondance avec le Chevalier du Lion rouge.

En attendant la dessus vos ordre, je suis d’un cœur qui vous est entièrement dévoué. Très Magnanime G.M. Très Vénérable Frère. A Dresde Ce 26 d’octobre 439. [puis suit le texte d’une autre main, d’une autre plume et donc peut être d’une autre époque : « 1752 »] Votre très soumis et très fidèle frère. Jacques Chevalier du Phénix ressuscité.

Sources : Archives de Copenhague ; René le Forestier : La franc-maçonneire Templière et occultiste, Editions Arché Milano, 2003 ; André Kervella : Le Barron de Hund et la Strcite Observance Templière, Editions La Pierre philosophale, 2016 ; André Kervella : Hund en lumière, La Stricte Observance Templière décodée, Les Editions de la Tarente, 2020

Les prémices de la création de la Stricte Observance
Le Chevalier de la Colonne

Carl Gotthelf, Freiherr von Hund und Alten-Grotkau, ou dans la suite Charles de Hund prend la succession de Heinrich Wilhelm von Marschall von Thüringen à la tête de la VIIième Province de l’Ordre en Allemagne.

Il fonde alors rapidement le 24 juin 1751 la loge Aux Trois Colonnes sur ses terres à Kittlitz.

Et pour créer un rite templier allemand de Stricte Observance, s’opposant à la « Late Observance » de cette époque, il a pour première initiative de s’entourer de plusieurs maçons qui par la suite seront désignés, avec l’approbation de von Marschall, aux postes les plus élevés de sa nouvelle organisation.

Il fait par exemple appel à plusieurs membres de la loge Aux Trois Marteaux de la ville de Naumburg : Christian Wolf Schömberg, Conrad-Jacob Schmid, son frère Ernst-Johann-Georg Schmid et Johann Wilhelm Mylius.

Ernst-Johann-Georg Schmid est avec son frère Conrad-Jacob, rédacteur des premiers rituels de la Stricte Observance.

Nous vous présentons ici la lettre qu'il écrit à Charles de Hund le 17 octobre 1755.

Dans cette lettre le « Chevalier de l’Etoile » est Johann Wilhelm Mylius ; le « Chevalier du Scorpion » est [...] ; le « Chevalier du Cygne » est [...] ; et Ernst Johann Georg Schmid signe lui de son nom de Chevalier : « Georges Chevalier de la Colonne ». « V.G. » signifie Votre Grandeur ; « Chap » signifie Chapitre. Le mot « loge » est remplacé par le dessin d'un petit rectangle ; Dans le « comput » de l’année de l’ordre la date du 28 d’octobre 442 peut effectivement correspondre au 17 octobre 1755 : L’année utilisée en 1755 de fondation de l’ordre est 1313 et le décalage des 11 jours entre le 17 et le 28 est peut-être un résidu du passage du calendrier julien au calendrier grégorien.

Tous ces collaborateurs « très précieux » de Charles de Hund peuvent faire partis de plusieurs organisations où ils sont reçus et reconnus en tant que chevaliers. Ainsi, certains d’entre eux ont plusieurs noms de chevaliers suivant l’organisation qu’ils fréquentent. En tous cas, ils n’hésitent jamais à signer en langue française de leur nom de chevalier. On trouve aussi ces noms de chevalier écrit en latin dans les documents officiels des organisations fréquentées. Ainsi Ernst Johann Georg Schmid signe cette lettre par « Georges Chevalier de la Colonne » ou en latin « Eques à Colonna ».

Ernst Johann Georg Schmid, qui a la particularité d’avoir été reçu avec Karl Von Hund dans les Hauts grades, décède le 1 aout 1756.

GPIO GLLR : Lettre de Ernst-Johann-Georg Schmid à Carl Gotthelf, Freiherr von Hund und Alten-Grotkau du 17 octobre 1755 GPIO GLLR : Lettre de Ernst-Johann-Georg Schmid à Carl Gotthelf, Freiherr von Hund und Alten-Grotkau du 17 octobre 1755 GPIO GLLR : Lettre de Ernst-Johann-Georg Schmid à Carl Gotthelf, Freiherr von Hund und Alten-Grotkau du 17 octobre 1755 GPIO GLLR : Lettre de Ernst-Johann-Georg Schmid à Carl Gotthelf, Freiherr von Hund und Alten-Grotkau du 17 octobre 1755
GPIO GLLR : Lettre de Ernst-Johann-Georg Schmid à Carl Gotthelf, Freiherr von Hund und Alten-Grotkau du 17 octobre 1755 GPIO GLLR : Lettre de Ernst-Johann-Georg Schmid à Carl Gotthelf, Freiherr von Hund und Alten-Grotkau du 17 octobre 1755 GPIO GLLR : Lettre de Ernst-Johann-Georg Schmid à Carl Gotthelf, Freiherr von Hund und Alten-Grotkau du 17 octobre 1755 GPIO GLLR : Lettre de Ernst-Johann-Georg Schmid à Carl Gotthelf, Freiherr von Hund und Alten-Grotkau du 17 octobre 1755
GPIO GLLR : Lettre de Ernst-Johann-Georg Schmid à Carl Gotthelf, Freiherr von Hund und Alten-Grotkau du 17 octobre 1755 GPIO GLLR : Lettre de Ernst-Johann-Georg Schmid à Carl Gotthelf, Freiherr von Hund und Alten-Grotkau du 17 octobre 1755 GPIO GLLR : Lettre de Ernst-Johann-Georg Schmid à Carl Gotthelf, Freiherr von Hund und Alten-Grotkau du 17 octobre 1755 GPIO GLLR : Lettre de Ernst-Johann-Georg Schmid à Carl Gotthelf, Freiherr von Hund und Alten-Grotkau du 17 octobre 1755
Lettre de Ernst-Johann-Georg Schmid à Carl Gotthelf, Freiherr von Hund und Alten-Grotkau du 17 octobre 1755.
Archives de Copenhague

Transcription :

Très Révérendissime Très Haut et très Magnanime Seigneur et frère.

Je supplie très humblement que votre grandeur me veuille pardonner que je n’ai pas plutôt répondu à la dernière que je réunis en réponse sur le différent entre moi et le Gr. Com. De Vathenau. Comme je souhaitai de vous faire part comment cette affaire seroit aplanie, je me crois obligé d’attendre jusqu’à ce que je puisse vous mander quelque chose de certain sur la réussite des moyens que V. G. a eu la grâce de me fournir. Je me suis donc, conséquemment à vos salutaires conseils, adressé au Chevalier de l’Etoile, pour faire usage de médiation dans une affaire où il peut beaucoup et si je ne me trompe pas, où il peut tout. Dans cette vue je n’épargnois rien pour le gagner. Flatterie, contestations, représentation du bien qu’il feroit à l’Ordre, tout y a été employé : ce qui a produit qu’il ne ma pas désisté de ses bons offices, par lesquels il a entièrement terminé ces fâcheux différents.

Le Commandeur de N…au a reconnu le tort qu’il avoit eu dans cette affaire et à promis de visiter les loges comme auparavant, demande sur laquelle j’étois le plus, considérant les suites que pouvoit avoir une résolution que ce Commandeur avoit prise dans la fougue de son premier dépit et qu’il avoit exécuté si malheureusement à l’installation de la nouvelle loge. Je suis donc pleinement satisfait de la façon, comme il s’est accommodé et je ne lui ferai jamais sentir en aucune manière, comme si je n’eusse pas oublié l’effet de son impétuosité. Je sais trop bien dénoter l’intérêt public avec celui de ma personne pour me prêter aisément à une démarche que le bien de l’ordre et celui de mon Chap. demandent mutuellement. Plut à Dieu que mes frères le sussent aussi ! Mais jusqu’ici je fais tous les jours d’épreuves par où je vois que cette façon d’agir est pour eux un chemin difficile où ils bronchent à chaque moment. Dans une lettre à la magnificence le Prieur je me suis étendu en long sur ce chapitre, et comme je ne doute pas qu’il l’aura montré à Votre Grandeur je me dispense de le répéter.

Il y a d’autres points dans la lettre de V.G. qui demandent de la réponse porteront le leur, pour vous fatiguer d’une lettre assez longue. Quelle obligation ne dois-je pas à V. G. des témoignages gracieux que je trouve à chaque page. Je n’y vois qu’un homme plein d’humanité qui parle en ami sur mes fautes, sur lesquelles il pouvoit me corriger en supérieur, et dont je me sens coupable. Je ne cède point à V. G. que je m’accuse moi-même de ne m’avoir pas toujours assez prêté à mes frères, qui en même temps se disent mes amis et sous ce titre font prétention à mon entière confiance. Aussi en m’accusant de cette faute, je me prends aussi la liberté d’assurer V. G. que ce n’a pas été par orgueil me pensant supérieur à eux, non plus par un mauvais usage de mon autorité. La force d’un naturel malheureux, qui m’entraine à la réserve a été la source d’une conduite que je reconnois pour équivoque et choquante. Le même penchant m’empêchant de gouter les charmes les plus doux de l’amitié.

Avec un grand fond de tendresse et de droiture je ne me livre jamais par cette réduisante faiblesse qui nous entraine vers nos amis, par cet invincible transport qui fait que nous déployions dans un sein dont nous connaissons la sureté. Si je fais donc des confidences c’est à propos délibéré et pour ainsi dire en forçant le naturel.

Vous pouvez bien croire que ce mouvement forcés se font aussi peu qu’il soit possible. Pour guérir d’un faible sur lequel je passe condamnation, il me faudroit un ami qui avec beaucoup de sentiments d’humanité, auroit éprouvé lui-même les passions aux quelles nous sommes sujets, à qui l’usage du monde auroit donné l’heureux don d’être un censeur aimable, qui dans la plus grande cordialité ne se dispense jamais de ces petits égards que la politesse et l’art de plaire nous prescrivent de temps en temps. En écrivant ceci, peu s’en faut que je ne craigne d’avoir l’apparence de faire un peu trop le délicat, sur une rencontre qui ne dépend guère de nous. Pourtant considérez, Seigneur, que de grands maux demandent des remèdes singuliers, et vous aurez la grâce de m’accorder que je n’ai pas tout à fait tord. Malheureusement je suis en liaison avec des gens qui font le contraste du modèle que je viens de peindre. L’un est un esprit sec qui ne connoit que des vérités bonnes pour être calculées, mai non pas pour être senties, qui prône des sentiments dont il a fait provision, par une lecture à laquelle il s’attache plutôt par vanité que par gout. L’autre est un esprit borné, brusque d’humeur ou d’éducation, le métier, et le genre de vie qu’il mène conspirent à étouffer tout ce que la nature lui a prêté de sentiments ; qui confine son excellence aux bornes étroites de son métier. Un autre est un esprit faible, qui n’a que peu ou plutôt point de sentiment que conformément à celui auquel il veut faire plaisir d’une manière servile, en quoi il fait consister un grand art de plaire. Jugez Votre Grandeur, si des gens tels que je les connois me guériront d’un défaut enraciné. Je n’accuse pourtant pas la fortune, comme une marâtre qui m’ait ôté tous les miens pour revenir de mon mal. Grace au ciel ! il y a encore pour moi des cœurs sur lesquels sur lesquels j’ai pris mon modèle, qui pourroient me faire revenir s’il n’y avoit plus qu’une sorte d’éloignement qui m’empêchoient d’en faire l’usage devisé.

Telle est la confession générale que j’ai du faire tant pour mon repos, que pour satisfaire à l’impression que vos réflexions sensées ont fait sur moi V. G. la pardonnera et fera grâce à mon entretien qui en parlant trop de moi, semble déroger au profond respect que je vous dois. Prenez le pour une marque que je ne suis pas ingrat aux sentiments que vous me portez. Pénétré d’eux je tâcherai de témoigner à Votre Grandeur ma vraie gratitude, en me conformant exactement aux règles qu’elle a eu la grâce de me donner. Faible copie d’un modèle au quel je ne saurois atteindre, je rédigerai en maximes un avis que l’excellence de votre cœur m’a cru nécessaire, tant pour le bien de l’ordre, que pour mon propre contentement.

e ne suis pas en état d’exprimer à V. G. la sensibilité, dont m’a saisi le zèle que le Chev. du Scrorpion à montré à l’ordre dans l’approche d’un terme où le masque tombe ordinairement et où des sentiments prêtés s’évanouissent.

La nouvelle m’a paru trop intéressante pour n’en pas faire part à mes frères qui ont été émus d’une façon signe de l’action. Ai-je tort V. G. si je vis que ce sont les restes d’une religion qui est plus faite pour notre système que celle que nous professons. Un catholique est né pour ainsi dire avec l’esprit de l’ordre : Dès l’enfance il reçoit des impressions de ce que signifie l’obédience dans le langage des ordres que la coutume et la religion lui fait envisager comme respectable ; enclin à différentes sortes de vœux, que sa foi lui dicte, il est prêt à observer toute obligation dont vous lui aurez démontré la sainteté. Ce son des sentiments auxquels le Chev. de l’Etoile ne se prête pas si aisément, qui est prévenu contre les Catholiques sans les connaitre, n’ayant pas eu l’occasion d’être parmi eux. Si je ne me trompe sa Magnificence les goutera non plus.

V. G. aura la bonté de me montrer s’il y a du tort dans cette opinion, afin que je puisse revenir d’une erreur, dont je ne me désisterai qu’après votre jugement. Je suis si hardi de joindre la lettre, que j’ai écrite par vos ordres au Chev. du Scorpion, pour lui faire tenir par vos mains. Je lui écris en latin, qui lui est le plus familier.

Le Chev. du Cygne (ou le [Capis. d’Elbée]) a été me voir il y a 8 jours en passant par ici à Paris, où il séjourna pendant l’hiver. Comme il n’a pas été à Dresde après sa sortie de Koenigstein il n’a parlé à aucun de nos frères. Il semble avoir encore la même estime pour notre ordre, que V. G. lui a elle-même remarqué l’hiver passé. Il m’a chargé de vous témoigner ses inviolables respects et de vous prier des recommandations pour lui à une loge frère. Pour cette raison il m’a laissé son adresse que j’enverrai à V. G. au premier commandement, si elle ne juge pas faisable de me charger de ses lettres.

Il y plus qu’un mois que j’ai écrit à V. G. avec une grande […] de Bayreut. Je suis dans une pénible inquiétude que cette lettre ne soit perdue.

Je suis avec le plus profond respect de Votre Grandeur.

De N…
Le très humble et très obéissant et très dévoué serviteur et frère George Chevalier de la Colonne.
Ce 28/17 d’octobre 442/1755

Sources : Archives de Copenhague ; René le Forestier : La franc-maçonneire Templière et occultiste, Editions Arché Milano, 2003 ; André Kervella : Le Barron de Hund et la Strcite Observance Templière, Editions La Pierre philosophale, 2016 ; André Kervella : Hund en lumière, La Stricte Observance Templière décodée, Les Editions de la Tarente, 2020

Des Rituels de la Stricte Observance de 1752
aux rituels « des Loges réunies » de 1772.

En préliminaire il ne faut jamais perdre de vue que le système templier maçonnique serait introduit dès 1730 en Allemagne dans une Loge d’Umwurden où serait initié un certain Kesser Von Sprengeisen, homme qui est l’auteur de l’ouvrage L’Anti Saint Nicaise. Ce Chapitre templier fonctionnerait de 1730 à 1740 en Haute Lusace.

En liminaire ne perdons pas de vue que, selon certains auteurs, les rites templiers viendraient de France mais que d’autres comme Meunier de Précourt leur confirme une origine allemande.

Mais en tout état de cause en 1749 : H.G. de Marshall introduit la maçonnerie templière dans la Loge de Naumburg, Von Hund fait de même à Kittlitz avec les rituels d’Umwurde.

Les premiers rituels de Stricte Observance sont écrits par le Chevalier du Phénix Ressuscité. Dans une lettre adressée à Von Hund datée du 26 octobre 1752 il évoque les rituels qu’il a terminé et qu’il désire lui présenter pour avoir son accord. Dans cette lettre il invite Von Hund à venir à Naumburg, Loge déjà citée précédemment.

De 1752 à 1754 : Von Hund avec l’aide du Chevalier à la Colonne, du Phénix Ressuscité, des Frères Schmidt et Von Tanner travaille à la création de rituels templiers propres à sa vision templière. Les rituels de 1752 ne sont guère modifiés, quelques changements mineurs seulement font ce qu’il est convenu de nommer Le rite de Stricte Observance Templière.

Lors du Convent d’Altenberg en 1764 on décide que désormais le système prend le nom de « Stricte Observance », nom inventé par Johnson mais approprié par Von Hund pour les uns. Pour d’autres, comme Le-Forestier, cette appellation serait déjà inventé par Von Hund lors de la création de la Loge de Kittlitz.

Les autres maçonneries prennent alors le nom de Late Observance, ou observance relâchée.

Les rituels crées par l’Eques a Colonna et l’Eques du Phénix Ressuscité sont adoptés, rituels des quatre premiers grades venant de France et remis à l’ordre du jour « continental ». Le grade de Novice est créé car il n’existe pas en Chevalerie équestre templière et le dernier grade de Chevalier du Temple est issu simplement des rituels des chevaliers teutoniques presque in extenso.

N’oublions pas de même, la preuve nous est donnée par les planches représentant des tabliers « alchimiques » de la Stricte Observance en 1760, l’importance de l’alchimie car à Altenberg on propose de faire figurer les « travaux alchimiques » dans le programme de la Stricte Observance. Les dénommés Docteur Jaenish et Rosa pensent alors que le vrai but de la franc-maçonnerie est l’alchimie et que cela doit remplir les caisses de l’Ordre sans avoir recours à un plan économique. Le 1 Juin 1764 le Grand Chapitre va même jusqu’à envoyer à tous ses membres un Pro Memoria contenant la description de la transmutation des métaux et la préparation de différents fondants afin de remplir les caisses de l’Ordre. Au vu des résultats négatifs des travaux, en novembre 1765 cette idée est totalement abandonnée afin de se concentrer sur des travaux plus spirituels.

Lors du convent de Kohlo en 1772 des changements importants s’opèrent au sein de la Stricte Observance de 1764.

Le nom de Stricte Observance est créé et utilisé par l’Ordre à compter du convent d’Altenberg. Ce nom est alors officiellement abandonné, bien qu’utilisé encore dans certaines Loges, sur le motif suivant : Parce qu’elle contredit la tolérance mutuelle et l’amour fraternel qui sont censés s’établir entre les Francs-maçons ; Il nous fallait abandonner cette appellation de Stricte Observance!

L’appellation de l’Ordre devient ainsi : « les Loges Ecossaises Réunies ».

Johan August Stark obtient que les rituels soient revus et remaniés sous le regard des Clercs du Temple. Ce sont les rituels d’Apprenti, Compagnon et de Maître qui sont ainsi remaniés, les rendant moins proches de la religion naturelle mais plus proches de l’église catholique (Jésuites). Les autres rituels de Maître-Ecossais, Novices et Chevalier du Temple ne sont point touchés. On créé la dignité de Chevalier Profès et le septième grade dit de la Seconde Profession.

La notion de Chevalerie est chère à Von Hund car les rituels proviennent des armements des Chevaliers teutoniques ou Porte-Glaive, d’où la question de la transmission templière. Pour mémoire rappelons que Carl von Hund tente de se rapprocher de l’Ordre de Sion en 1764, sans effet positif.

Le tapis de Loge des premiers et deuxième grade sont confondus et l’idée est quelque peu modifiée. Je vous invite à comparer les rituels de Lyon (1778) et ceux d’Altenberg. Vous y verrez des changements précis : le nombre de tour de Loge au moment de la réception, placement des flambeaux, etc.

Nous avons connaissance des modifications des trois premiers grades par les rituels que Von Weiler apporte à Lyon en 1774 et qu’il a transmet à Jean-Baptiste Willermoz.

Ces rituels déposés à Lyon sont écrits de la main de Jean-Auguste Starck. Ainsi lors du Convent de Lyon en 1778, Jean-Baptiste Willermoz utilise les rituels de l’Ordre des Loges Réunies de la « Stricte Observance » et il ne crée donc pas les premiers rituels du Rite Ecossais Rectifié à cette occasion. Ce n’est qu’n 1782 à Wilhemsbad qu’il présente des nouveaux rituels lors du convent.

Mais les rituels de l’Ordre ne sont plus modifiés.

Certaines Loges d'Allemagne adoptent le Rituel Ecossais Rectifié (L’union de Francfort et la Bienfaisance de Vienne.)

Mais les autres continuent de faire vivre le Rite de Stricte Observance de Kohlo. Ce rituel plus conforme à l’esprit des anglais cohabite longtemps avec le rite Anglais avant de disparaitre à Brême en 1806 selon les derniers documents découverts.

La Stricte Observance en 1764
Influences religieuses et civiles

Nous sommes en 1764 juste au début d’une nouvelle ère après la guerre de sept ans. La guerre de sept ans (1756-1763) est un conflit majeur, le premier à pouvoir être qualifié de « guerre mondiale. » Elle mêle de façon conséquente les grandes puissances de l'époque, regroupées dans deux ensembles d'alliances antagonistes, se déroule simultanément sur plusieurs continents et théâtres d'opérations, notamment en Europe, en Amérique du Nord et en Inde.

Le système de la Stricte Observance naît le 24 juin 1751 avec la création par Carl Gotthelf von Hund, Eques ab Ense, d’une Loge à Kittlitz, suivie de celle d’un Chapitre. La guerre de sept ans en arrête le développement mais celui-ci reprend dès la fin des hostilités.

Dès 1751 l’Allemagne en guerre est alors « interpellée » par le « renouveau du piétisme » dont le symbole est la « secte des Frères Moraves » secte religieuse, secte condamnant la seigneurie et le servage, demandant l’égalité sociale et une justice sociale, demandant une application rigoureuse des évangiles, dispensant des discours sur l’homme comme : le chrétien doit vivre hors de ce monde, demeurant un hôte sur terre et un étranger ici-bas, pratiquer la tolérance et ne devant désespérer de personne. On peut légitimement penser que la maçonnerie des Illuminés de Bavière est dans le droit fil de ces idées.

Mais le piétisme est une façon de penser très proche du luthérianisme. Pour lui le refus du monde et de ses tentations est le signe d’une véritable recherche spirituelle. C’est ainsi que sont constituées des « collégia pietatis » où les chrétiens se réunissent souvent pour des lectures de dévotion et des échanges spirituels. De nombreux feudataires y sont associés et ont l’habitude de travailler sur la Bible et des échanges spirituels. Les Loges spiritualistes maçonniques ne font en Allemagne que poursuivre un chemin déjà tracé vers la spiritualité et la connaissance précise des textes de la Bible.

Ce piétisme nouveau se tient à mi-chemin entre « l’église des saints » et les mouvements religieux opposés à cette idée chez les « réformés ». Dans la mouvance catholique l’église montre de grands signes d’inquiétude. Au vu de ces différents mouvements l’église est inquiète et pense au schisme qui risque de se produire entre, et plus fortement, les chrétiens en Allemagne et ont même peur de disparaître.

C’est dans ce cadre que les francs-maçons allemands évolent avec des attitudes de tradition et d’Ordre, pensant que les vraies traditions peuvent permettre de surmonter ces incertitudes et leur désir de renouer avec une véritable tradition est grand. Pour eux la vraie tradition est « la science de l’homme » c’est-à-dire la connaissance de son origine et de sa destination.

Ainsi pour ces francs-maçons, la franc-maçonnerie vulgaire, c’est-à-dire sans hauteur spirituelle est une branche détachée et peut-être corrompue d’une tige ancienne et respectable. Alors, comment ne pas se tourner vers les modèles laissés par les templiers et leur organisation ?

Il est vrai que pour certains maçons de nos jours la notion de « christianisme primitif » est une manière de s’accommoder des prescriptions trop précises de certains rituels dits rectifiés et d’en faire une sorte de « machine de guerre antireligieuse ». Mais il n’en est point ainsi au XVIIIème siècle. Les francs-maçons de l’époque pensent donc que la spiritualité est ce qui permettait de réunir les maçons entre eux, au-delà des divergences théologiques des confessions chrétiennes. Le grand leitmotiv de ce christianisme primitif est résumé dans l’adage : Aime ton prochain comme toi-même.

Ce type de préoccupation est un courant de pensée allemand très ancien, illustré par les dénommés Spenser et Arnold. Pour les tenants de Spenser, issu du mouvement des collégia pietatis l’objectif est l’imitation des premiers chrétiens. Pour les tenants d’Arnold on aspirait à revenir à une église primitive comme moyen de régénération de la chrétienté. CE sont des partisans d’une église ressemblant à celle des premiers siècles de notre ère sans les choses temporelles et séculières déformant la spiritualité religieuse. Leur direction de pensée devient ainsi de plus en plus anticatholique.

L’attitude des maçons catholiques se rapproche très souvent de celle des protestants désirant que l’église revienne à son statut évangélique sans plus et ainsi pour eux il n’y a plus de risque de confusion entre le domaine religieux et le domaine initiatique. Cette idée fait naître deux courants :

Le premier est le refus de toute église ou d’une église non liée à des dogmes ou à des rites spéciaux désirant ainsi créer une sorte de « pépinière du sacré », libre de toutes influences. Le cœur du chrétien est la véritable église. Une autre attitude existante au sein de la maçonnerie allemande de l’époque n'est pas de refuser l’église mais plutôt de tendre vers sa régénération. Leur intériorité n’est pas une fin en soi-même, c’est une nourriture particulièrement adaptée pour une sorte de « traversée » du désert à laquelle succéde une « effusion de l’esprit ». Il doit donc y avoir un rapprochement des différentes formes de pensée chrétiennes, globalement on peut parler de « christianisme transcendant ». Cette notion apparait d’ailleurs déjà dans les discours de Ramsay : « Les vraies religions » forment un pan christianisme puisque la vérité est une et qu’elle vient de l’esprit de vérité ». Ce christianisme transcendent doit permettre une révélation par excellence, achevant et perfectionnant les traditions et les révélations. Cette façon de penser devient un mélange de pensée platonicienne, de philosophie hermétique et d’origénianisme, le tout souché sur une base chrétienne. Ainsi la franc-maçonnerie n’est pas une pierre d’achoppement ni une pierre de contradiction.

Il ne faut jamais perdre de vue que les plus anciennes traditions maçonniques sont chrétiennes, donc nous n’avons pas à nous justifier de pratiquer la maçonnerie d’origine et de ne pas participer aux tentatives de déchristianisation des rituels ou de la société. N’oublions pas non plus que nous reconnaissons le caractère universel du symbolisme constructif et le message qu’il véhicule. Certes nous possédons des règles mais celle-ci ne sont pas des principes d’exclusion mais bien un principe d’union avec le monde. L'Ordre n’a jamais eu comme but la restauration d’aucun culte et ses légendes historiques n’ont qu’un caractère symbolique et n’impliquent nullement l’attachement à un dogme tel qu’il soit. Et même si nous allons plus loin, la présence de la Bible dans les Loges n’est qu’un livre religieux mais qui contient l’ésotérisme ancien expliquant l’origine de la vue sur terre. Si nous poursuivons encore cette idée la portée des travaux spirituels dépasse la portée exotérique de leur contenu et nous n’abordons toujours que la partie spirituelle cachée dans la partie externe de nos travaux. Si nous regardons de près une partie du recès de Wilhemsbad nous trouvons cette citation : Nous avons résolu de déclarer comme nous déclarons et protestons que l’unique but de notre association est de rendre, ainsi que chacun de des membres recommandables et utile à l’humanité par l’amour et l’étude de la Vérité, par l’attachement très sincères à nos dogmes, devoirs et pratiques, ce dans le sens le plus étendue...

Le domaine initiatique est bien différent du domaine religieux et le fait d’appartenir à une « confession chrétienne » n’implique aucunement une confusion dans l'esprits entre le domaine initiatique et religieux. Nous suivons ainsi un principe universel de toute maçonnerie de tradition : L’appartenance à une confession chrétienne ne témoigne aucunement une confusion à titre personnel. Il s’agit d’un principe fondamental dans toute tradition régulière, qui veut que l’entrée sur une voie initiatique n’autorise personne à se soustraire aux règles de portée générale dénommées ailleurs exotérisme qui concernent tous ceux qui vivent à l’intérieur de la tradition considérée. (Jean Saulnier)

Si nous reprenons les propos de René Guenon sur ce point : L’exotérisme, bien loin d’être rejeté doit être transformé dans une mesure correspondante au degré atteint par l’initié puisque celui-ci devient de plus en plus apte à en comprendre les raisons profondes et, par la suite, ses formes doctrinales et ses rites prennent pour lui une signification beaucoup plus réellement importante que celle qu’ils peuvent avoir pour le « simple » exotériste. C’est pour cela que le caractère chrétien de la maçonnerie « dite rectifiée » correspond bien à la fonction traditionnelle et universelle de l’Ordre et se situe dans la régularité française définie en dernier lieu d’ailleurs en 1813. Cette idée se retrouve chez Jean Baylot : Crée dans l’attachement à la foi chrétienne, imposant à ses membres cette foi, recueillant leur serment sur les évangiles, la maçonnerie française à la fin du XVIIIème siècle était à l’opposé de l’athéisme, voire même du rationalisme.

En ce début d’un nouveau siècle que l’on espère « spirituel » aucune progression dans la voie d’une maçonnerie traditionnelle ne peut être envisagée sans une étude sérieuse des causes profondes du changement d’orientation d’une si large frange de la franc-maçonnerie française en ce qui concerne le caractère chrétien de l’Ordre.

Oui l’Ordre est chrétien comme le dit un rituel du rectifié et notre attachement à la religion chrétienne n’est pas de l’ordre des églises constituées, dogmes religieux, mais un attachement très fort aux valeurs véhiculées d’amour et de compassion. Pour nos anciens pères fondateurs les saintes écritures n’ont jamais contenu des dogmes, le Christ n’ayant d’ailleurs jamais laissé derrière lui un seul écrit personnel. Le but était bien d’exhorter tout chrétien à travailler sur lui-même, à renouveler l’alliance et à redécouvrir la Jérusalem céleste qui lui est intérieure avec comme finalité peut-être une réintégration, une réintégration dans l’état qui a précédé la chute de l’homme compensant alors la disparition des hiérarchies spirituelles, politiques et sociales de l’époque.

La maçonnerie « rectifiée » a subi ainsi de nombreuses influences dès le début du XVIIIème dans la rédaction des rituels d’où il ressort que l’idée de s’appuyer sur une trame templiere n’a pas d’autre sens que celui d’une quête de spiritualité intérieure au-delà des dogmes d’églises. La grande idée de cette maçonnerie traditionnelle est de rechercher Dieu et d’atteindre une certaine perfection morale et spirituelle. La recherche des fondateurs de trouver la spiritualité « divine » est très grande et il n’y a qu’à voir leur demande de rituels plus spirituels comme ceux des grades sacerdotaux de Gogunos ou Starck agrée au Convent de Kohlo de 1772 pour mieux s’en séparer d’ailleurs en 1776, jugeant ces rituels non conformes à une ascension personnelle de spiritualité et trop catholique. De ces nombreuses influences ne perdons pas de vue une des clés du piétisme qui permet de comprendre la valeur et la portée des rituels : Pour s’élever spirituellement il faut avoir connu une lutte intérieure comprenant une phase de désespoir pour mieux s’élever en ayant combattu nos propres démons. (voir nos rituels de réception). Il existerait ainsi en nous des entités intelligibles dont le contenu est totalement extérieur aux contingences de nos expériences dites sensibles, voire concrètes. Il faut alors entendre par « entités » les concepts, les idées, les nombres, la logique voire le conceptualisme.

Cette recherche de spiritualité est depuis toujours le moteur des promoteurs de la Stricte Observance. C'est une recherche permanente et l’on voit même une influence de Swedenborg apparaître fortement pour la naissance du septième grade de Stricte Observance. Le traité de la relation qui subsiste entre le spirituel et le matériel dans Du commerce de l’âme et du corps d’Emmanuel Swedenborg le montre fortement : cette théorie fait découvrir trois influences sur le commerce entre le corps et l’âme : l’influence physique soit le monde des apparences et des illusions des sens, l’influence spirituelle soit l’ordre et ses lois, et l’harmonie préétablie soit les illusions et les lueurs trompeuses de la raison, car l’esprit dans l’opération agit en même temps que le corps, en harmonie.

Les connaissances surnaturelles sont donc le but premier de leurs travaux et surtout de leurs espérances et ils pensent que rien ne peut empêcher l’homme de se mettre en communication avec le monde spirituel par des travaux spéculatifs et ainsi d’avoir une sorte de liaison avec les esprits. Faut-il continuer à déchirer en deux la tunique du Christ ? ou celle de saint Martin ?

La classe des Alchimistes
au sein de la Stricte Observance.

Cette classe des alchimistes porte également le nom de « classe des laborantins ».

En plus des sept degrés de la Stricte Observance un degré d'alchimiste est introduit pour les Frères qui souhaitent se consacrer au travail alchimique des ordres intérieurs. Ce degré reste caché des sept premiers grades de la Stricte Observance.

Rite de Stricte Observance : Plan de la salle des grades alchimiques
Plan de la salle des grades alchimiques

Ce document apparait dans la littérature consacrée à la Stricte Observance et il en existe des représentations picturales dans les archives consacrées à la Stricte Observance de Copenhague. On peut supposer son existence réelle, même si ce degré est probablement très insignifiant et à peine exploité.

Le travail « alchimique » semble donc se poursuivre dans les hauts grades mais en dehors d’un « cursus maçonnique » habituel. Ainsi dans les rangs de la Stricte Observance le travail alchimique se poursuit, mais sans qu'il soit intégré dans un certain degré de connaissance, voire même placée au-dessus du dernier degré de connaissance.

Au vu de cette représentation lors du travail en laboratoire alchimique les Frères portent un habit et un tablier et ils opèrent donc selon des instructions rituelles en tenue maçonnique. Dès 1754, les Frères de la Loge de Naumburg se réfèrent aux sources présumées de l'immense richesse des templiers à l'époque historique, ce qui pousse le chapitre provincial du 12 mars 1755 à édicter ce qu'on appelle les Règles de conduite des Frères qui veulent se consacrer au travail chimique - c'est-à-dire alchimique - dans l'intérêt de l'Ordre.

Dans le corps de ces règles de conduite, l'instruction, composée de neuf articles, consiste à créer une nouvelle classe au sein de l'Ordre, avec des privilèges sur les autres Frères. Toutefois, ils sont tenus de mettre toutes leurs connaissances exclusivement au service de l'Ordre. Les Frères intéressés sont soigneusement examinés et sélectionnés en fonction de leurs connaissances en chimie et en physique et on leur demande un engagement total dans leur travail. Ces techniciens de laboratoire travaillaient sans faire appel au mysticisme, mysticisme pratiqué jusqu'à présent par les adeptes de l'alchimie et surtout sans les influences des étoiles, sans la philosophie arithmétique ou même sans une prise de pouvoir spirituel au-delà du septième grade.

GPIO GLLR : Planche représentant des tabliers « alchimiques » de la Stricte Observance en 1760 GPIO GLRLR : Planche représentant des tabliers « alchimiques » de la Stricte Observance en 1760
Planches représentant des tabliers « alchimiques » de la Stricte Observance en 1760

Au vu de la représentation des tabliers provenant des fonds d’archives maçonniques de Copenhague, au vu de leur présentation picturale, il semble que le tire de « Docteur en Chimie » indique un grade « pratique » de connaissances alchimiques et que ce travail de la pratique de l'alchimie dans les rangs des Frères de la Stricte Observance est considéré comme une forme intermédiaire se situant au-delà des grades symboliques.

Il est vrai que ce degré ne se trouve pas dans les archives de Copenhague en sa forme rituellique mais au vu des « représentations picturales » laissées et conservées on ne peut guère douter de son existence puisque les personnes représentées portent évidemment vêtements rituéliques comme le tablier et le chapeau haut.

Rite de Stricte Observance : Salle de travail des Alchimistes en 1770
Salle de travail des Alchimistes en 1770

Lors du Convent d’Altenberg de 1764 la Stricte Observance propose de faire figurer les « travaux alchimiques » dans le programme « officiel » de la vie de l’Ordre. Les dénommés Docteur Jaenish et Rosa pensent alors que le vrai but de la franc-maçonnerie est l’alchimie et que cela devrait remplir les caisses de l’Ordre sans avoir recours à un plan économique. Le 1 Juin 1764 le Grand Chapitre va même jusqu’à envoyer à tous ses membres un Pro Memoria contenant la description de la transmutation des métaux et la préparation de différents fondants afin de remplir les caisses de l’Ordre. Au vu des résultats négatifs des travaux, en novembre 1765 cette idée est totalement abandonnée afin de se concentrer sur des travaux plus spirituels lors de la pratique des sept premiers grades.

Pourquoi entrer en maçonnerie en 1764 ?

Pratiquer un rituel de 1764 en 2020 est-ce une gageure ? En 1764 la vie avait ses façons de fonctionner : travail, religion, vie sociale etc...Sommes-nous voués à n’être que des débuts de vérité comme disait René Char ou devons-nous chercher une vérité « plus élevée » ? La vérité est-elle de tous temps ou la Vérité n’existe-t-elle qu’au travers de toutes les vérités ? Pour le comprendre tentons de trouver ce qui faisait « le succès » des rituels maçonniques de l’époque dans leur pratique.

  • 1745 : Le sceau rompu :

    Le but du postulant est « l’Amour de la Vérité », il veut vaincre ses passions, soumettre sa volonté et faire de nouveaux progrès en Franc-maçonnerie », oui en ... Franc-maçonnerie. Etant dans les ténèbres ; il voulait Voir la lumière. Devenir maçon faisait de l’impétrant un « maçon de théorie » c’est-à-dire qu’il devait avoir une bonne morale, des mœurs épurés et se rendre agréable à tout le monde. On est loin de l’empathie actuelle, ou hypocrite voire égoïsme de notre époque. L’altruisme était bien alors une vertu à laquelle on aspirait. Les maçons recevaient la Lumière du MIDI avec l’instruction. Ils travaillent du lundi matin au samedi soir avec Zèle, Ferveur et liberté. Ils devaient de plus travailler dans le silence, le secret, la Prudence, la Charité entre frères et éviter la Calomnie et la médisance, deux états d’être qui n’existent plus chez certains maçons de nos jours. Mais les maçons de 1745 ne cherchent pas ce qui a été perdu soit la parole du maître, celle d’Hiram car elle a été retrouvée grâce à la maçonnerie.

  • 1747 : Les francs-maçons écrasés :

    A la question posée : Où allez-vous ? il était répondu : Au bien, au vrai et à l’utilité.
    Et à la question suivante : Qui le montre ? il était répondu : Une lumière qui ne s’éteint point, la Lumière du Grand Architecte.
    Et à la question : D’où vient l’aveuglement ? il était répondu : De la faiblesse, de la volonté et de l’ignorance.
    La lumière reçue en loge était alors de couleur argent, référence au fil d’argent de l’Apocalypse de Jean certainement. Le but du maçon était de servir les ouvriers dans un temple de la vérité. La définition du Maître en 1747 caractérise le « vouloir » de l’impétrant : Je vous tuerais et vous ressusciterais avec les armes de l’amour, l’apparence de la fureur et l’apparence de l’amour.

  • 1748 : Nouveau catéchisme des maçons :

    Dans le « nouveau catéchisme des maçons » de la franc-maçonnerie de 1748 nous trouvons des détails fort intéressants ou instructifs. La notion de Jakin est délivrée dès le premier grade, mot traduit alors par : Ma force est en Dieu . Le but d’entrer en maçonnerie était de vaincre ses passions, soumettre sa volonté et faire de nouveaux progrès en franc-maçonnerie. L’impétrant était reçu car il était dans les ténèbres et avait voulu voir la Lumière et la chercher. Cette recherche est faite dans le « giron » de Dieu, dans son concept religieux de Foi et de croyance. Il va désirer « répandre » la Lumière et chercher la parole perdue. C’est alors à la maçonnerie de lui donner « des grains à moudre » pour qu’il réalise son « vœu ». Le maçon de 1748 possède et doit posséder trois vertus pour avancer dans sa quête : Le zèle (la craie), la ferveur (le charbon) et la confiance (la terrine), vertus qui lui seront proposé dans le tableau qui sera porté devant ses yeux. Notons au passage l’apparition de la « terrine » qui est chère au Rite Ecossais Rectifié.

  • 1757 : Le maçon démasqué :

    Dans ce rituel est évoqué de façon claire les enfants du prétendant et le rétablissement des Stuarts sur le trône d’Angleterre. Ils y travaillent du lundi matin au samedi soir également avec Liberté, ferveur et confianc. Grâce à la « truelle » ils peuvent cacher leurs défauts pour chercher la Lumière avec la craie, le charbon et la terrine afin de répandue la Lumière.

  • Et en 1787 : Maçonnerie Adonhiramite :

    Dans les recueils de maçonnerie Adonhiramite de Guillemin de Saint Victor, au grade d’apprenti (1787) nous découvrons que le profane vient en maçonnerie pour vaincre ses passions, soumettre sa volonté et faire de nouveaux progrès par l’étude des sciences et la pratique des vertus. Ainsi science et vertus étaient alors reliées. Ils pensaient connaître la Lumière par l’ensemble de la connaissance des vertus. Ainsi ce qui dominait c’était l’exercice des vertus pour atteindre la Lumière. On arrive surtout à profiter des Lumières par le Zèle, le Travail et la Prudence, ce au premier grade. Ces trois vertus n’ont plus très cours de nos jours en 2020.
    Pour nos anciens de 1787 « la force est en Dieu ». Ils ne rejettent en aucun cas l’aspect déiste de leur rite et leur « croyance » en Dieu.
    Dans le grade suivant il est dit : recevoir vos ordres et profiter de vos lumières et se réunir pour être instruit dans l’art Royal en se livrant à l’étude des sciences. L’apprenti de ce temps-là comprenait rapidement qu’il n’était pas le centre du monde et qu’il devait respecter ses anciens qui eux pratiquaient l’étude des sciences. L’étude des sciences est bien le pivot de l’investissement en maçonnerie.
    Le Maitre, quant à lui devait tracer des plans qui devront servir d’exemple aux compagnons. Pour ce faire il fallait user de Zele, Ferveur et Constance. Voici deux nouvelles vertus dans leur parcours.
    Mais pour avancer il leur fallait « la clé » qui devait ouvrir les portes de la perfection et aller vers l’espérance de devenir « Parfait ».

Le maçon de 1764 ne devait être ni athée stupide ni libertin irrévérencieux. La franc-maçonnerie de l’époque ne se substituait pas à la religion que chacun professait librement car aucun maçon n’avait à abandonner sa propre religion. C’était le temps de la liberté, de l’acception de l’autre en ce qu’il était et de l’égalité parfaite en esprit entre les hommes.

Pour faire un petit inventaire des qualités maçonniques de l’époque pour faire « un vrai maçon » il devait mettre en pratique ces diverses « vertus » : Zele, Ferveur, liberté, silence, le secret, la Prudence, la Charité, l’amour du bien, du vrai et de l’utilité, la confiance, du travail avec de la constance. Tout cela devait se faire dans l’Amour, sans faiblesse, sans calomnie ou ignorance avec une véritable Volonté de s’élever.

La constante majeure de ces rituels est la Connaissance, la véritable Connaissance par la vertu du travail dans l’amour de l’autre et non le savoir être ou le paraître, C’est là semble-t-il le véritable but de l’homme pour progresser plus encore dans sa quête vers lui-même. Pratiquer des rituels toujours « intacts », sans « modification » n’est pas stupide car cette recherche de sens devient intemporelle et n’a pas de siècles. Tout change autour de nous, tout tourne autour de nous mais le centre est toujours le même, la Connaissance et l’Amour des vérités.

Le convent de Berlin en 1773

Les délégués de la Stricte Observance et des représentants et la Grande Loge d’Allemagne se réunissent du 14 au 19 octobre 1773 à Berlin à l’invitation du Duc Carl Von Mecklenburg-Strelitz, Eques a Applio Purpure.

Les représentants à ce convent sont pour la Stricte Observance le Prince Friedrich August de Brunswick qui en assure la présidence et le Prince Ludwig de Hesse et Von Zinnendorf qui représentent la Grande Loge d’Allemagne.

Pour les deux parties, l'objectif principal de ce Convent est l’idée d’une rédaction d'un traité d'alliance plus qu'une victoire morale de l'une des Obédiences sur l'autre, voire dans le but de soumettre l'autre.

La Stricte Observance souhaite également recevoir à nouveau des informations sur l’origine de la patente et sur la méthode d'enseignement de la Grande Loge d’Allemagne mais cette tentative échoue du fait des réponses évasives apportées par Von Zinnendorf et ce à plus de 30 questions.

Von Zinnendorf à la demande de ses pairs nie la régularité et aussi l’origine du système de Stricte Observance. Contre sa preuve argumentative que la Stricte Observance ne provient pas des Templiers, aucun argument approfondi n'est avancé par les représentants de la Stricte Observance et d'autre part Von Zinnendorf fait référence au fait que les vrais maçons appartiennent uniquement aux Loges qui seraient reconnues par l'Angleterre, mais qui ne s'appliqueraient qu'à la Grande Loge d’Allemagne mais pas à la Stricte Observance. Ces propos crée un grand émoi chez les membres de la Stricte Observance.

Toujours pour Zinnendorf même si dans les trois premiers degrés symboliques et le degré Ecossais, on peut encore discerner une identité presque complète entre le système de Stricte Observance et celui de la Grande Loge, dans les degrés supérieurs les différences sont si graves que toute réconciliation semble impossible.

Quand Von Zinnendorf dit clairement que la Grande Loge ne travaillerait pas sur l'Ordre du Temple, ce qui, selon l'usage linguistique de l'époque, signifie que la Grande Loge ne pratique pas l'alchimie, il est clair pour tous que la Grande Loge cultive une autre branche de l'occultisme, à savoir les différentes formes de la magie.

D'ailleurs, Von Zinnendorf ne donne que des réponses en forme d’énigmes incompréhensibles aux Frères de la Stricte Observance à travers des réponses totalement correctes, qui ne sont compréhensibles finalement que par les Frères de la Grande Loge. C’est ainsi qu’il arrive à éluder 30 questions posées par la Stricte Observance.

La Stricte Observance qui désire un rapprochement va demander que ces deux entités ne reconnaissent qu’un supérieur et patron commun aux deux systèmes. Mais le duc Ferdinand de Braunschweig, Grand Maître de la Grande Loge d’Allemagne rejette l’idée de Von Zinnendorf en disant qu’il a d’abord besoin de l'approbation de la Grande Loge de Londres pour prendre une décision.

Le convent se termine sans aucun résultat réel ni même la trace d'un rapprochement avec des accords dénués de sens, seul un statu quo est fait, combiné à un droit de visite limité des Frères des deux rites, mais s’ils devaient troubler la paix ils seraient punis. L’invitation de participer aux tenues de Loge est réciproque et les deux Grandes Loges doivent communiquer leurs invitations à tous.

Le bilan de ce convent est simple : la tentative de la Stricte Observance d'intégrer la Grande Loge dans son système échoue.

L’acte de renonciation en 1782
lors du convent de Wilhemsbad

1782, l’année du convent de Wilhemsbad, une date très importante dans la vie maçonnerie du XVIIIème siècle.

Ouvert dans le cadre de la Stricte Observance de nombreuses provinces sont représentées : la première, la deuxième, la troisième, la cinquième, la septième et la huitième province de l’Ordre de Stricte Observance. 34 déléguées sont présents. Mentionnons que 17 d'entre eux sont de foi catholique et 17 sont de foi protestantes ; 22 appartenaient à la noblesse et 12 à la bourgeoisie. Dans la représentation par « nationalité » notons la présence de 14 allemands, 9 français, 2 italiens, 2 suisses, 3 hongrois et 1 sanois.

Trois grands courants sont représentés :

  • Le pemier groupe dont le chef de file est Friedrich Schwartz représentent surtout les rationalistes du siècle des lumières, proches des « illuminés » qui demandent le retour à une maçonnerie symbolique chrétienne, une abolition de la légende templière.
  • Le deuxième groupe avec comme chefs de file principalement le baron Dietrich Von Ditfurth, Christian Bode, Adolphe de Knigge sont partisans du courant hermétiste-alchimique et veullent maintenir la tradition templière et son cérémoniel templier conservant toujours « en rêve » la reconstruction de l’Ordre du Temple templier. Ils sont aussi en relation assez étroite avec le système Rose-Croix.
  • Le troisième groupe dont Jean-Baptiste Willermoz est le chef de file représente un courant mystique, spiritualiste et martiniste. Il désire abandonner la référence à l’Ordre du Temple mais en conserver les formes rituéliques chevaleresques. Des « individualistes » rejoingnet également ce groupe avec plus particulièrement Joseph de Maistre et son Mémoire inédit au Duc de Brunswick.
De très nombreux débats ont eu lieu dont celui sur l’acte de renonciation.

C’est au cours de la huitième séance que l’on décide d’abandonner complètement la légende de la filiation à l'Ordre du Temple. On raye ainsi d’un trait les « discours » de Von Hund sur l’origine de l’Ordre et son parcours « maçonnique » et chevaleresques au sein de l’Ordre. On supprime également toutes mentions des supérieurs inconnus. Et par un acte solennel L’acte de renonciation ont écrit : déclarons et testifions que jamais, en aucun cas, nous voulons reconstituer un Ordre du Temple [...] et que nous ne prétendons aucunement à la succession de ses biens d’autrefois.

Si nous regardons de près les termes de cet acte de renonciation nous pouvons nous poser la question suivante : A quoi finalement a-t-on renoncé par cet acte ? Est-ce simplement au désir de restauration temporelle de la Stricte Observance ? En effet nous pouvons constater qu’il n’y a pas d’altération des rites chevaleresques de la Stricte Observance par le Rite Ecossais Rectifié.

Le Rite Ecossais Rectifié transmet bien ce que transmet la Stricte Observance c’est à dire une véritable influence spirituelle, cela permettant d’ailleurs au rite de Stricte Observance de continuer de « vivre » au cœur même du Rite Ecossais Rectifié. Les rituels du Rite Ecossais Rectifié, les instructions, les divers documents existants postérieurs à 1802 ne cessent jamais d’affirmer à l’usage de leurs membres le lien que possède le Régime Ecossais Rectifié avec les ordres chevaleresques en général et du Temple en particulier.

Suite à la question de Salzmann : Qu’est-ce que nous voulons être, ou plutôt qu’est-ce ce qu’il faut que nous soyons ? et la question de Jean-Baptiste Willermoz : Quel pourrait être le système par lequel les divers composants de l’Ordre peuvent être réunis sans danger et de la meilleure façon ?, les débats s’orientent en quelque sorte vers la création d’un nouvel ordre Mmçonnique. Le système « conçu » par Jean-Baptiste Willermoz dit système de Lyon est donc le dessus et oriente les débats vers un renouveau d’Ordre.

La légende templière est donc abolie avec une majorité de 17 voix ainsi que l’abolition de l’organisation structurelle de la Stricte Observance mais à l’unanimité une grande majorité veut tout de même maintenir la signification symbolique de l’Ordre du Temple et les formes chevaleresques. C'est donc une victoire du Duc Ferdinand de Brunswick et de Jean-Baptiste Willermoz.

La question du plan économique

La question du plan économique est également soulevée et il est décidé d’abandonner toute référence à ce plan économique de Von Hund. Von Hund veut-il vraiment récupérer les biens du Temple (immeubles et autres effets) pour son Ordre ? La réalité des études montre bien que ce n'est' pas le cas. Notons que le plan économique conçu par Von Hund aidé en cela par Schubart de Kleefeld eut un immense succès. C’est par des cotisations importantes et variées que selon Von Hund l’Ordre pourrait avoir un prestige et une présence comparable à celui de l’Ordre du Temple.

Les rituels des trois premiers grades sont écrits, la rédaction d’ailleurs confiée à Jean-Baptiste Willermoz pour l’écriture du grade de Maître-Ecossais, à Jean de Turckheim pour celui du grade de Novice et à Virieu pour le grade de Chevalier. Mentionnons que les rituels définitifs ne sont définitifs que vingt-six ans après ce congrès.

Le but principal de l’Ordre est la bienfaisance et le but de chaque franc-maçon doit être « la recherche du Grand Architecte de l’Univers, suivant finalement de façon très claire la formule de Saint Martin : A l’intérieur la recherche de Dieu, à l’extérieur la bienfaisance.

Quelles sont les conséquences de ce convent et de cet acte de renonciation ? Tout d’abord les décisions de ce convent sont tout à fait valables. Le système de Lyon, issu du convent des Gaules de 1778 s’est déjà fortement propagé dans la Stricte Observance en France et se montre comme le système qui remplaçe la légende templière de Von Hund mais, toujours dans chaque grade, une révélation secrète est apportée.

La grande question que nous pouvons nous poser pourrait être la suivante :

Les réformateurs de Wilhemsbad sont-ils trop intéressés par la continuité de la Stricte Observance sous une autre forme et trop peu par la spiritualité intrinsèque nouvelle qui se dégage ?

Jean-Baptiste Willermoz et les siens n’infusent-il pas dans le Rite Ecossais Rectifié, (deux fois rectifié !) les principes qu’enseigne un seul rite maçonnique vraiment construit avec des formes déjà très précises, c’est à dire celui la Stricte Observance, en y fixant le vrai but de l’homme et du maçon avec les voies qui y conduisent ? Et c’est dans la liberté que chaque maçon choisit sa voie en toute connaissance de cause.

Jean-Baptiste Willermoz ne defent-il pas en fait le système de Stricte Observance en l’englobant dans un autre système maçonnique qui à l’étudier de près lui ressemble plus qu’étrangement ?

A-t-on alors encore le droit de penser que « le soyeux de Lyon » est le fossoyeur de la Stricte Observance mais ne serait-il pas plutôt le « régénérateur » d’une Stricte Observance plus proche de son époque et de la « religiosité » qui participait à la philosophie de cette fin du XVIIIème siècle ?

Epervier, Pélican, Phénix, nouvelle signification d’une forme de l’ésotérisme de la Franc-maçonnerie et de sa finalité ?

Des planches

  • ➩ Une devise particulière : « Rebelle mais fidèle »
  • ➩ Foi et Liberté du Maçon : histoire et symbolique
  • ➩ Entre « Eros », « Philia », « Agape » et Etincelle divine, que choisir ?
  • ➩ Un Ustensile : le marteau
  • ➩ De la fraternité
  • ➩ Voyage
  • ➩ A la recherche d’une spiritualité perdue ! La spiritualité maçonnique, Un grand Silence intérieur et extérieur
  • ➩ Les agapes : Sens et significations
  • ➩ le sacré et le profane
  • ➩ Géométrie
  • ➩ Le pardon
  • ➩ Tracé de la croix de l'Ordre des Chevaliers Bienfaisant de la Cité Sainte

Une devise particulière : « Rebelle mais fidèle »

Cette devise maçonnique d’une Loge spiritualiste travaillant le Rite de Stricte Observance de 1764 m’a toujours paru surprenante. Elle me paraissait incongrue et totalement discordante et dissonante.

A la lecture du dernier ouvrage le Dieu des Francs-maçons d’André Kervella et de recherches bibliques pour réétudier les sources de la Franc-Maçonnerie ma façon de voir cette devise a été modifiée et désormais j’en découvre le côté très positif.

Si nous regardons la Bible le nom de Dieu est cité à maintes reprises dans des conditions particulières : Dieu a créé Adam à son image, Noé reçoit de Dieu l’Ordre de créer l’arche, Dieu apparait dans le passage de la tour de Babel et la confusion des langues, confusion dont la trace est visible déjà dans le passage concernant la Tour de Babel dans l’épisode de la Genèse où les fils de Japhet se sont dispersés après le déluge chacun selon sa langue. Nous voici donc confrontés à la vanité des hommes.

Nous voyons alors arriver Nemrod, personnage biblique qui s’était englué dans des « histoires » spirituelles et politiques. Nemrod signifierait donc rebelle dans ce texte biblique. Et comme on lui prête l’idée de la Tour de Babel il devient de facto responsable de la déliquescence religieuse de son époque.

Revenons aux rituels de Stricte Observance de 1755 et 1764 :

Les stuardistes exilés à Saint Germain en Laye par les Hanovre ne sont-ils pas non plus des rebelles face au roi de Hanovre ? Si nous prenons le mot « marad » qui signifie « ils se sont rebellés » les jacobites ont été forcés à l’exil et ne demandent qu’à rentrer dans leur pays et de retrouver la grâce.

Allons plus loin dans la lecture de la Bible :

Cette notion de rébellion existe dans le Livre des Rois, dans le Livre des Lamentations et dans celui d’Esdras. Or c’est le temple d’Esdras que l’on trouve sur le tapis de Loge des Loges de Stricte Observance de 1764. Ce tapis serait donc le symbole d’une rébellion des Stuarts face aux Hanovre ?

Poursuivons la lecture du livre d’Esdras :

Les ennemis du roi dénoncent Jérusalem comme étant une ville Rebelle dont les habitants furent donc un jour déportés, comme les Stuardistes. N’existe-t-il pas un rapport étrange avec nos stuardistes de saint Germain en Laye ?

Sont-ils, nos stuardistes, en révolte contre le Dieu de Noé ? Sont-ils submergés par l’émotion de leur vie en exil ? Vont-ils créer une maçonnerie en référence avec Noé, une maçonnerie antédiluvienne ou une maçonnerie propre aux enfants de Japhet ?

Ils sont conscients que seul Dieu peut intervenir et faire cesser leur exil en France, un Dieu Grand Architecte pour rebâtir un monde nouveau ou un Dieu des armées de la reconquête des « souvenirs d’antan ».

Il leur faut donc accepter l’idée d’un Dieu des Armées pour la reconquête de leur honneur et de leurs terres et pour se faire ils doivent se soumettre à la volonté de Dieu. Ainsi en 1764, dans leur esprit, il ne peut exister en 1764 qu’une Franc-maçonnerie sans « croyance en Dieu », en un Dieu de Noé, Moise et Nemrod. Cette vision était celle aussi d’Anderson qui plaide alors pour une liberté de Conscience, principe irréfragable de la liberté que Dieu accorde aux hommes.

Rebelle aux Hanovriens mais fidèle à Dieu, les francs-maçons de 1764 sont donc des Hommes Libres et de bonnes mœurs. Ils combattent au nom de la liberté de Dieu cette séparation d’avec leur pays natal dont ils espèrent retrouver le siège suprême.

Et le commandeur du Temple de la Rochelle, Pierre de Liège était donc un homme Fidèle mais rebelle certes mais surtout attaché à Dieu, le Dieu que respectaient les descendants de Japhet. Les templiers de l’Ordre, surtout ceux de de saint Jacques de l’Epée étaient aussi très attachés à Japhet, thème central de leur dernier établissement, thème central de leur cloitre attenant à leur édifice « glorieux ».

Foi et Liberté du Maçon : histoire et symbolique.

Déjà en 1764 en Prusse comme en France la foi et la liberté étaient deux valeurs intangibles. Les mots n’avaient pas le sens actuel, 1789 n’était pas encore passé par là en créant autour du mot « liberté » un carcan de fer et en donnant au mot foi une connotation religieuse extrême. Les grandes valeurs de liberté personnelle ou religieuse n’avaient pas encore été décapité par une révolution ultra-libertaire. Peut-on réglementer la foi ou la liberté ? L’indicible peut-il devenir une contrainte morale voire intellectuelle ?

En 1764, année du Convent d’Altenberg de la Stricte Observance était édité en France un petit opuscule de Voltaire sur le dictionnaire philosophique dont le titre 19 traite de la foi, ce qui montre l’intérêt porté par les maçons de l’époque sur cette question de la Foi. Voici ce que Voltaire pensait de la foi : Qu’est-ce que la foi ? Est-ce de croire ce qui paraît évident ? non ; il m’est évident qu’il y a un Être nécessaire, éternel, suprême, intelligent : ce n’est pas là de la foi, c’est de la raison. Je n’ai aucun mérite à penser que cet Être éternel, infini, que je connais comme la vertu, la Bonté même, veut que je sois bon et vertueux. La foi consiste à croire, non ce qui semble vrai, mais ce qui semble faux à notre entendement. Je cite.

En 1764, soit un an après la guerre de sept ans en Allemagne régnait encore la paix d’Augsbourg, paix selon laquelle la religion pratiquée dépendait en quelque sorte du bon vouloir du prince ou roi siégeant. C’est dans ce climat que Von Hund va installer une franc-maçonnerie chrétienne et templière.

Mais en grande majorité en France comme en Allemagne régnait ce que l’on nomme communément le théisme. Le théiste est un croyant qui n'a pas besoin des religions existantes pour croire en l'existence de Dieu : donc pas besoin de dogmes, de révélations, de "superstitions" pour reprendre l'expression si chère aux philosophes du siècle des lumières.

En ce sens, le théisme équivaut à la religion dite naturelle. L'homme contemple la nature, en observe les lois et la beauté et en conclut à l'existence de Dieu grâce à sa seule raison. Les francs-maçons qui se réfèrent au Grand Architecte de l'Univers (GADLU) le sont aussi. Le théiste ne se prononce pas sur la nature de Dieu, ni sa présence et action en ce monde, mais seulement sur son existence.

Il était alors pratiqué au sein de la franc-maçonnerie une forme de pensée appelée religion naturelle. Pour reprendre les propos du maçon Eugenius Philalèthe la définition de la religion naturelle était la suivante : La religion que nous professons est la meilleure qui fut, qui soit ou qui puisse être : c’est la loi de la nature qui est la loi de Dieu car Dieu est la nature. C’est d’aimer Dieu par-dessus toutes choses, et notre prochain comme nous-même, telle est la vraie religion primitive confirmée par Notre Seigneur et Maître Jésus-Christ.

Nos rituels actuels se réfèrent d’ailleurs toujours à cette religion naturelle quand on nous dit qu’il nous faut obéir aux lois de notre pays, vivre selon l’honneur, pratiquer la justice, aimer son semblable, travailler sans relâche au bonheur de l’humanité et poursuivre son émancipation progressive et pacifique en respectant l’autre et en ne lui faisant pas ce que nous ne voudrions pas que l’on nous fasse. Et c’est dans la culture du secret que ce théisme prend toute sa place, au cœur de l’homme, au cœur du silence de l’homme qui travaille en Dieu à sa propre évolution. La vie de la franc-maçonnerie ne possède pas une identité culturelle distincte opposable à celle des religions instituées, elle est une des composantes du tout. Notre maçonnerie spéculative se réfère bien à la religion naturelle, notion d’ailleurs présente parfois dans la maçonnerie opérative.

La référence des Maçons à St Jean l’Apôtre en sa mention de la Lumière a été reprise par le Pasteur Anderson dans les fameuses Obligations de sa constitution de 1738. Et ainsi cette notion de Loi naturelle possède des implications ésotériques, voire herméneutiques avec l’apocalypse de Jean.

Nos rituels reposent bien sur deux concepts propres à la religion naturelle : la foi en un Dieu créateur dont les attributs nous sont révélés par sa création, et la croyance en l’immortalité de l’âme. Nous avons ainsi une pratique spontanée de la loi morale intérieure et universelle indépendamment de toute référence aux dogmes et cultes extérieurement institués. La connaissance de l’autre passe par l’observation de la nature humaine et de son comportement dans une compréhension rationnelle des fondements spirituels de la Vertu ou des Vertus.

Ainsi le premier aspect de la religion naturelle consiste pour chacun d’entre nous à s’élever par l’analogie, par la conscience de ses propres actes corporels jusqu’à la contemplation du créateur. Notre conscience de franc-maçon spiritualiste consiste à connaître la puissance et les vertus de l’Eternel en partant des biens visibles, c’est-à-dire en partant des œuvres que sont les créatures de Dieu, soit nous-même.

Être incapable de discerner la puissance, les vertus de l’Etre Eternel après avoir considéré ses œuvres, confondre la nature créée avec le créateur, être aveuglé par les apparences et s’abandonner à toutes sortes de maux funestes nous jetteraient alors dans une fausse religion naturelle, fausse religion empreinte de matérialisme non teinté de spiritualité.

Ainsi dans la conception traditionnelle de la franc-maçonnerie les francs-maçons n’ont pas pour tâche de reconstruire matériellement le temple de Jérusalem, ils n’ont que des taches spécifiques que sont l’étude du symbolisme des vicissitudes du temple et la construction d’une paix intérieure, paix symbolisée par la construction du temple de Salomon de façon hiéroglyphique. Ce temple par nous « réédifié » symbolise l’honnêteté, l’amour du bien, la charité, la discrétion, l’harmonie et l’amitié avec comme corollaire la Sagesse. Ainsi tout ce que nous faisons est relatif à la vertu et les symboles du temple de Salomon ne sont que l’image du temple de la vertu que nous cherchons à édifier dans nos cœurs.

La Franc Maçonnerie gardant précieusement dans son cursus, le versant ésotérique de la tradition devenait ainsi une sorte de conservatoire de la mémoire de l’humanité.

La franc-maçonnerie propose une voie de perfectionnement de soi-même qui en fait donc une démarche spirituelle au sens large. Ce chemin amène le maçon à travailler à la conscience de soi, à la confiance en soi, et à l’affirmation de soi qui sont trois vertus qui permettront de mieux en entrevoir le but.

Dans cette liberté de conscience qui est celle du maçon, au cœur de cette religion naturelle nous évoluons avec ce qui nous constitue dans un monde rempli de symbole et de vérité propre à nous-même. Cette liberté ne peut exister que dans la foi du Maçon, notre foi en l’homme et en nous-même.

Avec la foi trouvera-t-on la révélation de notre place dans le grand ordre de l’univers ?

Henri Tort-Nouges écrivait : Cet humanisme ne peut se concevoir sans le Principe Créateur, ce principe spirituel que nous nommons GADLU, car la maçonnerie correspond à la base métaphysique des Religions et à leur contenu ésotérique. Cela explique peut-être la longue opposition des Eglises, notamment catholique, à la franc-maçonnerie, un temps excommuniée.

Avec la foi en la perfectibilité de l’homme, avec la ferme espérance dans l’avenir, nous devons nous libérer progressivement de nos insuffisances afin d’établir en nous et hors de nous cet équilibre difficile entre matériel et spirituel.

Avoir la foi maçonnique, c’est transcender la contingence vulgaire de la matérialité temporelle comme spatiale par l’apprentissage opiniâtre du silence, de l’écoute, du renoncement, de la raison, de l’intuition, tous contenus dans ce qui se résume dans la Connaissance, pour vivre d’Amour, non contemplatif, mais d’action.

Travailler sur la foi c’est travailler sur la conception de Dieu. Cette Foi existe en chacun d’entre nous, puisque c’est un prérequis à l’entrée dans l’Ordre. La foi est comprise comme l’ensemble des vertus théologales mais aussi comme la première de celles-ci. (Foi, Espérance et Charité.)

Notre foi est visible, elle est le phare de nos actions et pour reprendre saint Luc : Personne n’allume une lampe pour la mettre dans un endroit caché ou sous le boisseau, mais bien sur un support, afin que ceux qui entrent voient la Lumière !

La foi, en fait nous ne pouvons en parler qu’avec pudeur et discrétion. Mais cette foi n’est pas un objet dont on parle, elle est la source qui pousse à en parler. On ne peut pas en parler comme d’un objet que l’on a ou que l’on n’a pas, et il nous faut toujours distinguer « la foi qui croit », c’est-à-dire la confiance envers quelqu’un d’avec la foi par laquelle on croit par le dogme, voire par une forme de théologie. Notre rituel, nos rituels sont ainsi très ouverts et doivent être une source d’approfondissent de notre foi en l’homme et aux valeurs de notre Ordre. Nous ne devons pas nous épuiser dans la lecture du rituel mais en comprendre la substantifique moelle.

Il existe une foi première qui sort l’homme de lui-même et le fait tendre vers quelque chose de plus grand que lui. Il nous faut sans cesse « faire confiance » et donner notre confiance pour nous élever. Donner sa confiance, vivre sa foi en soi est un don, un acte libre que nous pourrions ne pas faire. Mais surtout cette foi de ce que je suis au plus profond de mon être est la conscience de ma Liberté grâce à une autre liberté. Ce sont ainsi des Libertés qui s’emboitent l’une dans l’autre pour nous permettre de nous élever, dans la foi et dans la Liberté.

La foi s’appuie non pas sur une solidité humaine mais sur un corps qui se déplace, qui vit, à un souffle qui passe également. C’est pourquoi notre foi s’adresse à la Liberté et cette liberté va nous prouver la vérité que nous partageons. Cette liberté permet à l’homme de creuser son propre chemin de dépouillement, nous faisant parfois descendre en nous au plus profond de nous-même dans une liberté de conscience et de foi en notre propre réalisation et renaissance. La Foi enfante car elle met au monde le fruit qu’elle porte en lui en lui laissant la liberté de grandir ou de mourir. Même si le monde actuel nous conduit à un combat à trois entrées, la rationalité profane, la conscience individuelle de ce que nous sommes ou vers quoi nous tendons, la Foi qui rassure et fait grandir, notre foi va ainsi se situer vers la terre et vers le ciel.

Nous devons ainsi par notre foi savoir prendre la terre pour la pétrir d’humanité, de justice et de paix et transformer cette terre d’argile terrestre en une « histoire fraternelle » et notre foi ne doit pas consister en une forme d’obéissance car elle s’opposerait à la Liberté et à notre désir du cœur.

Au cœur de notre recherche de nous-même, dans le silence de notre cœur ne laissons pas grandir un silence qui pouvait être causé par la déception et le regret, la vengeance ou l’absence d’idée ; non laissons grandir en nous la confiance en notre Maître comme le dit le rituel et en celui que nous avons jugé digne de notre attention.

Ainsi notre Foi en nous, en l’homme, magnifié par nos rituels n’est pas un désir arrivé à maturité car il ne va pas nous combler mais nous permettre de nous élancer vers notre être profond. Notre foi peut connaitre des hésitations, voire des doutes parce qu’il nous faut toujours laisser de la place pour se retourner, décider, comparer et la foi ne se prouve pas, elle existe simplement en nous.

Même si le doute est l’ombre de la foi parce que la foi n’est pas de l’ordre de la certitude mathématique. Cette foi est espérance et nous allons découvrir non pas ce qu’il faut apprendre, entasser comme connaissances mais nous allons apprendre à nous dépouiller et à nous dénuder vis-à-vis de l’éternel, éternel que nous sommes aussi. Cette foi n’est pas une sagesse mais donc bien une espérance, elle n’est pas une fuite de la mort mais elle est au service de la résurrection. Marchons et ne craignons rien.

Ainsi la foi fait partie intégrante de notre Liberté.

La Liberté est une composante de la foi, foi qui nous oblige à nous engager et à ne pas se contenter de la dire, à réfléchir sur nous et sur notre devenir post-mortem. Il serait vain de vouloir séparer une vie spirituelle d’une vie sociale comme si se préoccuper des autres pouvait s’effectuer sans une forte conception de l’homme et de son histoire.

Ainsi il n’existe aucun fossé réel entre la conception « sociale » de la franc-maçonnerie et la conception « spirituelle » de la maçonnerie. Si le premier est extérieur et le second intérieur, l’important est d’aimer son prochain comme il est et non comme nous aimerions qu’il soit. Et c’est ainsi que pourra naître une aube nouvelle.

Le franc-maçon de 1764 est un homme libre et de bonnes mœurs, conforme à un idéal Andersonien, vivant une religion naturelle dans sa foi en Dieu et en l’Homme.

Entre « Eros », « Philia », « Agape »
et Etincelle divine, que choisir ?

Dans notre quotidien actuel, où que l’on soit, où que l’on regarde, où que l’on écoute, où que l’on regarde nous sommes envahis et submergés par le mot « l’Amour » proclamé ou montré n’importe comment, n’importe quand. Notre bouche est remplie de ce mot « Amour », nos propos sont presque irrémédiablement tournés vers ce mot.

Ce mot « amour » ainsi prononcé semble être une justification permanente de de ce que nous ne sommes pas. Parfois même pour mieux asseoir notre pensée et cacher notre honte nous voyons des mains qui se posent sur le cœur cardiaque comme un rempart contre toutes attaques extérieures, comme une arme pour lutter contre notre propre mauvaise foi.

Parfois notre être s’entête à vivre dans un bisous-bisous sans âme dans le seul but de vouloir paraître « gentil », serviable ou « aimant ».

Et désormais l’arme suprême se trouve être l’empathie dont nous détournons le sens premier pour en faire notre arme de bonté et de gentillesse avec une hypocrisie totale et un rejet total de ce qui constitue l’autre.

Et dans tout cela où est l’autre, l’autre qui est notre propre nous-même ? Où se trouve la véritable compassion ?

L’empathie nous sert à nous mettre à la place de l’autre afin de mieux le comprendre. Dans ce cas nous sommes neutres et rien ne semble nous toucher. Insensé disait Platon, qui es-tu pour croire que je ne suis pas toi ? Nous n’avons alors en fait aucune affinité avec l’autre, avec son affect ou avec son intellect qui sont les « deux jambes » de l’homme.

Est-ce de l’amour ?

La véritable compassion nous incline à partager les maux et les souffrances d’autrui mais sans asservir l’âme de l’autre et d’en étouffer tous les sentiments.

Est-ce de l’amour ?

L’amour « Eros » est fondé sur des relations sensuelles, voire sexuelles où un égo possessif prend toute sa place.

Est-ce de l’amour ?

L’Amour « Philia » est lié à des sentiments d’amitié avec des centres de pensée ou d’actions communs, ayant dans cet espace le souci de l’autre comme de soi.

Est-ce de l’amour ?

L’Amour « Agapé » est un amour vraiment fraternel, altruiste voire même spirituel. C’est souvent un amour affranchi de l’égo qui va plus loin que l’émotion de la passion. Cet amour se donne sans retour et qui souhaite le bien être personnel de l’autre.

Est-ce l’Amour ?

L’archétype de l’amour « Agapé » est celui du créateur pour sa créature comme dans le Cantique des Cantiques. Mais là il semblerait qu’il y ait une condescendance vers l’autre. C’est presque donc un « Amour » intéressé qui veut faire le bonheur et donner le Bonheur dans un mélange de bons sentiments avec ses prismes de pensées et les dangers de la vie qui peut, en un instant, balayer cet Amour « Agape » pour revenir à un Amour « Eros ».

En empruntant la voie initiatique ne pourrait-on pas envisager d’aller plus loin, d’aller vers une sorte d’ascèse physique et mentale ? En reprenant Socrate et sa formule Connais-toi toi-même, ne pouvons-nous pas aller plus loin que ces schémas relatifs à des définitions « terrestres » ?

Ne pouvons-nous pas en cette « question de l’Amour » nous rapprocher des Hermétistes du XVIIIème siècle qui vont détailler le corps en sept voire neuf parties :

  1. Le corps physique.
  2. Le corps éthérique qui contient le coprs physique et permet de le reconstituer s’il y a blessure.
  3. Le corps astral qui est le siège de nos sentiments et permet une sorte de bilocalisation.
  4. Le mental inférieur, siège des idéations inférieures.
  5. Le mental supérieur, siège des idéations supérieures.
  6. L’intuition pure qui permet une élévation spirituelle détachée alors de la matière.
  7. L’Etincelle divine, cette étincelle dont parle saint Paul dans l’épitre aux Ephésiens qui montre que la potentialité de Dieu est en nous, à nous non point de chercher mais de ressortir ce qui est déjà en nous. Cette notion étant d’essence divine se divise ainsi en trois, ce qui donne le nombre 9.

Après avoir franchi tous ces échelons en les ayant vécus et non subis nous pourrions avoir accès à une échelle de la sagesse à neuf degrés. Ainsi nous pourrions passer facilement de la matérialité des choses à la spiritualité non du cœur mais de l’esprit en passant par l’âme de ce qui est « vraisemblable. »

Dans cet état subliminal, débarrassé des contingences matérielles (amour, biens matériels) nous serons alors dans un « Amour absolu » comme Origène, 185-253, célèbre gnostique vivant sur une colonne, hors de la foule et hors du temps. Origène dans son envie de pureté et d’amour absolu va aller jusqu’à s’émasculer et fera ainsi disparaitre le domaine de l’homme jusqu’au mental supérieur, première étape vers une montée vers l’UN, dans une réalisation spirituelle entièrement portée vers l’Amour dépouillé de sa gangue terrestre.

C’est lors du concile de Nicée, premier concile de la chrétienté en 325 que l’homme va perdre le droit de réfléchir à la signification de la vie de Jésus et aux Ecritures qu’il ne pourra plus décortiquer. (Interdiction de la gnose)

Aller vers cet état d’Amour absolu, dans un espace entre le relatif et le limité ne peut que donner à l’homme que nous sommes la profondeur de ce qui doit être, l’Amour du Aime ton prochain comme toi-même.

Un Ustensile : le marteau

Dans un premier temps, regardons les aspects symboliques du marteau au travers des mythes et légendes.

Dans beaucoup de traditions, le marteau était considéré comme une arme. Thor, dieu scandinave de l’orage en était armé. Le marteau est aussi entre les mains d’Héphaïstos, dieu boiteux des forgerons. Sucellus, dieu gaulois était armé d’une sorte de massue qui, dans le monde des celtes imageait la puissance créatrice et ordonnatrice du dieu. Et dans ce cas, le marteau illustre l’activité formatrice voire démiurgique de celui qui en est armé.

Lié souvent à la puissance de la foudre, le marteau est ambivalent, c’est-à-dire à la fois instrument de vie et de mort. Il devient alors l’outil et moyen de passage d’un monde à l’autre, d’un ici à l’au-delà. Une légende ou plutôt une tradition bretonne vivace jusqu’à la fin du XIXème siècle illustre bien cette idée de passage : c’est la tradition du « meil benniget », marteau bénit qui faisait qu’un lourd marteau de pierre était posé sur le front du mourant pour aider au passage de son âme vers l’autre monde.

Dans plusieurs légendes lithuaniennes le lourd marteau de fer joue un rôle salvateur des mortels en leur rendant la jouissance du soleil qui avait été emprisonné dans une tour dont il brisa les murs, ou, dans une autre légende, en les délivrant du carcan de neige et de glace, brisé à coups de marteau pour laisser la place au printemps.

Blondel nous parle d’un autel gaulois où était représenté le dieu celte « taranis », c’est à dire le dieu au marteau, sachant que Taran en Celte veut dire tonnerre.

Le marteau, avant d’être l’attribut d’un dieu était considéré comme une espèce de talisman. C’est surement pour cette raison qu’il fut gravé sur certains dolmens où sur des tombes paléochrétiennes (midi de la France) où il apparait sous le nom « d’ascia » dans les dédicaces funéraires.

Dans sa forme, le marteau est symbolisé par le Tau grec. Dans la bible, dans Ezéchiel, l’Eternel marque du signe du tau les hommes qui soupirent et gémissent de toutes les abominations commises pour qu’ils ne soient pas exterminés. Le tau était alors un signe qui protégeait et ce n’est pas sans nous rappeler le signe que le seigneur mit sur le front de Cain pour le protéger de la colère des hommes mais en même temps pour le désigner comme jugé par Dieu. Et c’est Cain qui engendrera un certain Tubalcain, qui lui-même est affublé de ce Tau en première lettre ; Tubalcain est de la huitième génération après Cain : ne fallait-il pas sept générations jusqu’à Lameth, père de Tubalcain, pour laver la faute de Cain, laver le sang versé par le premier meurtrier fratricide de l’histoire de l’humanité ?

Celui qui se relie donc à la lignée des forgerons mythiques, c’est bien par excellence Tubalcain, ce mot de reconnaissance que l’Apprenti reçoit à sa réception.

Jean Beauchard nous dit ceci : Tubalcain signifie la possession du monde. En effet, la découverte des métaux mit l’homme en possession de tous les biens de la terre. C’est évidemment une image pour signifier que, au-delà du matériel, il s’agit de la maitrise et de la transformation d’un minerai par le feu, c’est-à-dire d’un pouvoir d’action sur l’ordre de la nature.

Oui par ces propos nous réalisons que ce forgeron fameux, Tubalcain, auquel nous nous identifiions a bien cette image de démiurge en puissance.

Dans tous les mythes, le forgeron est en rapport étroit avec le feu. L’éternel est un feu dans la Bible, et dans deutéronome IV-24 il est dit : car l’éternel, ton Dieu, est un feu dévorant.

Dans ces légendes, les forgerons sont en rapport avec le soleil qui symbolise la fournaise où ils travaillent. Le soleil est bien symbole de ce feu qui fait fondre les métaux (le soleil ; participe activement au travail du forgeron).

Et c’est alors important de regarder la place qu’occupe l’Apprenti et de voir qu’à notre rite, la pierre brute qui est placée côté Nord est surplombée par le soleil qui va ainsi pouvoir la travailler et la transformer grâce à l’ardeur de ce feu. Sur-plombe c’est-à-dire en dessus du plomb, celui du fil à plomb ; il y a le soleil d’or, noble métal de lumière parfaite.

Et c’est dans les enfers, dans les entrailles de la terre, autrement dit au plus profond de son être que l’Apprenti va devoir apprendre à œuvrer. Car c’est lui-même qu’il doit forger. Il va devoir user du marteau pour essayer d’unir les disparités de ces métaux et grâce à son adresse, son discernement, sa persévérance et sa force d’esprit, il s’attachera à créer ce damassage en lui, cet alliage du métal d’acier rendu solide, indestructible et moiré comme le soleil d’or.

Par le travail des métaux, le forgeron se met en relation avec le monde souterrain associé au monde des enfers. Ce contact étroit avec les forces chtoniennes fait qu’ils sont souvent mis en marge de la société, craints et redoutés à cause de cette maitrise et cette connaissance secrète des métaux.

On lui attribue facilement des pouvoirs de magicien et de sorcier. C’est pourquoi l’art de travailler les métaux est considéré comme secret, royal ou sacerdotal. Son marteau correspond à la volonté spirituelle, c’est l’outil du pouvoir sur la matière, c’est l’instrument d’une volonté supérieure.

Dans beaucoup de mythes, nous trouvons des dieux forgerons connaissant les secrets du feu et des métaux en fusion qui ont une apparence plutôt monstrueuse, ils sont boiteux, borgnes, estropiés … La perte de leur intégrité physique serait le prix de leur science des métaux, le rappel du châtiment pour celui qui perd la mesure.

L’infirmité de Jacob devenu boiteux après un combat contre Yahvé n’est-il pas signe qu’il avait vu un secret divin ? Le candidat qui entre en Loge, claudiquant, n’est-il pas déjà ce forgeron estropié qui paie déjà le vol supposé de la connaissance ? Opérons donc en sage appliqué à se rendre maître de nous-même et devenons ce Tubalcain qui est dit être l’artisan des dieux, lui qui arme les divinités célestes. Le forgeron est alors celui qui aide les dieux à assurer leur suprématie sur les simples mortels. Cet art de travailler le métal, nos propres métaux, est alors considéré comme un secret royal et sacerdotal car associé à l’œuvre de création du monde, ce monde de renouveau que désire l’initié.

Le marteau dans les rituels maçonniques :

J’ai fait des recherches dans des ouvrages maçonniques et des rituels anciens pour retrouver trace du marteau.

Dans les textes fondateurs, on en trouve des traces. Dans la maçonnerie disséquée de Samuel Pritchard en 1730 on trouve mention d’un outil la masse., outil différent du maillet habituellement cité dans les textes dit de maçonnerie anglaise et ses old charges. Le marteau est cité aussi dans deux rituels. Dans le rituel les trois coups distincts de 1760 nous trouvons la formulation suivante : Les outils de l’Apprenti reçu sont la jauge de 24 pouces, l’équerre et le marteau ordinaire. Dans le rituel le Grand Mystère dévoilé de 1726 ,nous trouvons la question : Quels outils sont indispensables au franc-maçon ? Réponse : le marteau et la truelle, le premier pour diviser et le second pour assembler. Le maçon est reçu avec une truelle dans la main droite et un marteau dans la gauche.

Dans le système dit de Stricte Observance, dans le rituel d’Altenberg de 1764 on parle du marteau dans l’instruction du premier grade à la question 10 et 11.

Question 10 : quels instruments avez-vous dans votre Loge ? Réponse : trois choses : ustensiles, joyaux et ornements.
A la question 11 : quels sont les ustensiles ? Réponse : la bible, le marteau et le compas.

Dans les rituels actuels mis en forme et imprimés par les soins de l’Ordre, à côte du mot marteau on trouve un autre mot, le mot maillet placé entre parenthèses et en italique n’est pas présent dans le texte originel.

En effet, dans le texte originel en allemand, nous avons bien le mot « Hammer » qui se traduit par « Marteau de fer » et non le mot « Holz Hammer » qui lui se traduirait par « maillet de bois. »

Donc pas de doute, le mot employé dans le rituel d’Altenberg est bien marteau. C’est pour des raisons de compréhension que le mot maillet a été ajouté en complément entre parenthèses et en italique. Par contre dans le corps de tout le rituel seul le mot maillet est donné et le mot marteau n’apparait plus comme dans l’original. On ne peut que le regretter car chaque mot a sa valeur et son importance même et surtout dans les nuances et les différences. (Traduire c’est trahir !?)

Je me suis penché sur les rituels du système de Stricte Observance qui ont succédé au rituel d’Altenberg, toujours dans ma quête du marteau.

En 1772, les rituels du convent de Kohlo parlent toujours du marteau.
En 1774 les rituels de Meiningen parlent toujours du marteau.
En 1778 les rituels du convent de Lyon parlent aussi de marteau.
Tous les rituels de Stricte Observance dans leur version originelle parlent du marteau et non du maillet.

GPIO GLLR : Le marteau utilisé dans les Loges allemandes
Revenons pour finir à notre rite et rituel d’Apprenti.

Le marteau est entre les mains du Vénérable Maître et des deux Surveillants symbolisant le pouvoir et l’autorité. Ce marteau est un instrument de création initiatique entre les mains du Vénérable Maître ; les trois coups du marteau sur le compas ouvrent le centre énergétique du candidat par les vibrations alors insufflées et le créent franc-maçon.

Le marteau du Maître de Loge est celui qui par trois coups, deux faibles et un fort sonne le signal que la Loge est ouverte, signal auquel les surveillants répondent de même manière, en écho. Ces trois marteaux qui entrent en action répandent dans toutes la Loge les sons et vibrations qui appellent les Frères à ouvrir leur propre Loge intérieure pour se mettre au travail. Ces vibrations sont descendues de l’orient vers l’occident, car c’est de l’orient qu’émane la lumière. Le son des marteaux, c’est comme le tonnerre, c’est la voix de Dieu.

Je ne m’attarderai pas sur le sens symbolique des batteries cela n’est point le but de ce travail.

Il nous faut juste bien saisir l’importance du rôle de ces trois marteaux qui agissent alors pour procéder à notre ouverture. Chacun est alors appelé à se retirer en lui-même et à se séparer vraiment du monde profane et de ses turbulences.

Ce temps de retrait est indispensable, pour pouvoir s’ouvrir en toute fraternité à ses Frères de Loge et s’ouvrir à une autre dimension spirituelle.Par ces trois fois trois coups de marteau, je me sépare du monde profane pour pouvoir m’éveiller à un monde sacré Ces neufs coups me préparent à accueillir le 10, nombre du Tout pour me relier au Un, le principe.

Regardons maintenant ce que nous propose notre rituel. Dans le catéchisme d’Apprenti il nous est dit dans la question 10 et la question 11 déjà citées que le marteau est un ustensile classé parmi les instruments. Le mot ustensile, du latin « utensilia », désigne un ou des objets nécessaires. « Utensilia » est lui-même dérivé du verbe latin « uti » signifiant user, se servir de.

Le mot instrument fait référence à deux mots latins : 1/« instrumentum » qui désigne ce qui sert à équiper ; 2/ « instruere » qui signifie pour instruire.

J’en déduis que le marteau est quelque chose dont je peux me servir pour qu’il devienne un instrument servant à m’instruire, cette instruction étant avant tout la Connaissance de moi-même. Et j’en déduis aussi que le marteau n’est en aucun cas l’instrument d’une réalisation matérielle.

Nous sommes bien ici dans une métallurgie allégorique visant à travailler la masse humaine qu’est notre Pierre humaine et les ustensiles employés ne sont autres que nos facultés humaines.

Je fais volontiers une distinction nette entre la notion d’outils qui ne servent qu’à travailler la matière et les ustensiles qui nous servent dans notre chemin de perfectionnement moral et spirituel.

Regardons maintenant notre tapis de Loge : Dans sa partie basse, nous voyons trois pierres. Au premier grade il est bien dit qu’on ne donnera aucune explication à leur sujet. (Discours de l’Orateur). C’est au deuxième grade que des explications détaillées nous sont données par l’Orateur.

Nous remarquons tout de même sur notre tapis que la pierre sise à droite porte un ciseau, une équerre et un marteau. Dans le catéchisme de l’Apprenti nous avons appris que l’équerre est un des trois Joyaux de la Loge, que le marteau est un des trois instruments de la Loge. Par contre on ne nous dit absolument rien à propos du ciseau.

On les voit tous les trois, comme en attente. Ils attendent les mains d’un œuvrier qui aura le vrai désir de s’en servir et qui va prendre sa décision d’agir. Car penser, c’est bien mais exécuter, c’est bien le prolongement de l’intention. Et faute de décision volontaire, voire d’héroïsme, rien ne s’accomplit. Oui, j’ai bien dit héroïsme car ce ciseau qui nous est proposé est certainement un des premiers ustensiles dont tout maçon doit apprendre l’usage.

Il est forgé dans le meilleur acier que Pernety appelle « l’acier des sages » Pernety qui nous dit que « c’est la mine de leur or philosophique, le miracle du monde que Dieu a scellé de son sceau, enfin la clé de toute l’œuvre philosophique ». Cet acier recevait une trempe de diamant et avait le pouvoir de travailler la pierre la plus dure. C’est pourquoi ce ciseau devient pour le maçon ce qu’était l’épée pour le héros, le preux Chevalier qui gardait toujours fidèlement son épée. L’instrument qu’est le ciseau illustre non pas des intentions guerrières, mais se rapporte à une inébranlable énergie de décision, sans quoi aucune réalisation n’est possible.

Il faut savoir vouloir, afin de prendre d’irrévocables décisions. Et alors, on doit se procurer un bon ciseau, qui pourra peut-être s‘émousser mais le vrai maçon, fils de Tubalcain saura le remettre en état et le retremper si nécessaire. Tout seul, le ciseau resterait impuissant, inopérant. Il faut lui adjoindre l’Energie du marteau. La main qui tient le ciseau attend le vigoureux coup de marteau. Le ciseau c’est le discernement, le marteau c’est l’audace qui nous le fait saisir et la force de la volonté qui nous fait agir.

Même muni du meilleur ciseau l'œvrier n’accomplit aucune besogne s’il n’a pas la force de soulever le marteau. Pour nous débarrasser de nos aspérités, de nos défauts, les résolutions les plus sages seraient bien dérisoires si elles restaient platoniques. Quatre verbes d’action devraient être présents à l’esprit de tout initié : Oser, Vouloir, Savoir et se taire.

Finalement, nous avons bien besoin de ces deux choses, l’ustensile marteau et le ciseau, qui sont tous les deux de métal.

Alors, cela voudrait dire que l’on ne laisse pas les métaux à la porte du temple ? Mais de quel temple s’agit-il ? Mais aussi ne nous trompons-nous pas de métaux ? Les métaux seraient-ils finalement utiles voire indispensables ?

Pour créer le temple, notre temple, il nous faut à chaque ouverture de notre Loge, aller au plus profond de nous-même, tel Tubalcain qui cherche le minerai dans les profondeurs de la terre. Les métaux que nous aurons à purifier sont dans les recoins sombres de notre Être. Ces métaux sont les fondements de l’œuvre à accomplir, ils sont notre matière première. Tout notre rituel d’ouverture dans les mots, batterie, silences, tout est fait pour que le feu créateur surgisse en nous et crée ce moment où la matière première s’ouvrira à la lumière et au feu de l’athanor.

GPIO GLLR : L'habit du maçon, selon Nicolas de Larmessin (1638-1694), gravure extraire de Les Costumes grotesques et les métiers, 1695.
L'habit du maçon, selon Nicolas de Larmessin (1638-1694), gravure extraire de Les Costumes grotesques et les métiers, 1695

De la fraternité

Le terme de fraternité est paradoxal. Son sens semble être connu de tout le monde ; il figure dans la devise républicaine. Il est l’un des composants essentiels de notre démarche maçonnique. Et pourtant… Il prête à confusion, sinon à déception, voire à revendication. Combien de fois n’ai-je pas entendu, d’un Frère parlant d’un autre Frère : « il n’est pas fraternel ! ».

Une mise au point s’impose donc, pour distinguer la fraternité profane et la fraternité telle que nous devrions la comprendre au sein de nos Loges maçonniques.

La fraternité, dans le monde profane relève de l’affectivité. Elle est variable dans l’espace et dans le temps. Elle diffère de la fraternité « de sang » en ce sens qu’elle choisit ses sujets. Elle est parfois intéressée : « Tu es mon frère, et je t’aime, donc tu dois m’aimer ». On l’appelle « esprit de corps », « copinage » ; elle peut être utilitaire et céder à la tentation de la dérive.

Elle est parfois tolérante, au risque d’être laxiste...

Un tout autre type de fraternité est celle que l’on découvre dans les Ecritures, et qui, à première vue, est plus empreinte de violence que d’amour : Caïn tuant Abel, Joseph vendu par ses frères...

Examinons le meurtre d’Abel par Caïn :

Déjà, tout est dit dans les noms : Caïn signifie « jalousie » - Abel (ou Hevel, en hébreu) a été traduit par « vanité » au sens de chose vaine, ou mieux, par « buée ». Dès leur naissance, les deux Frères s’opposent. Caïn est un être qui est là, qui a une raison évidente d’exister. Eve dit : « J’ai acquis un homme avec Dieu ». Alors que Abel-Hevel doit justifier son existence ; c’est une pièce rapportée vis-à-vis de son Frère. D’ailleurs, il est dit qu’Abel est le frère de Caïn, mais on ne dit jamais que Caïn est le frère d’Abel.

Comme tous les concepts bibliques, celui-ci est porteur de message. Il faut décoder, et ne pas s’arrêter au premier niveau de lecture.

Qu’en est-il maintenant de la Fraternité maçonnique ?

Précisons tout d’abord qu’elle est d’ordre initiatique, immuable, et indispensable à la réalisation de notre voie.

Le Franc-Maçon nouvellement reçu ne reçoit le nom de Frère qu’après avoir prêté serment de sa libre volonté. Car c’est le serment qui fait le Maçon.

Mais, avant cela, il a été conduit dans une salle de préparation, sorte de sas, aussi « éloigné de ceux dont il est proche que de ceux qui lui sont encore lointains ».

Puis, il a été interrogé par le Préparateur sur son identité, sa profession, ses activités, ainsi que sa religion, pour s’assurer de ses dispositions ; on lui a demandé s’il voulait bien se soumettre aux habitudes de notre Ordre, ce qui correspond à un premier dépouillement de ses valeurs philosophiques ou exotériques.

Il a ensuite été préparé physiquement, partiellement dévêtu et dépouillé de ses métaux, ce qui symbolise l’abandon de ses valeurs sociales.

Enfin, par son voyage autour du tapis, épée sur le cœur, par le discours du Maître de Loge, attirant son attention sur la gravité de sa démarche, et son acceptation de persévérer, il est dépouillé de ses valeurs affectives et émotionnelles.

Il meurt donc à sa vie antérieure car « Sic transit gloria mundi », et naît au monde spirituel. C’est dans ce monde-là qu’il prend le nom de « Frère ». Il est alors armé « à la face de ses Frères » ; on lui rend également son chapeau.

Une relation nouvelle vient de s’établir entre le nouveau Frère et ses semblables. Les caractéristiques de cette relation sont rappelées par le discours du Frère Orateur :

-L’amour fraternel ne se choisit pas. Il s’impose à partir du moment où la réception a eu lieu. Par ailleurs, il s’adresse à tous les Frères. « Il doit conserver envers TOUS ses Frères et Sœurs une fraternité sainte, la fidélité du cœur et un amour céleste ». Par conséquent, il ne peut y avoir un Frère que l’on aime plus ou moins que les autres dans le domaine initiatique, car nous sommes tous dans la voie initiatique.

-L’amour fraternel est dégagé de toute ressemblance ou différence ; il réunit des êtres de toute race, de toute idée politique, de tout milieu social ou professionnel, dans une parfaite égalité et une totale tolérance. Il réunit des êtres qui ne se seraient sans doute jamais rencontrés dans le monde profane, et qui ont désormais comme seule parenté, au-delà de toute Obédience, de tout Rite et Rituel, celle d’avoir reçu la Lumière.

-L’amour fraternel ne varie pas, comme dans le domaine affectif ; il est immuable, car il repose sur valeur divine, sacrée et éternelle.

Nous l’avons vu : il y a deux aspects différents de la Fraternité : l’un profane, l’autre sacré.

Cela ne veut pas, pour autant, dire que nous qui sommes Frères dans la voie initiatique, devrions rejeter toute relation affective. Mais il est essentiel de conserver en mémoire cette distinction. Car toute confusion serait préjudiciable à l’une comme à l’autre de ces manifestations de relations entre nous.

Concrètement :

-en Loge, chaque Frère est à considérer comme n’importe quel autre Frère, sans affectivité ni passion, sans jugement de valeur (positif ou négatif).

-à l’extérieur de la Loge, les relations amicales que nous pouvons avoir ne peuvent être considérées comme une obligation résultant de notre appartenance commune. Il est tout à fait normal, « humain », d’éprouver de la sympathie avec certains, davantage qu’avec d’autres. Sans aller jusqu’à l’hostilité, nous pouvons considérer que deux Frères n’aient pas de lien particulier.

Si nous devons aider un Frère, cela se fait, avant tout, dans le domaine initiatique ; le reste est laissé à l’appréciation de chacun.

Certes, il est difficile humainement de séparer complètement ces deux aspects de la fraternité. Efforçons-nous de veiller à ce que nos relations affectives profanes ne troublent pas nos relations de fraternité sur le plan initiatique. Seule est concevable l’influence inverse.

Il faut d’ailleurs bien noter que notre démarche initiatique a des incidences sur le monde extérieur. Notre action extérieure ne concerne pas que nos Frères, elle s’étend à l’humanité toute entière. Cela nous est rappelé par l’énoncé des 7 œuvres de miséricorde.

La véritable démarche d’amour fraternel est une démarche qui ne demande pas de réciprocité. On aime pour aimer, pas pour être aimé. Toute autre conception est une conception profane qui ne peut conduire qu’à la déception, à la douleur et à l’échec à plus ou moins long terme.

Et si, malgré notre quête, il nous arrive d’avoir des faiblesses, souvenons-nous que, pour être de bons Maçons, il nous faudra sans doute travailler toute notre vie.

Pour nous guider, relisons les question-réponse n° 26 de notre catéchisme :

-En quoi le Franc-Maçon doit-il se distinguer des autres hommes ?

-Par sa droiture et son amitié envers ses Frères et Sœurs ; par sa manière de penser libre et volontaire et par l’évolution de sa manière de vivre.

Tous les espoirs nous sont donc permis.

Voyage

Vénérable Maître, mes sœurs et mes frères en vos gades et qualités.

La planche que je vais tracer devant vous décrit le cheminement que j’ai effectué en votre compagnie depuis que vous m’avez reconnu pour tel sous le regard de l’Ordre que je qualifierai de Sublime. Ordre que je désire rejoindre, Ordre qui du début assure la fin, cet Ordre qui n’appartient à personne, cet Ordre qui réveillé demandera de rendre la Gloire à son Nom. Ce désir est un désir vrai car dégagé du plaisir de l’ego et de la peur de la mort de l’autre. Alors que naisse le fils de l’humain ! Pour moi ce fut le début d’une véritable révélation que j’aimerai vous faire partager.

Je commencerai un peu comme un inventaire à la Prévert :

Bible, maillet, compas, équerre, ciseau et marteau. Fil à plomb, niveau, hexagramme flamboyant, pavé mosaïque et houppe dentelée. Je suis dans une loge qui a la forme d’un carré long, longue de l’Orient à l’Occident, large du midi vers minuit, haute jusqu’aux nuages. Elle est fondée sur trois piliers, la Sagesse, la Beauté et la Force. Le soleil, la lune et les étoiles l’éclairent. Je dois travailler avec ces outils, mais où, sur quoi, comment, dans quel but, dans ma loge, en dehors. On me dit que tout est symbole, certes, qu’il m’apprendra à percevoir autre chose. Je me sens quelque peu en dehors du temps, où suis-je ?

De plus je dois œuvrer pour le bien de l’humanité. Je ne saisi plus. Des cercles, triangles et carrés dansent dans mon esprit. On me dit : tu es un apprenti. Je ressens qu’il ne peut en être autrement. En tant qu' apprenti tu fais silence. J’en suis ravi.

Ecouter, comprendre, travailler, être assidu, humble en toute chose, s’ouvrir, être Soi-même, s’affirmer sans orgueil si non tout ne sera que « vanité et poursuite du vent », dans l’amour fraternel de ses sœurs et de ses frères, dans l’obéissance à l’Ordre. Voilà le chemin que je dois suivre pour m’éveiller, me faire connaître, reconnaître pour me laisser emporter dans Son Amour, et je le suivrai, je m’y suis engagé.

Difficultés, chutes, tentations, reculs, doutes, incrédulité, le chemin sera rude mais grande est la miséricorde. Rester loyal, fidèle, confiant, cela se doit, jusqu'à bonne fin. Les Pauvres Chevaliers du Christ en ont témoigné par leur foi, leur espérance, eux qui ont été charité et bienfaisance pour leurs semblables. Ont-ils toujours craint l’Eternel ? N’ont-ils pas voulu se construire un royaume en Son Nom ?

Rendus dépositaires d’un message, ils en ont assuré la transmission. La première question du catéchisme d’apprenti est : Etes-vous franc-maçon ? La réponse est : Mes Frères et Sœurs et Compagnons me reconnaissent pour tel.

Comme en toute chose, il s’agit d’analyser cette phrase, la déstructurer et essayer s’il y a lieu d’en dégager un sens plus précis.

Mes Frères et Sœurs et Compagnons, mais où sont les Maîtres ? Ce sont également des Frères et des Sœurs comme d’ailleurs les Compagnons. Compagnon a été mis en avant pour le mettre en rapport avec franc-maçon. Alors à qui pensons-nous ? Aux Compagnons constructeurs. Un franc-maçon construit. Il est un constructeur.

Me reconnaissent pour tel. pour pris seul marque le but à atteindre. Joint à tel, l’ensemble devient locution. Une locution est une forme de langage particulière ou fixée par la tradition. En français pour tel et comme tel ont la même signification, à savoir : possédant cette qualité. Joignons pour tel à reconnaître. En français, reconnaître pour tel signifie : admettre, tenir pour.

Etes-vous franc-maçon ? devient : Etes-vous un constructeur ? et la réponse : mes frères et sœurs l’admettent, le tiennent pour vrai. Ils et elles ont vu que j’en possédais la qualité. Quelles que soient nos analyses, elles doivent toutes nous conduire à une compréhension commune partagée. Que construire ? Qu’elle est cette qualité ?

Qu’est ce que je cherche ?
Une reconnaissance que de simples mortels, sans existence, bouffis d’arrogance accordent ou pas ? Oublieux de leur mission, en pleine prévarication, des Lobis et carnets d’adresses sont constitués, tout ceci bien sûr pour le bien de l’humanité. Non merci !

Qu’est ce que je cherche ?
Certainement pas un repli sur moi même, une introversion du fait du désespoir régnant sur ce monde où au nom d’un individualisme méprisable on fait aux autres ce que l’on n’a pas envie que l’on nous fasse. Les droits de l’homme régulés par les marchés, quelle horreur ! Pourquoi certains auraient ils le droit d’avoir et d’être plus que d’autres ? Que l’on me dise pourquoi ? Où est l’amour de son prochain, la compassion ? A vivre en dehors de la Lumière, sans charité, voilà le résultat ! N’oublions jamais que ce qui est écrit est écrit. N’oublions jamais que l’espèce humaine qui clame partout son libre arbitre est l’unique responsable des abominations commises dans ce monde. Elle a même inventé le diable pour se déculpabiliser. Pourquoi voulez-vous que Dieu se préoccupe de ces animaux ?

Ayons cependant confiance, sa miséricorde est grande.
Peut être que : « Tu ne chercherais pas si tu ne m’avais pas déjà trouvé ».

Comme pour tout bon constructeur, de bons outils. Les manier demande un apprentissage prudent si non l’imperfection guette. De plus un tablier déployé qui protégera d’éventuelles blessures n’est pas superflus.

Alors quels sont ces outils ? Un marteau, un ciseau, une équerre, ceux qui bougent. Le marteau et le ciseau, outils du tailleur de pierre et pourquoi de pierre ? Par ce que je suis un franc-maçon, un constructeur et que la pierre a été depuis l’aube des temps le matériau privilégié pour la construction. Que nous disent ces constructions ? Elles s’expriment par la géométrie de leurs rapports, par leurs emplacements géographiques, par leurs interférences, entre elles ou avec d’autres systèmes qui sont en fait l’expression d’un seul rapport qui a déterminé tous les autres géométriquement identiques mais différents dans leurs substances. Ou tout simplement par leurs formes. Dolmen, pyramides et cathédrales sont des visages différents mais parlent de la même Puissance. La franc-maçonnerie en parle dans ses rituels et la représente sur les tapis de loges. Et pourquoi ces outils ? Par ce que se sont ceux que l’on doit utiliser pour travailler la pierre. Je les utiliserai donc.

Mon travail se fera par l’équerre. Tout ce ci paraît étrange. Tout est symbole. Une bonne définition de Jean Pierre BAYARD (La spiritualité de la Franc Maçonnerie) nous dit : qu’il signifie la chose même ou l'idée matérialisée qu’il évoque, il ne la représente pas seulement par analogie. Il évoque nécessairement un complexe de pensées qui se projettent en lui, et c’est cette projection qui s’impose ensuite à nous. En fait le symbole est un intermédiaire entre notre dimension et une autre, entre différentes couches, faces, strates où éléments d’une même structure dont certains nous sont totalement inaccessibles. L’idée véhiculée possède la même signification conceptuelle dans les dimensions concernées mais pas obligatoirement une même application. Je prends un exemple : la verticalité a pour nous la plupart du temps le sens d’être bien droit dans la hauteur, jamais courbé, alors qu’ailleurs elle pourrait juste indiquer le sens d’une opération à effectuer, de haut en bas ou de bas en haut. Le concept de verticalité se conserve mais l’application diffère. Tout est simple, tout est complexe. Que de travail ! Mais peut être que par l’intuition et la simplicité tout s’éclaire ? Ne pas intellectualiser, raisonner, mettre en équations systématiquement pour comprendre, prouver, expliquer, reproduire, construire dans l'orgueil, la vanité, mais laisser la porte ouverte au rêve, au merveilleux, au féerique, à l’étonnement pas à l’incrédulité ; soyons des enfants ébahis devant un tel mystère et acceptons-le, humblement, sans peur, en toute confiance, voilà une bonne approche.

Mon but en toute humilité n’est pas d’expliquer, de vouloir donner des leçons, mais simplement de montrer ma perception, ma compréhension qui n’est pas une science exacte. J’insiste car les plus grands des dangers tapis sont cette vanité, cet orgueil spirituel souterrain, sournois rampant qui rôdent, qui cherchent la moindre faille, le moindre relâchement de notre part pour couper tous les filins, détruire tous les ponts.

Pour en finir avec les outils, je ne résiste pas au plaisir que j’ai à vous parler du fil à plomb. Nos outils ne sont pas tous statiques, le mouvement les accompagne assez souvent, sauf pour la Bible, le maillet et le Compas. Le fil à plomb me donne la verticalité, comme le niveau l’horizontalité et comme l’équerre lie la verticalité à l’horizontalité. Que vais-je faire ? Et bien, je coupe le fil qui soutient le plomb. Je fais un faux mouvement. Par la pesanteur il tombe sur le sol, certes mais en direction du centre de la terre. Le centre un autre concept ! La terre tourne autour du soleil, centre du système solaire, qui tourne autours de la voie lactée qui tourne autours du centre du groupe local des galaxies voisines qui à leur tour vers le super amas local (groupe de galaxies encore plus vastes) qui se dirige lui-même vers ce qu’on appelle « le grand attracteur », un immense complexe de galaxies massives situées à une très grande distance. Les notions de centre, de cercle apparaissent tout simplement en partant de mon sympathique fil à plomb. Et pourquoi le « big bang » ne serait-il pas l’explosion d’un trou noir ayant fini son œuvre de concentration de matière. Ce modèle en vaut bien un autre. Il est aussi vrai que faux. Les modèles ne sont-ils pas pour nous, même s’ils se réalisent, que des illusions de perception de l’énergie créant des formes. La Puissance immense, totalement détachée de cette contingence dépasse l’entendement humain. Le but nous sera toujours étranger. Les astro-physiciens ont établi que la densité de l’univers peu de temps avant son explosion avait été proche de 1 pour varier de 1/10 soit 0,1. Si elle s’était éloignée de ce rapport, de cet équilibre, le déclenchement de toutes les phases participant à la construction du monde n’aurait pas eu lieu. La densité n’a varié que d’un rapport, non d’une quantité. Eblouissant ! Le nombre d’or, Pi auraient- ils une influence quelconque ? Est ce là leur origine ? Leur rôle premier ?

Le monde ne doit sa forme qu’à un rapport.

En physique quantique une particule en rotation (ou spin) qui tourne vers l’Est ou l’Orient (inverse du sens des aiguilles d’une montre) représente le 1 et une autre qui tourne vers l’Ouest ou l’Occident (sens des aiguilles d’une montre) représente le 0. Ce qui veut dire que la particule tourne dans les deux sens en même temps et représente à la fois le 0 et le 1 (ceci sans observation). De même on applique 7 impulsions à 7 particules qui tournent en même temps d’ouest en est (0,1) sans les observer. On aboutit à une superposition d’états qui représentent simultanément 128 états ou 128 nombres. Le (0,1) en physique quantique est appelé qubits ou cubits.

Ne serait ce pas là notre pierre cubique ?

La Bible ne relève pas de la pièce de musée. Bien au contraire, son actualité c’est maintenant et tous les maintenant elle est d’actualité. Rappelons-nous ce que dit Jésus : si nous devions retenir et faire qu’une seule action, c’est celle de l’amour de son prochain. Sans le Livre tous les espaces sont vides et notre espace à nous n’est pas vide. Nous contemplons maintenant la vraie puissance de nos symboles, de nos outils qui ont traversé tous les âges. Il existe une façon particulière de lire, de compter, d’écrire et de parler. Ne jamais s’arrêter à la surface des choses, des idées, toujours essayer de voir ce qui se cache derrière le voile est une nécessité. Je dois me mettre en adéquation, me rendre compatible pour réintégrer dans la convergence.

Travailler sur soi-même est la première tâche. Si je suis sincère l’amour se fera jour et je voudrais le partager avec toutes mes sœurs et tous mes frères humains. Je ne supporterai plus leurs souffrances, l’injustice et l’intolérance.

Je serais compassion, charité dans l’humilité, bien plus riche que la solidarité. Je serai vibration sur le chemin de la complémentarité. Pauvreté, esclavage, profit n’ont jamais été des états naturels dans l’ordre des choses. L’horreur économique les a créés. Maintenant elle détruit la planète, tous ses rapports. Elle est devenue un repère de vipères. L’homme a oublié son Nom. Une grande aliénation s’annonce. Elle mettra en danger la stabilité du monde sous une forme nouvelle d’inquisition. Le ciel et la terre sont en nous.

Rappelons-nous (Jérémie 3-16) :On ne dira plus : Où est l’Arche de l'Alliance de Yahvé ? On n’y pensera plus, on ne la regrettera plus ; on n’en construira plus d’autre.

Je ne suis qu’un apprenti dont le sac à dos s’alourdit tout le long du chemin.

En guise de conclusion j’aimerai vous lire un petit poème de ma composition :

Toi, le guerrier caché,
Qui sans cesse guerroyait,
Pour la Gloire de notre Seigneur,
Toujours grand ouvert était ton cœur,

Du trébuchet au bûcher,
L’antéchrist t’a emmené,
Pour la Gloire de notre Seigneur,
Toujours tu l’as gardé dans ton cœur,

Que justice te soit rendue,
Toi que le monde a vendu,
Pour la Gloire de notre Seigneur,
Pour lui tu n’as aucune rancœur.

Gloire à son Nom.

A la recherche d’une spiritualité perdue !
La spiritualité maçonnique,
Un grand Silence intérieur et extérieur.

La voie royale de la Connaissance est un Chemin qui n’est pas un chemin. C’est le monde mystérieux de la résurrection. L’esprit souffle là où il veut, laissons-nous toujours emporter par la vague de la « Connaissance ».

Comment définir cette spiritualité : c’est l’écoute de soi pour discerner ce que nous pouvons admettre en notre Intérieur sans troubler nos principes moraux.

Cela peut se faire grâce à l’écoute, à une attitude de réceptivité, de maniabilité et de souplesse. Il faut ainsi s’occuper de soi avec ordre, et avec fruit par la lecture, l’écriture, la psalmodie, la prière intérieure, la méditation et le travail, c’est donc une écoute tranquille de notre cœur. Cette spiritualité vient à nous si nous n’avons pas un attachement excessif aux lumières rationnelles, à l’orgueil, voire à une suffisance intellectuelle, à la superficialité et aux manques d’attention aux réalités spirituelles.

La voix de la spiritualité passe donc par une profonde transformation de soi.

Mais entrer dans les profondeurs de son cœur signifie aussi avoir un chemin à parcourir, chemin pour nous libérer de nos idoles, de toutes les illusions pour aller vers l’Humilité.

Notre but spirituel ne doit pas être de chercher l’épanouissement de soi en fonction de nos propres valeurs et capacités humaines. Non, l’homme en recherche doit se réaliser en lui-même par l’accomplissement de ses propres possibilités, car le bonheur de la réalisation en soi n’est pas une fin en elle-même et ce n’est point un absolu de vie.

La spiritualité c’est se connaitre soi-même comme esprit. L’homme doit vivre avec un esprit conscient dans une forme de transcendance. Il doit bâtir son temple intérieur par une méthode symbolique comme par exemple en prenant le temple de Salomon comme référence. Le symbole doit alors être comme un aiguillon pour la connaissance, nous sommes alors dans une quête d’absolu sans transcendance, nous devons en fait viser le perfectionnement de nous-même.

Faut-il nous laisser conduire par l’esprit ? La recherche de la spiritualité est une invitation sans jamais rien imposer et cela ne nous fait pas perdre notre liberté mais au contraire cela nous rend libre. A nous toujours de chanter notre propre partition et non celle de notre voisin. Nous vivons au niveau de notre vie matérielle le plus superficiel de notre être. Nous agissons comme si notre vie naturelle était le tout d’une existence et nous réduisons alors notre vie à une réalisation rationaliste sans hauteur de vue. Notre vie spirituelle englobe tout l’être de l’homme, conscience et inconscience mélangées.

Le franc-maçon doit appartenir à une religion déterminée car il prête son serment sur la bible. Et en entrant en maçonnerie il ne cesse pas pour autant d’appartenir à sa religion d’origine s’il le désire. La franc-maçonnerie est au-dessus des religions car elle ne révélera pas de vérités supérieures à un enseignement religieux, elle incite seulement à chercher sa propre vérité pour la réaliser en lui-même.

Oui l’origine de la franc-maçonnerie est chrétienne. Mais si les rituels d’origine anglaise ont été faits à la mesure du christianisme catholique, les rituels continentaux ont pris une autre voie. Les rituels n’ont pas vu leur contenu religieux réduit car ce ne fut point une laïcisation des rituels. Le but était alors d’aplanir les différences entre les juifs et les chrétiens. La déchristianisation des rituels français est particulière car il a été abandonné les deux saints jeans lors des célébrations des fêtes d’ordre. Oui le caractère chrétien de nos rituels est très marqué surtout par cette assertion : « aucun profane ne peut être reçu s’il ne professe la religion chrétienne » et s’il n’est pas « fidèle à la sainte religion chrétienne », alors comment douter encore de sa conception chrétienne ?

Quels sont les points particuliers d’une franc-maçonnerie chrétienne ? Cinq grandes valeurs sont mises à la lumière :

  • La tolérance : c’est la tolérance religieuse qui permet de mettre les religions sur un pied d’égalité. Or il existe des incompréhensions de la « chose » religieuse qui vont créer une forme d’intolérance intellectuelle, le manque de culture « chrétienne » et de connaissance va créer de l’Intolérance. Cette Tolérance qui nous est si chère passe par le respect de la personne humaine, par le respect de la Liberté, par le respect du cheminement intellectuel et spirituel en chacun de nous et cette Tolérance doit alors ne jamais provoquer l’Indifférence.
  • La construction du Temple : c’est le thème de nos franc-maçonneries, nous construisons en commun mais ensemble aussi car tout est « œuvre commune ». Dans ce temple que nous construisons il y a des réceptions et des initiations qui ne sont que le fruit d’un Collectif, ce qui est une méthode contraire à celle de l’alchimie qui privilégie le travail solitaire. Par ce travail en commun avec un travail individuel nous trouvons un renouvellement permanent de notre travail et de notre façon de penser. Oui entendre en loge plusieurs fois le même sujet traité est une vraie source d’enrichissement et non jamais d’appauvrissement. C’est la répétition qui crée le maçon. La loge a une unité Fraternelle et spirituelle, c’est un être vivant qui ne doit pas être une hydre vivante car nous construisons le temple du « grand architecte de l’univers » et non celui de « l’humanité ». Nous ne pouvons pas édifier un temple à l’Humanité car nous élèverions un temple en construisant notre propre Idole. Le franc-maçon doit avoir un rayonnement personnel après avoir été transformé par l’initiation et la franc-maçonnerie pour l’accompagner travaille dans une Loge qui n’est pas une église ni un club de réflexion sociale et politique.
  • Le principe transcendant de la franc-maçonnerie est le grand architecte. Dieu est le créateur qui donne l’être à toutes choses, il est l’auteur du plan du temple que bâtissent les maçons. Il est à l’origine de l’œuvre maçonnique et c’est à sa gloire que cette œuvre s’accomplie. Dans cette construction c’est l’humanité elle-même qui y trouve son accomplissement, non dans l’orgueil et la démesure comme les bâtisseurs de la tour de Babel, mais tout cela se fait dans un acte d’amour qui répond à l’amour de Dieu. Cette tour de Babel fut érigée avec une idée de se retrouver si cela devait aller mal pour le genre humain. De même l’idée de se retrouver si tout devait aller mal se retrouve dans la confusion des langues, confusion qui possédait des signes propres et qui exprimait des idées : c’est la confusion des langues qui a été confondu avec le langage des architectes qui a déterminé alors les maçons à créer des signes pour se reconnaitre entre eux. CQFD.
  • Les pierres vivantes : Nous sommes des pierres brutes mais vivantes, nous ne sommes que les pierres du temple que nous élevons. Chaque franc-maçon doit ainsi se travailler lui-même de manière à être capable de s’intégrer dans l’édifice auquel nous travaillons tous ensemble.
  • Lumières et ténèbres : Il n’y a pas de place en maçonnerie pour un principe des ténèbres situé sur le même plan que le principe de la lumière. Dans la genèse il nous est dit qu’il existe d’abord la lumière puis le soleil et la lune. Les ténèbres ne sont que l’absence de lumières et la source des ténèbres où erre le profane avant sa réception réside dans l’acte où l’homme s’est volontairement séparé de Dieu car il a voulu construire un temple pour lui-même. Ainsi lors de la réception la communication de la lumière n’est que l’annonce de cette illumination intérieure à laquelle tout maçon doit parvenir. La conception de l’Homme ne peut être dictée par les choses provenant d’un matérialisme mondialisé. La question qui se pose alors est la suivante : « La laïcité a-t-elle une valeur maçonnique », est-elle une opposition à une éventuelle spiritualité ? Devons-nous alors distinguer « laïcité en soi » et « spiritualité en soi » ? La spiritualité est plus un état d’esprit qu’un principe intangible car c’est la liberté qui doit « guider nos pas. »

La franc-maçonnerie est un Ordre séculier proposant un système hiérarchisé de règles dont la finalité est la libération de l’homme par l’initiation, c’est à dire grâce à des voyages intérieurs qui seuls permettent la connaissance de soi et la maitrise de son ego.

Mais la tradition n’est pas seulement un ensemble de coutumes et de rites. Elle induit obligatoirement une doctrine métaphysique portant sur la valeur transcendantale de l’Homme, avec la vérité dépassant parfois l’Homme lui-même en connaissant alors les principes universels qui régissent l’ordre du Monde. Il est vrai que l’utilisation du terme « spiritualité » induit l’affirmation de la primauté de l’esprit sur la matière, l’esprit étant en ce sens une réalité substantielle spécifique de la matière. La spiritualité c’est bien l’affirmation de la primauté de l’esprit sur la matière. Cet esprit n’est pas coupé du corps car chaque être humain possède une valeur sacerdotale et prend conscience du divin qu’il porte en lui. Ainsi il vit perpétuellement en lui et il existe une permanence de l’effort à se réaliser soi-même. Les tenues maçonniques devraient être plus rapprochées et nombreuses. Cette spiritualité implique un certain renoncement aux choses de ce monde et implique ainsi un changement d’état pas à pas et état par état permet son avancement dans sa quête. Elle est une éthique qui ne prétend à aucune valeur absolue et en ce sens elle est a-morale, elle n’a d’autres buts que de comprendre le monde que nous sommes. Et c’est dans cette Liberté d’examen de soi qu’existe la Connaissance. Nous devons aller vers la spiritualité en arrêtant d’agir à tout prix pourvu qu’on agisse, en arrêtant de penser à nos manques, d’arrêter de hiérarchiser le travail dans le cadre de son approche spirituelle.

Mais la spiritualité, est-ce la tentation du désert ? Voulons-nous toujours nous libérer de l’anarchie déréglée de nos passions. La tentation est souvent omniprésente dans notre soif de vérité et de foi. Cela nous oblige à passer par de nombreuses épreuves dont celle de la Foi, celle de l’Espérance, celle de l’Amour ?

Cette spiritualité passe par l’estime de soi et c’est l’humilité qui en est le maître-mot. Entre orgueil et mésestimation de soi le chemin est souvent plus dur à faire qu’il n’y parait. Malgré parfois des désirs infantiles de toute puissance parfois accentuée par une vision narcissique nous pouvons nous élever et grandir. Notre valeur d’Etre qui passe par l’Amour peut nous aider à être ce que nous sommes, soit nous-même.

Dans notre vie maçonnique très peu d’occasions s’offrent à nous de briller et nous avons parfois en nous le besoin de faire en sorte qu’une tenue maçonnique avec ou sans réception se déroule parfaitement. Par notre exemple et notre office de loge, nous pouvons circonvenir à toutes nos ambitions et nos déplacements « spatiaux » dans le temple nous permettent de vivre notre Liberté.

Notre besoin de reconnaissance peut parfois manquer d’une confirmation extérieure par la solitude. Mais réunis tous ensemble en tenue nous rassérène et nous rend digne à nos yeux de vivre au milieu du temple des frères et sœurs réunis.

L’humilité fait aussi partie de la spiritualité, elle est donc engendrée par l’estime de soi de façon paradoxale. Lors des tenues nous tentons de prendre place en nous en ayant conscience de la place que nous occupons dans le temple. Nous sommes fiers et heureux d’être là au milieu de nous-même, l’esprit et le corps apaisé. Mettons alors ce bonheur et cette magnanimité au service de Dieu.

Face aux regards des autres nous-mêmes nous nous sentons à égalité, en fraternité non jugeante, sans dépendance de son approbation, seul juge de nous-même. Et par la connaissance de nos limites et de nos défauts ainsi que par l’utilisation des moyens spirituels mis à notre disposition nous pouvons avancer en pleine lumière. La Miséricorde aidant nous assumons ce que nous sommes dans un abandon joyeux et dans un dépouillement total pour vivre nos valeurs chrétiennes d’amour, de charité, d’espérance. Libre de nos pensées, de nos besoins primaires, de nos jugements hâtifs nous voici face à nous-même. Ne soyons alors ni sur-indépendant ni sur-dépendant mais soyons simplement dans une amitié qui transcende le temps et l’espace en étant toujours véridique sans aveugler notre esprit.

Maçon il nous faut sans cesse contrôler nos sentiments, sans raidissement et sans violence. En élargissant notre point de vue par la « confrontation » avec les autres nous-mêmes nous pourrons arriver à une forme d’Objectivité en sachant renoncer à ce que l’on croyait vrai. A l’appel de la volupté répondons par la chasteté spirituelle ; à l’orgueil répondons par une fraternité affective d’humilité ; au mensonge répondons par une ouverture de pensée confiante aux destinés des hommes et du dessein de Dieu. Il nous faut donc aller vers l’Espérance, et l’Espérance est Confiance, et la Confiance c’est la Conscience de soi qui fait des maçons des hommes « murs » par son amour, par son travail, son humanité et sa contribution permanente aux valeurs spirituelles de l’âme.

Le 29 mai 2020, jour de la saint Aimar. D. B.

Les agapes : Sens et significations.

Nous disons souvent que les agapes sont le prolongement de la Tenue. Les agapes fraternelles sont un moment privilégié pour mieux connaître les Frères, libérés des rigueurs de nos rituels. En ce sens, nous pouvons les considérer comme une sorte de sas entre le Sacré de la Tenue qui vient de s’achever, et notre retour dans la vie profane.

Tableau de Ugolino da Siena : La dernière Cène
Tableau de Ugolino da Siena : La dernière Cène

Néanmoins, quand on voyage un peu, on constate que le déroulement des agapes, dans le monde maçonnique, varie beaucoup selon les Loges ou les circonstances : certaines agapes sont dites « rituelles » ; on parle aussi « d’usages de table » ; mais il arrive aussi que les conversations tournent autour de sujets profanes, d’intérêts ou de préoccupations individuels, quand ce ne sont pas des grivoiseries.

Lorsque j’ai participé, pour la première fois, à de agapes dans nos Loges de la Stricte Observance, j’ai pu apprécier leur justesse et leur essentialité.

Ce travail n’a pas la prétention de dire, ni même de suggérer, ce que devraient être nos agapes ; j’ai simplement eu envie de m’interroger sur leur sens (au singulier), et leurs significations.

Je vous propose de vous faire partager me réflexions, selon le plan suivant :
1 – La place du repas dans les traditions, et les règles qui l’accompagnent,
2 – La définition du terme « AGAPE », avec son sens et ses significations.

I – LA PLACE DU REPAS DANS LES TRADITIONS, ET LES REGLES QUI L’ACCOMPAGNENT

Lorsque l’on parle d’agapes, on pense tout d’abord à un repas. Or, le repas est un moment important dans les traditions. C’est d’abord une nécessité vitale : « Il faut manger pour vivre ». Ce besoin élémentaire étant satisfait, il s’y ajoute un besoin social, ou affectif : on partage. Le « compagnon » est celui qui « partage le pain ».

Le partage du repas crée un lien tellement fort que la rupture de ce lien est stupéfiante. Le soir venu, il était à table avec les Douze. Et, tandis qu’ils mangeaient, il dit : « En vérité, je vous le dis, l’un d’eux me livrera... Quelqu’un qui a plongé avec moi la main dans le plat, voilà celui qui va me livrer. Matthieu, 26.20-23

Les despotes, non seulement empêchent les vaincus de célébrer leurs repas rituels, mais leur imposent les leurs : Il n’était même pas permis de célébrer le Shabbat, ni de garder les fêtes de nos pères... On était conduit par une amère nécessité à participer chaque mois au repas rituel, le jour de la naissance du roi et, lorsqu’arrivaient les fêtes dionysiaques, on devait, couronné de lierre, accompagner le cortège de Dionysos. Un décret fut rendu... pour que dans les iles grecques du voisinage, l’on tint la même conduite à l’égard des Juifs, et que ceux-ci prissent part au repas rituel, avec ordre d’égorger ceux qui ne se décideraient pas à adopter les coutumes grecques. 2e Livre des Maccabées, 6.6-9. Moment privilégié, donc, avec ses obligations et ses interdictions.

Les rites accompagnant les repas sont souvent des rites commémoratifs, issus de ce qu’on appelle les « lois de témoignage ». L’observation du Shabbat est un rappel de la Création.

D’autres prescriptions accompagnant les repas échappent, apparemment du moins, à la raison. Ex : l’interdiction de certains aliments ou de certains mélanges au même repas. Adam est végétarien, et n’a de limite que celle du fruit défendu.

Après la chute, les choses se compliquent. Il faut attendre Noë pour que la consommation de la viande devienne licite. Et encore, il y a une différenciation très nette entre les animaux purs et les animaux impurs, ces derniers ayant toutefois le droit d’exister. Ainsi, dans l’Arche, il y a 7 couples d’animaux purs et 2 couples d’animaux impurs.

Le repas s’accompagne de règles que nous pourrions qualifier de règles de bienséance ou d’hygiène :

As-tu pris place à une table somptueuse ?
N’ouvre pas la bouche pour la vanter,
Ne dis pas : « quelle abondance ! »
Souviens-toi que c’est mal d’avoir un œil avide.
Ne te jette pas sur le plat en même temps (que ton hôte)
Mange en homme bien élevé ce qui t’est présenté,
Ne joue pas des mâchoires, ne te rends pas odieux.
Ne sois pas glouton, de crainte d’un affront.
A régime sobre, bon sommeil.
L’insomnie, les vomissements, les coliques,
Voilà pour l’homme intempérant.
Si tu as été forcé de trop manger,
Lève-toi, va vomir, et sois soulagé.
Avec le vin, ne fais pas le brave,
Car le vin a perdu bien des hommes.
On t’a fait président ? Ne le prends pas de haut,
Sois avec les convives comme l’un d’eux,
Prends soin d’eux, et ensuite, et ensuite assieds-toi.
Parle, vieillard, car cela te sied,
Mais avec discrétion : n’empêche pas la musique.
Parle, jeune homme, quand c’est nécessaire,
Deux fois au plus, si l’on t’interroge.
Ne traite pas avec les grands d’égal à égal… »
L’Ecclésiastique, 31.12-31 ; 32.1-9

Les repas permettent aux membres d’une même Tradition de se reconnaître et de s’affirmer dans une commune identité. Le repas est un symbole, donc un signe de reconnaissance. Dans toutes les traditions, on retrouve à peu près les mêmes règles pour ce qui est du déroulement du repas : On peut dire que la bénédiction est, en fait, le rituel entier du repas. Elle ne se limite pas au simple fait de prononcer des paroles. Et ceci est une notion importante, parce que cela veut dire que, quelle que soit la forme qu’on peut donner au repas, le fait de se réunir entre Frères et Sœurs, autour d’une table, implique à lui seul le respect de certaines règles. Dans le Zohar, la bénédiction comporte 10 éléments particuliers, dont certains sont communs à bien d’autres traditions. Parmi les plus courants, citons :
- Le dressage de la table pour le repas : Celui qui n’a pas beaucoup d’aliments, mais qui dresse la table, est loué, car il est dit : « Tu mangeras devant ton Dieu ».
- Le lavage rituel des mains : Celui qui mange sans s’être lavé les mains, c’est comme s’il mangeait une nourriture impure.
- La bénédiction proprement dite

La bénédiction prononcée au moment de la distribution du pain et du vin est une profession de foi. D’ailleurs, cette bénédiction n’est pas seulement un acte de reconnaissance (au double sens du terme), mais elle a une autre dimension : elle diffuse la présence divine sur la terre : Bénis, Seigneur, nos personnes et Tes dons, que nous recevons dans un religieux silence. ; Seigneur, par Ta miséricorde, rends à tous nos bienfaiteurs la vie éternelle.

Il y a des bénédictions pour les nourritures terrestres (avant le repas, et après le repas), mais aussi pour les nourritures spirituelles. C’est le cas pour nos rituels maçonniques.

- Le fait de partager avec les pauvres
- Le comportement à table : n’être ni glouton, ni vorace, mais comme quelqu’un qui mange devant le Roi.

On trouve dans « Histoire, Obligations et Statuts de la très vénérable confraternité des Francs-Maçons » (1742), les avertissements suivants : Tout homme qui place la souveraine félicité à boire, manger et dormir, et la perfection de l’esprit à jouer, chasser, badiner, savoir l’histoire des toilettes, parler le langage des ruelles, et ne lire que des ouvrages frivoles, est incapable d’entrer dans l’Ordre.

Et encore : Vous pouvez vous réjouir d’une manière innocente, vous traiter les uns les autres selon votre capacité, mais en évitant tout excès, et en ne forçant aucun Frère à mange ou à boire plus qu’il ne veut...

- L’obligation de citer des paroles de la Bible, ou de traiter de certains sujets.

Dans les Loges maçonniques anglaises, les instructions se faisaient à table. Il y aurait beaucoup à dire sur les pratiques des différents rites, fort intéressantes au demeurant, mais cela nous emmènerait trop loin. Revenons donc au sujet de cette planche.

II – LA DEFINITION DU TERME AGAPE, ET LA DISTINCTION ENTRE LE SENS ET LES SIGNIFIATIONS

Quelques définitions, tout d’abord :

Le petit Robert : Agape (au singulier) : repas pris en commun des premiers Chrétiens. Par extension : repas entre convives unis par un sentiment de fraternité. Agapes (au pluriel) : festin.

Dictionnaire thématique illustré de la Franc-Maçonnerie : Agape : nom donné au repas que faisaient entre eux les premiers Chrétiens commémorant la Cène.

Dictionnaire encyclopédique du christianisme ancien : Dans la communauté pagano-chrétienne, le terme, au singulier, désigne un repas pour les personnes assistées, en signe d’affection et de bienveillance. Pendant un temps, l’Eucharistie demeure liée principalement dans les communautés judéo-chrétiennes, à un véritable repas. C’est le cas de la DIDACHé. Ce repas, qui a un sens eschatologique, n’est pas appelé AGAPE. Quand le repas se sépare de la fraction du pain, celle-ci se déplace le matin. Ce qui est déjà le cas en Asie Mineure, au temps de Pline le Jeune. Le terme KLASIS (fraction) n’étant plus adéquat, Ignace forme le terme AGAPé, sans qu’il s’agisse de l’Agape ; mais le terme d’eucharistie se généralise ; les chrétiens aisés en terre païenne prennent l’habitude d’inviter, au lieu des gens de leur milieu, les pauvres de la communauté, les « nourrissons de la foi » (Tetullien). Ce repas est distinct et autonome par rapport à l’Eucharistie, mais il cherche à en concrétiser la leçon de fraternité partagée. La hiérarchie y est invitée et cherche à en garder le contrôle, à en écarter les abus, à conserver son caractère religieux, en évitant toute confusion possible avec l’Eucharistie. A partir du IVe siècle, l’agape tend à disparaître et, peu à peu, fera place à d’autres formes d’assistance, le terme d’agape est alors employé pour des repas monastiques.

Dictionnaire des religions Agape : voir charité.

Toutes ces définitions sont éminemment intéressantes ; elles ont le mérite d’aspirer à la précision, et elles ont pour but de faire comprendre, de rendre compte d’une chose extraite de la totalité. En effet, tout symbole est polysémite. On peut dire qu’il contient la plénitude d’un sens. Cette plénitude implique la totalité des oppositions, l’unité des contraires, en-deçà et au-delà des distinctions. Le symbolisme est le langage du sens. Le sens est ce qui génère des significations. On peut dire du sens qu’il est une source toujours fraîche. Cette source alimente plusieurs rivières qui irriguent plusieurs terrains.

Ainsi, lorsque nous parlons d’agapes (au pluriel), nous parlons de ce que nous avons compris, retenu, d’une signification, c’est-à-dire, en fait, d’une définition. Le symbole se contemple, alors que la signification se dit. Le symbole est de l’ordre du visible : la signification, de l’ordre de l’audible. L’homme a la capacité de faire le pont entre le visible et l’audible, par son langage.

Les kabbalistes ont une approche intéressante de ce rapport sens-signification. La voici : Le texte de la Thora n’a ni vocalisation ni ponctuation, pour permettre de multiplier ses accès, d’ouvrir les portes à mille lectures. Le rouleau de la Thora est écrit sans voyelles, afin de permettre à l’homme de l’interpréter comme il le désire… puisque les consonnes sans voyelles supportent de multiples interprétations et peuvent être divisées en multiples étincelles. C’est pourquoi nous ne devons pas écrire les voyelle, car, quand il est vocalisé, le mot n’a qu’une seule signification, mais, sans voyelles, l’homme peut interpréter et faire monter des choses nombreuses, merveilleuses et sublimes. Rabbi Bahya Ben Asher, cité par Guershom Sholem

Il faut donc aller du sens à la signification, sinon il est impossible d’avancer, mais il faut aussi remonter de la signification au sens. Faute de remonter au sens, les religions s’enlisent dans le dogmatisme figé et le formalisme, les philosophes se perdent en raisonnements stériles. Nous-mêmes, Francs-Maçons, pourrions être tentés de récupérer les symboles et de les enfermer dans des définitions qui nous conviennent.

Pour en revenir à notre sujet, je dirai que les Agapes (au pluriel) sont des significations. Que nos rituels de table répondent à des différentes significations, plus ou moins formalistes selon les circonstances. Mais que le sens de l’Agape (au singulier), c’est autre chose.

Agape vient du grec AGAPè, qui veut dire amour. De quel amour s’agit-il ? Car il y a plusieurs degrés de l’amour, à la fois distincts et complémentaires. La langue grecque distingue trois termes :
- L’Eros, qui est l’amour sensible et instinctif,
- La Philia, qui est l’amour spirituel et personnel, une sorte d’amitié avec un développement grandiose,
- Et enfin l’Agapè, qui est la grâce que Dieu accorde à l’homme, et qui est participation à son propre amour.

On peut dire que Eros et Philia montent de l’homme vers Dieu, tandis qu’Agapè descend de Dieu à l’homme. On peut dire aussi que l’homme n’aime vraiment et complètement que lorsque la Philia purifie l’Eros, et qu’à son tour elle est sublimée par l’Agapè. L’Agapè s’exprime comme une attitude chrétienne fondamentale.

L’Ancien Testament parle d’un « Dieu qui aime » comme un Père (Os. 11.1) ou comme un époux (Is. 54.5-6). Il se tourne vers les déshérités. Mais cet amour explose avec le Nouveau Testament. En proclamant Dieu AGAPè, Jean poussera à ses extrême conséquences la révélation progressive de l’amour divin (I Jn 4.8-16). L’amour de Dieu est un amour sans motif. Sa raison est en Dieu exclusivement. Cet amour demande une réponse. Cette réponse se fait à la fois dans le sens vertical et le sens horizontal.

Aimez-vous les uns les autres.

Amour désintéressé, et amour des autres pour eux-mêmes. Dans l’amour du prochain est inclus l’amour de l’étranger, voire de l’ennemi. Mais cette définition chrétienne ne doit pas nous enfermer. L’amour que Dieu nous ouvre permet le dévoilement de ce qui est enfoui dans la fraternité humaine.

Je n’irai pas plus loin dans cet essai difficile de remonter au sens de l’Agape. Je ne peux cependant pas ne pas évoquer la Cène (u latin COENA = souper), puisque l’Agape est la commémoration de cette Cène. La Cène est le repas d’adieu au cours duquel Jésus rompt le pain, et le donne à ses apôtres comme on corps, et bénit la coupe de vin comme coupe de la nouvelle alliance en son sang. La Cène est un rite spécifiquement chrétien, mais enraciné dans le Judaïsme. Elle présente plusieurs caractéristiques :
- Elle est célébrée dans le contexte de la Pâque,
- Elle a donc un aspect festif
- Elle concerne une communauté limitée de participants, avec des conditions précises d’admission,
- Jésus fait des gestes sur le pain et le vin,
- Il y ajoute des paroles explicatives.

La nourriture ainsi présentée ne concerne pas uniquement la faim du corps, mais aussi la faim du cœur et de l’esprit.

On peut noter aussi qu’il a existé une « Cène » à formes très variées, au sein d’organisations ou de sociétés qui n’étaient pas des églises au sens stricto sensu. Ces versions sont diverses, mais toutes chrétiennes : elles ne se substituent pas à la consécration des Espèces Eucharistiques, et se réfèrent au Christ d’une autre façon, extra-sacramentelle. On y trouve des équivalences, d’ordres :
- Sacré, dans la Cène des Pèlerins d’Emmaüs (Actes 2, 42 et 80.7)
- Historique et rituel, mais hors Eucharistie : c’est la tradition du pain béni offert à tous les assistants à l’office, sans distinction,
- Chevaleresque et légendaire : le Graal : les assistants sont réunis en cercle,
- Compagnonnique et de métier : la très ancienne « Cène des Compagnons ».

Pour conclure, je me contenterai de citer à nouveau un extrait de « Histoire, Obligations et Statuts de la très vénérable confraternité des Francs-Maçons » :

Vous cultiverez l’Amour fraternel, qui est le Fondement et la maîtresse Pierre, de même que le ciment et la Gloire de cette ancienne Fraternité. Vous éviterez les disputes, les querelles, la médisance et la calomnie ; et vous ne souffrirez jamais que les autres médisent d’aucun honnête Frère ; au contraire, vous défendrez sa réputation et lui rendrez toute sorte de bons offices, autant que votre honneur et votre sûreté vous les permettront, mais non plus loin.

En mémoire de ma Soeur D. B.

le sacré et le profane.

Dieu dit à Moïse :N’approche pas d’ici, retire tes sandales de tes pieds, car le lieu où tu te tiens est une terre sainte.Ex. 3.5

Le monde moderne est arrivé à un point critique et, corrélativement, le monde moderne représente pour le monde une période de crise. René GUENON : la crise du monde moderne

Les vérités qui étaient accessibles à tous les hommes sont devenues de plus en plus cachées et difficiles à atteindre. La sagesse « non humaine » ne disparaît pas, mais elle s’entoure de voiles de plus en plus épais. Il est question, sous des symboles, de quelque chose qui a été perdu, en apparence, et que doivent retrouver ceux qui aspirent à la véritable connaissance.

La philosophie « profane » est une prétendue sagesse, purement humaine, d’ordre rationnel, prenant la place de la véritable sagesse traditionnelle, supra-rationnelle, et non humaine. Pendant toute l’antiquité, l’enseignement des philosophes eux-mêmes, avait à la fois, le plus souvent, un côté exotérique, et un côté ésotérique, ce dernier pouvant permettre le rattachement à un point de vue supérieur. Au fil des siècles, l’exotérisme prit le dessus, allant jusqu’à la négation de tout ésotérisme. Les sciences traditionnelles du Moyen Age furent anéanties, et remplacées par des préoccupations d’ordre utilitaire.

C’est ainsi que l’on a inventé le mot « humanisme », c’est-à-dire la réduction de tout à des proportions purement humaines. Il s’agissait de faire abstraction de tout principe d’ordre supérieur, et de « se détourner du ciel pour conquérir la terre ». L’humanisme était une première forme de ce qui est devenu le « laïcisme » contemporain.

Tout est ramené à la mesure de l’homme pris pour une fin en lui-même. On a fini par descendre, d’étage en étage, au niveau de ce qu’il y a de plus inférieur en l’homme, et ne plus chercher que la satisfaction des besoins matériels, ce qui est illusoire, car cette recherche crée de plus en plus de besoins artificiels qu’elle ne peut satisfaire.

Le confort et la paresse, le manque d’instructions et de curiosité maçonnique, accélèrent, même dans des sociétés qui se disent initiatiques, cette dégradation galopante. Certaines de nos Loges amies annoncent la couleur : il n’y sera pas question de spiritualité.

Fort heureusement, et, qu’on l’évoque ou non, elle EST.

Marie-Madeleine DAVY dans La connaissance de soi, écrit : Tout être porte en lui un soleil intérieur ; l’essentiel est de le découvrir, d’y adhérer afin de pouvoir devenir entièrement soleil.

Le Logos, énergie vitale, est le souffle de vie qui relie l’homme aux mystères. L’homme abrite l’Esprit qui reçoit la Lumière du Logos. La vie de l’Esprit fait sortir l’homme des ténèbres, car l’homme plongé dans les ténèbres est un homme mort ; l’Esprit ne vit pas en lui. Les ténèbres, c’est ce qui enferme l’homme dans son moi, qui ne tire sa satisfaction que dans les plaisirs matériels, du pouvoir sur les autres, de vanité et de fausses valorisations, ce qui ne permet plus de voir la Réalité.

L’homme peut s’ouvrir à la Lumière de l’Esprit s’il admet la manifestation de la grande loi universelle qui lie le manifesté au non manifesté, le créé et l’incréé, et qu’il s’intègre dans le désir de l’harmonisation de l’univers. Au contraire, il se plonge dans les Ténèbres s’il veut expliquer le mystère des origines, preuve qu’il refuse de reconnaître les limites de son intelligence.

Le Logos n’est pas de même nature que la Lumière de la Genèse. C’est le symbole de ce qui éclaire la vie intérieure, condition de l’harmonie entre les désirs et les actions de l’homme.

Sans désir, l’homme ne vit pas, mais il doit chercher à s’informer constamment sur la nature de son désir, car ce qui lui permet d’accéder à la vie spirituelle, c’est l’orientation juste de son désir.

Quelques exemples pout illustrer mes propos : sciences modernes et Sciences Sacrées.

Chaque civilisation a eu des « sciences traditionnelle », d’un type particulier, qui lui appartenaient en propre. Il s’agissait de réadaptations qui ne sont que des changements de formes et ne touchent en rien à l’essence même de la Tradition. Comparons l’approche moderne (profane) de l’approche sacrée d’une science telle la physique : (étymologiquement, la physique signifie « science de la nature », sans aucune restriction). La physique profane constatera un éclatement, une division en multiples spécialités, qui sont étrangères les unes aux autres. Et même si on réunissait toutes ces spécialités, on ne pourrait pas obtenir un équivalent de la physique ancienne.

La conception traditionnelle rattache toutes les sciences au Principe, comme autant d’applications particulières, et c’est ce rattachement que n’admet pas la conception moderne. Car la conception moderne prétend rendre les sciences indépendantes, en niant tout ce qui les dépasse. Et, en séparant radicalement les sciences de tout principe supérieur, on leur enlève toute signification profonde. C’est pareil dans l’ordre social où les modernes ont voulu séparer le temporel du spirituel.

Et que dire de la déformation de l’alchimie vers une chimie moderne ? Certains, par leur incompréhension, leur incapacité de pénétrer le vrai sens des symboles, ont pris tout à la lettre et se sont lancés dans des expérimentations désordonnées. Les alchimistes les ont qualifiés de « souffleurs ». Ils furent les précurseurs des chimistes modernes, avec des matériaux rejetés par les sciences anciennes et abandonnés aux ignorants et aux profanes.

Dans un autre domaine, les mathématiques modernes ne représentent pour ainsi dire que l’écorce de la mathématique pythagoricienne, son côté purement exotérique ; l’idée ancienne des nombres est même devenue absolument inintelligible aux modernes parce que, là aussi, la partie supérieure de la science a totalement disparu.

Comme le résume fort bien Jean REYOR dans Pour un aboutissement de l’œuvre de René Guénon : Il n’y a pas, il ne peut y avoir d’adaptation de la Tradition à l’esprit moderne qui soient autre chose que des concessions ou des amoindrissements. Il ajoute que compte tenu des influences de temps et de lieu, des autorités EXOTERIQUES peuvent légitimement apporter pour l’ensemble des fidèles des adoucissements dans le domaine disciplinaire... pourvu que la doctrine et les rites essentiels soient soigneusement conservés dans toute leur pureté, si, par ce moyen, on peut maintenir, dans la zone la plus périphérique de la tradition, des individualités qu’une plus grande rigueur écarterait définitivement. Mais il ne saurait en aller de même dans le domaine ESOTERIQUE.

Ne trouve t’on pas la même idée dans le rituel d’installation du V.M. ? : Vous admettez qu’il n’est dans le pouvoir d’aucune personne ni d’aucun groupe d’apporter des innovations dans le corps maçonnique.

Mais, qu’appelle t’on le Sacré ?

Maître Eckhart écrit : Le sentiment du sacré [...] naît en nous quand nous prenons conscience d’entrer dans une nouvelle dimension de l’esprit, fondamentalement autre que celles de notre expérience et de notre pensée habituelle, si exaltantes soient-elles. dans Maître Eckhart ou l’ultime métamorphose du sacré de François Chimbault

Nouvelle dimension de l’esprit, effectivement, pour admettre que nos travaux commencent à midi sonnant et se terminent à minuit plein, alors que les FF et SS ont été convoqués à 20h. Quant à l’orientation de la Loge ; une simple boussole la contredirait. Pas plus que l’espace, le temps sacré n’est homogène et continu. Le temps sacré est réversible, c’est-à-dire qu’il est le temps mythique primordial rendu présent. Pendant ce temps sacré, la durée profane est arrêtée.

Si nous nous réunissons en Loge, c’est parce que nous sentons le besoin de nous plonger périodiquement dans le temps indestructible. C’est ce temps des tenues qui nous rend acceptable le temps ordinaire. C’est l’éternel présent qui nous fait accepter la durée profane. Et c’est d’ailleurs cette rupture avec la vie profane qui nous permet de nous régénérer. C’est pourquoi nous insistons sur l’obligation d’assiduité.

Article 7 des statuts de la Stricte Observance Templière : Aucun Frère ou Sœur ne doit se dispenser d’être présent en Loge sans une raison très valable et la permission du Maître. Cette recommandation va bien au-delà de l’obligation administrative. Tiraillés comme nous le sommes entre notre volonté de progresser sur la voie initiatique et la tentation de la facilité du monde moderne, nous ne pouvons pas faire l’économie de travailler et d’être assidus en Loge. Le combat est difficile, car la vie spirituelle n’est pas un long fleuve tranquille.

Voulons-nous être parfaits ? demande notre rituel de réception. Assurément, oui, si nous nous inscrivons dans une perspective de progression initiatique.

Comme l’explique Mircea Eliade, dans Le sacré et le Profane, Pour l’homme des civilisations archaïques, la vie est susceptible d’être sanctifiée. Les moyens par lesquels on obtient la sanctification sont multiples, mais le résultat est presque toujours le même : la vie est vécue sur un double plan : elle se déroule en tant qu’existence humaine, et, en même temps, elle participe à une vie transhumaine... On est fondé à supposer que, dans un très lointain passé, tous les organes et les expériences physiologiques de l’homme, tous ses gestes, avaient une signification religieuse. Rien de semblable ne correspond au niveau de l’expérience profane de la vie. Alors, malgré les doutes, les erreurs, les obstacles qu’est-ce qui fait que l’on reste et demeure Franc-Maçon ?

Lorsque l’on est reçu Apprenti, on a reçu une influence spirituelle. Si l’on doute sur soi-même, sur ses possibilités intérieures, on peut sortir de la Loge, de l’Obédience, mais on demeure un Maçon, car l’état de Maçon est irréversible. La mission maçonnique est de persévérer, car l’ordre maçonnique est un ordre constructeur. En effet, lorsque le Maçon taille sa pierre,
- Il est l’ouvrier
- Il est la matière première
- Il est l’instrument.

Comment séparer 3 fonctions ou 3 états qui sont fondus en un seul ? En fait, cette question n’est pas une question, c’est une constatation. On peut ne pas réussir, mais on EST F.M. Lorsque le Maître de Loge fait d’un profane un apprenti, il dit :
Ainsi je vous reçois comme Franc-Maçon,
- Au nom du Grand Créateur de la terre
- Au nom des Loges Supérieures Unies
- Au nom de mes fonctions et de ma mission.

Comment peut-on imaginer revenir en arrière ? La Tradition Maçonnique nous donne les moyens d’avancer sur le chemin initiatique, grâce aux vertus qu’elle nous enseigne et avec l’aide des outils qu’elle met à notre disposition.

- Au doute, on pourrait opposer la Foi
- A l’erreur, on pourrait opposer l’Espérance
- Aux obstacles, on pourrait opposer la Charité (prise dans son sens étymologique d’amour)

Voilà pourquoi on demeure Franc-Maçon, parce qu’on, l’EST.

DBC 01/2018

Construction de l'étoile à 5 branches

Il y a deux principales manières de tracer une étoile à 5 branches : La première par inclusion d’un pentagone dans un cercle pré-existant, pentagone que nous étoilons en joignant les sommets un sur deux ; la deuxième en partant d’un module : une longueur servant de base au futur écartement des sommets de l’étoile puis en construisant un carré puis la proportion dorée incluant le pentagone puis l’étoile dans un arc brisé gothique.


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Disons que la première méthode est descendante, du cercle vers l’étoile, du ciel vers les hommes, du divin vers l’humain, et que la seconde est ascendante, de l’élévation des hommes vers le divin. Optons pour cette deuxième méthode.

Je trace en bas une ligne horizontale. Si je suis à ma table, elle fait la longueur d’une partie de mon corps : une paume, une palme, un empan, un pied, voir une coudée, une canne. Si je suis métreur sur l’esplanade du futur temple elle en mesure peut-être déjà la largeur de l’allée centrale. Si je suis architecte elle préfigure l’écartement des deux futures colonnes de la façade.

De cette ligne je développe le carré. Si je quitte ma table, il est mon atelier, ou plus précisément le carré de base de mon quartilage, nécessaire à tout tracé et à toute mesure. Si je suis métreur, il est le narthex du futur édifice. Si je suis architecte, il définit la hauteur de la porte.

Je divise ensuite ce carré en deux carrés longs. Apprenti de métier, ils symbolisent côte à côte, au Nord ma Loge et au Sud la Loge des Compagnons finis. Si je suis métreur, ils sont le dédoublement nécessaire au passage à une dimension supérieure. Si je suis architecte, cette division montant verticalement est le trumeau central de la porte à deux vantaux.

Ensuite je me place au centre de la première ligne tracée. De là je trace les deux diagonales de ces deux carrés longs.

Je couche ensuite ces deux diagonales dans le prolongement de la ligne de départ.

Je couche ensuite ces deux diagonales dans le prolongement de la ligne de départ.

Si je suis au sol dans mon atelier je viens de découvrir la proportion dorée. Si je suis métreur j’ai là la base de mes croisées d’ogives. Si je suis architecte je définis ainsi la largeur de l’édifice.

Me positionnant alors aux deux sommets de ma ligne de base je peux maintenant développer la voute qui va contenir l’étoile.

Me positionnant alors aux deux sommets de ma ligne de base je peux maintenant développer la voute qui va contenir l’étoile.

Me positionnant alors aux deux sommets de ma ligne de base je peux maintenant développer la voute qui va contenir l’étoile.

Si je suis au sol dans mon atelier, j’apprécie déjà toute la beauté, toute la simplicité, je commence à percevoir toute la régularité d’un tel tracé. Si je suis métreur, j’ai là devant moi le patron des croisées d’ogives. Si je suis architecte, je viens de définir la mesure du sol jusqu’au centre de la rosace de la façade.

C’en est fini presque fini. Je voulais que la longueur de départ soit l’écartement de deux sommets de l’étoile, cette longueur, je la prends sur les côtés verticaux du carré...

...je la prends sur les côtés verticaux du carré que je viens faire appuyer sur les deux arcs doubleaux.

...je la prends sur les côtés verticaux du carré que je viens faire appuyer sur les deux arcs doubleaux.

J’obtiens ainsi, en plus de la clef de voute et de mes deux extrémités de la ligne de départ deux points formant les 5 sommets du ...

les 5 somments du pentagone régulier.

J’ai inventé cette histoire opérative pour nous accompagner dans ce tracé difficile de l’étoile à 5 branches. Je n’ai pas raconté de sottises, mais cette histoire n’est pas nécessairement en lien avec les Rites Ecossais de Stricte Observance et Ecossais Rectifié. Elle reste un moyen mnémotechnique de construction.

ou les 5 sommets du pentagone étoilé.

La géométrie est un art sacré. Les compagnons bâtisseurs connaissent l'art du tracé régulateur, cette trame sur laquelle le bâti se fonde. Il est le support de la construction, l'interface entre elle et le lieu qui la porte. Nul besoin de mesure, de calcul, même nul besoin d'équerre. Il suffit d'un module de départ, d'un compas, d'une règle et cet art pour peu qu'on y trouve quelque intérêt révèle toute sa beauté.

Au-delà des mathématiques, la géométrie préfigure l’architecture, objet spécial des études du compagnon, lui qui doit construire son temple intérieur avec l’aide de ses voyages, ses quêtes, ses travaux, muni de la règle et surtout du compas. L’éloge particulier de la Géométrie qui, dès l’époque médiévale, apparaît synonyme de Maçonnerie, trouve sa justification dans le fait que l’homme travaille toujours par mesure. Pour le franc-maçon, la relation entre géométrie, art royal de l’architecture et édification spirituelle est incontestable, inspirée de la maxime platonicienne : Que nul n’entre ici s’il n’est géomètre, inscrite au-dessus de la porte de l’école de Pythagore.

Le pardon.

Le Pardon, grand symbole syncrétique des religions du Grand Livre, il est la quintessence de notre existence dans l’univers. Sa puissance n’a d’égale sur notre vie, armé du glaive divin, il pourfend le mal par le Verbe et terrasse les ténèbres d’un estoc porté au cœur de notre égo.

Sa lumière, sève d’amour, coule dans les réceptacles de l’arbre de vie et inonde le jardin d’Eden lavé du péché originel. Sa grâce est sans commune mesure, nous guérissant de tous nos maux, il est le remède et le garant de notre existence en ce monde affable, qui traverse les âges sous l’influence du temps. Temps qui régit la vie et la mort, par de futiles détours. Le Pardon, nous élève sur notre voie transcendante dans la paix et la sérénité à l’unisson de tout ce qui était, est, et sera.

Cette effervescence d’amour nous transporte de bonheur, illumine de mille feux notre chemin et nous guide vers la fraternité universelle dans une symbiose flamboyante.

Voyage spirituel au sein de notre enveloppe charnelle, nos sens nous bouleversent, nos cellules s’extasient, le vent attise majestueusement d’envoûtantes langues de feu tombées des cieux, une glossolalie nous exhorte à l’universalité des peuples, puis le grand saut. Emporté par notre âme nous délaissons la matière, laissant tomber derrière nous l’écorce existentielle, carcan de l’Esprit Saint rayonnant dans les profondeurs de notre être.

La lumière nous transporte, le temps n’est plus, nous sommes au plus profond de nous-même relié à ce fil conducteur, le Divin, Dieu Créateur du Monde universel. Nous l’apercevons il se rapproche, non ! Ce n’est que notre reflet dans le miroir des infinis.

Sommes-nous Lui ?

Mes FF et SS, si le Pardon était inné, alors peut être aurions-nous pu vivre ces instants noétiques, baignés dans un océan de bonheur, exaltés par l’ivresse des profondeurs.

Mais il en est autrement, car la faute créée du savoir fut partagée par Eve à Adam, peut-être dans un souci d’égalité et d’amour envers lui, donnant une raison au Pardon. Amplificateur d’amour, il est la semence de notre monde, sa compréhension devient une belle idée, et son utopisme une vérité.

Sa force se puise dans sa rareté et son insolence nous toise quotidiennement, tant sa légitimité est pour nous difficile à percevoir. Pourtant, Jésus, à la demande de ses disciples, enseigna cette prière devenue fondamentale, pour les chrétiens catholiques, le Notre Père, que je vais vous réciter.

Notre père qui es aux cieux,
que ton nom soit sanctifié,
que ton règne vienne
que ta volonté soit faite
sur la terre comme au ciel.

Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour.
Pardonne-nous nos offenses
Comme nous pardonnons aussi
à ceux qui nous ont offensés,
et ne nous laisse pas entrer en tentation,
mais délivre-nous du mal.

Car c’est à toi qu’appartiennent :
le règne la puissance et la gloire,
Aux siècles des siècles.
Amen.

Vous comprendrez l’importance de cette phrase « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés… » Dieu est miséricordieux, nous demandons toujours le Pardon, mais savons-nous pardonner ?

Savons-nous recevoir pour donner ?

Qu’est-ce que l’innocence ?

Plus l’innocence est présente, plus la faute est lourde, imaginez Adolphe Hitler à l’âge de six ans. Imaginez qu’un homme l’ait assassiné dans les pires affres que l’on puisse entendre.

Que penserait-on de cet assassin à ce moment-là ?

Que c’est un barbare, un être abject sans foi ni loi que l’on aurait soumis à la peine de mort sans vergogne. Et pourtant, si cette personne avait existé, des millions de vies auraient pu être épargnées, et ainsi de suite à l’infini. Les lois et les fautes tiennent nos destins, pourquoi le meurtre d’Abel par Caïn ? : Hénoch, Tubal-cain et enfin Noé, serait-ce pour comprendre le Pardon symbolisé par ce rameau d’olivier apporté par une colombe sur l’Arche, pour signifier le retrait des eaux.

Le pardon est une libération, en grec ancien « aphesis » désigne par ce même mot pardon et libération.

Le refus du pardon nous encre dans la haine, « Si tu rends œil pour œil, le monde deviendra aveugle » disait Mahatma Gandhi, mais j’ai remarqué que les plus haineux sont souvent les moins concernés par le préjudice. Ils sont là, cachés derrière leurs écrans ou leurs plumes, crachant la haine sous le couvert de la vertu. Ils appellent, sournoisement et iniquement, à répondre au crime par le crime installant au sein de leur groupe ou famille une barbarie infâme.

Ils ne cessent d’être dans le jugement, libérant leurs démons intérieurs, exaltant le mal de leur langue pernicieuse, se répandant sur toute la surface de notre monde au travers de cette Toile que l’humain tisse pour son bonheur et aussi pour son malheur.

Mes FF et SS peut être pouvons-nous tout pardonner, sans pour autant tout excuser.

Le pardon est un antidote puissant, il peut nous guérir de milles maux, alors utilisons-le au quotidien et peut être que nos vies en seront meilleures.

Nous disposons d’outils dans le temple afin de le comprendre, et ressentir cette voie de l’égrégore qui fusionne en nous.

Commençons, peut-être, par nous pardonner nous-même, purifions nos âmes, aiguisons notre écoute envers notre prochain, arpentons sans fin les chemins qui mènent au Temple et rêvons que nos métaux se transforme en eau pure.

La symbolique Maçonnique nous ramène toujours à confronter notre égo, et à comprendre la faute, avant de commettre parfois l’irréparable dans le temporel. Cette pierre « en plusieurs morceaux sur lesquels on a travaillé pour les rassembler afin de lui redonner sa forme première », n’inspire-t-elle pas à la réalisation d’un mécanisme d’orfèvrerie vers le Pardon pour « les différentes tribulations qu’a rencontré notre Ordre. »

Le philosophe Jacques Dérida disait « la notion même de pardon est une espèce de folie », personnellement, je dirais le contraire : il serait pure folie de ne pas pardonner et de vivre avec la haine en soi. Nous savons tous ce que la haine peut provoquer au sein de notre âme et de notre esprit, le pardon est pour notre bien, non pour celui de l’offenseur que seule la gratitude prédisposera à une entrée en grâce. Le pardon est profondément personnel et intrinsèque de notre pensée, le diffuser pourrait-être de l’orgueil, alors restons humble dans cet acte divin tant difficile à pratiquer.

« Le pardon est mort dans les camps de la mort » selon le philosophe Vladimir Jankélévitch, je ne veux le croire ; pour preuve l’humanité existe toujours, le pardon à fait son œuvre et seule la mémoire peut parfois fléchir sous le poids du mal. Ce mal, en résurgence profonde chez l’humain, lutte coude à coude avec la haine.

Cette dualité entre le bien et le mal, représentée sur notre tapis de loge, constitue ce combat permanent de la lumière sur les ténèbres.

Nous sommes des guerriers de la lumière, le verbe est notre glaive et le pardon notre bouclier ; ainsi, nous parcourons le monde, dans la lignée de nos frères déchus en leurs temps, par la cupidité de l’homme.

Finalement mes FF et SS ce pardon tant imploré, de par le monde, serait-il notre raison suprême de vivre ?

Deviendrait-il alors une monnaie d’échange, plus forte que l’or ou les pierres précieuses, devenant la convoitise du mal ?

Prendrait-il valeur d’égo et d’orgueil ?

Dans l’affirmative, ce serait la fin de notre civilisation, de notre monde écrasé par la faute, aspiré par la spirale de l’infini et plongé dans les ténèbres.

Que faire alors ?

Et bien, peut-être devons-nous garder cette précieuse étincelle au fin fond de notre être. Le pardon est notre jardin secret, cultivons-le avec amour et laissons-nous guider par lui, tel le soleil guide nos pas sur les chemins tortueux de la vie.

Il est l’essence de l’Eden en notre âme.
Il aspire au divin qui est en nous.
De sa grâce, un retour sur nous-même devient possible.
L’onirisme est son vecteur, il fragmente notre cœur devenu genèse dans le tourbillon de nos sens.
Il diffuse son parfum universel, substance éthérique, la quintessence même de notre existence, le pouvoir incommensurable de l’alchimiste sur notre « Je ».
Distillé aux finis, ses effluves submergent de vagues stellaires les infinis pour l’éternité, portés par la Manne Divine qui eut nourri le peuple de Moïse dans le désert.

Mes FF et SS, cherchons-le en nous…
Il affleure nos sens, nul besoin de magie, sa présence s’acquiert en notre âme et conscience.

Comment tracer la croix de l'Ordre des Chevaliers Bienfaisant de la Cité Sainte


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La croix rectifiée se trace en partant d'un carré.

Vous trouverez dans cette bibliothèque quelques ouvrages, encore accessibles à la vente en librairie et sur commande parfois d’occasion sur Internet, qui ayant retenu notre attention, intéressent l’histoire du Rite Ecossais Rectifié et du Rite de Stricte Observance. Aussi, nous vous donnons d’autres ouvrages sur la chevalerie et son histoire ainsi que des ouvrages sur la spiritualité d’une manière générale et selon l’esprit cultivé par les Sœurs et les Frères du G.P.I.O. et aussi selon les affinités de nos bibliothécaires.

Rayonnage des nouveauts livres intégrants la bibliothèque

  • De Pierre Lumens : Devenir Franc-Maçon au régime écossais rectifié : Le rite écossais rectifié présenté pour ceux qui cherchent
    ➩ Lire la quatrième de couverture
    Cet ouvrage est destiné à ceux qui désirent entrer en Franc-Maçonnerie dans le régime écossais rectifié (rite écossais rectifié). Il présente les points clés, donne des conseils utiles et ne fait pas l'impasse sur des sujets épineux comme le caractère chrétien, la mixité ou la reconnaissance. Il est aussi destiné au Frères d'autres rites qui désirent mieux connaître ce rite si souvent incompris. Enfin il est un support idéal pour les enquêteurs qui trouveront quelques pistes pour leur conversation avec l'impétrant.
  • Philippe Guéniot : Vie et sentences de l'abbé Fournié
    ➩ Lire la quatrième de couverture

    Quatrième de couverture : Prêtre apostat, suppôt de Satan pour les uns (Dr Bataille) ; le plus grand parmi les émules au sein de l’ordre des Elus Coëns pour d’autres (J.Matter); auteur d’écrits amphigouriques incompréhensibles selon certains (Vialettes d’Aignan), divin orpailleur pour d’autres (Louis-Claude de Saint-Martin)... Tel nous apparaît l’abbé Fournié : objet d’appréciations contradictoires. Il nous est présenté comme le disciple intègre et l’irréductible défenseur des enseignements délivrés par le grand théurge et mystagogue bordelais Don Martinès de Pasqually. Non pas brillant mais doué d’un indéniable charisme. Plume maladroite, peut-être, mais au service d’un ordre hermétique qui n’en a pas fini d’illuminer la suite des temps. Ses convictions chevillées au corps, l’âme toute tendue vers l’Éternel, tel se présente en réalité l’abbé Pierre Fournié. « Clerc tonsuré » en mal d’un bénéfice qui lui eût sans doute procuré l’aisance matérielle mais que nous aurions alors peut-être perdu. Ecclésiastique de bonne famille mais impécunieux, telle la postérité nous l’a conservé. Dans ce livre, le premier qui lui soit entièrement consacré, l’auteur entend tout d’abord donner un visage à celui dont la figure se perd dans les brumes de la légende ; pour ensuite entrer de plain-pied dans la lecture de son unique ouvrage, que personne n’a vraiment lu depuis un demi-siècle.

    La Pierre Philosophale : 2021

  • François Guillame Saint-Paul : La Doctrine Willermozienne : Ontologie du Régime Ecossais Rectifié
    ➩ Lire la quatrième de couverture

    La riche personnalité de Jean Baptiste Willermoz, homme de convictions et de rigueur, chercheur inlassable de "La Vérité", aida celui-ci, à ciseler avec une remarquable cohérence, une pensée qui, tout en s’inspirant des nombreuses sources puisées dans la kabbale, la gématrie, l’alchimie, la patristique ou encore le traité de la réintégration, su néanmoins, se hisser au statut de doctrine, démontrant ainsi son autodétermination et son autosuffisance. C’est à partir du corpus doctrinal qu’ont été mises en valeur l’originalité et la profondeur des thèses contenues dans cette doctrine, amenant ainsi le lecteur à se projeter hors des chemins couramment battus et poser un regard nouveau mais retrouvé sur la doctrine willermozienne. L’auteur François Guillaume Saint-Paul, universitaire-chercheur et théologien, écrivain et conférencier, s'est spécialisé depuis de nombreuses années dans l'étude de l'ésotérisme chrétien, de la chevalerie et de l’héraldique ; auteur de nombreux ouvrages sur ces thèmes il propose dans ce livre et à partir de plus de 700 références issues du corpus doctrinal willermozien de nous faire découvrir la profonde originalité de l’œuvre de ce génial lyonnais. Après avoir plongé le lecteur dans l’histoire personnel et intime de Jean Batiste Willermoz, l’auteur nous propose d’aborder la "théosophie willermozienne" au travers d’une christologie largement présente dans le corpus doctrinal, du mystère trinitaire ou encore sa christologie ; C’est à partir de ces paradigmes fondamentaux que peuvent être approchés l’anthropocentrisme de la doctrine mais aussi les raisons pour lesquelles son fondateur a voulu opérer l’ incorporation de la doctrine dans le Régime Écossais Rectifié, tout en excluant de cette démarche initiatique, la théurgie cérémonielle si chère à son "maitre" Martinès de Pasqually (comme il l’aimait à le qualifier) ; dans cette dernière partie seront donc envisagées les conceptions willermoziennes sur l’initiation, le temple, la structure organisationnelle du régime... En manière de conclusion, un épitomé qui s’appuyant sur les théories de la constitution d’une doctrine, évoquent les concepts qui font débats comme "l’émanation", la "réintégration" ou encore la "nécessité de la création". Enfin en appendice ont été intégrés les instructions aux Grands profès (avec une classification par paragraphe facilitant la lecture des notes de renvoi) ainsi que la déclaration sur "la bienfaisance" approuvée au convent des Gaules en 1778 et intégré à ses actes qui rappelle que "les vertus n’ont de mérite que si elles sont en demeure de provoquer une attention plus particulière aux autres".

  • Philippe Guéniot : Les clefs du Jourdain
    ➩ Lire la quatrième de couverture

    Le Jourdain est aussi célèbre qu’il est méconnu. Fleuve à l’insolite géographie, dont la localisation des sources demeure objet de conjectures et qui, au terme d’invraisemblables méandres, sombre dans les eaux saumâtres de la mer Morte. Ce fleuve, enjeu depuis l’origine des temps d’incessantes luttes intestines ; ce fleuve, plus que tout autre, fleuve-frontière, nous instruit d’abord et avant tout de cette frontière de soi à soi qu’il nous va falloir franchir.

    Fleuve-signe, fleuve de toutes les allégories chargées de mystères et lourd d’une symbolique qui traverse les âges pour nous interpeler encore et encore, depuis l’autre rive, sur cette rive-ci.

    Fleuve méconnu, fleuve négligé, auquel le présent ouvrage entend restituer toute l’éternelle grandeur qui est la sienne et dévoiler les multiples arcanes auxquels il facilite l’accès comme aussi les opérations hermétiques dont il est l’agent et comme l’âme. Peut-être c’est le souhait que formule l’auteur se convaincra-t-on, à la lecture de ces pages, qu’il est plus que temps de s’en revenir aux rives du Jourdain.

Rayonnage des ouvrages utiles à la Maçonnerie

  • Le Dieu des francs-maçon. Auteur : André Kervella ➩ Lire le résumé de l'éditeur
    Les francs-maçons se querellent sur l'obligation de croire ou de ne pas croire en Dieu pour être reconnus orthodoxes. Un athée peut-il pratiquer l'entraide fraternelle envers un croyant, et réciproquement ? Les réponses sont contradictoires, et aucune ne peut prétendre être définitive. En s'interdisant une position dogmatique, André Kervella observe que, depuis leur apparition au dix-septième siècle, les francs-maçons ne se sont pas donné la même image de Dieu et n'ont donc pas conçu de la même façon leur rapport à la religion. Il invite à reprendre en main les écritures bibliques et les principales interprétations qui en ont été données, afin de replacer le travail des Loges maçonniques dans le contexte historique et philosophique de son évolution jusqu'à notre époque. Dès lors, comment affronter l'avenir ? D'où, sur la fin, la question cruciale de la laïcité et du combat à mener contre les intégrismes et fondamentalismes liberticides et mortifères.
  • Memento du franc-maçon. Auteur : Guy Chassagnard ➩ Lire le résumé de l'éditeur
    Il ne saurait y avoir de tenue maçonnique sans rituel ; mais il ne pourrait exister de rituel sans mots mystérieux et expressions surannées tout droit venus des temps immémoriaux de l’origine maçonnique. Adepte de la lumière et de la simplicité, considérant comme primordial de pouvoir comprendre et assimiler ce que l’on voit et ce que l’on entend dans le temple, l’auteur a tenu à passer le rituel à la loupe de l’étymologie, de l’histoire et du symbolisme, que ce soit pour le rite français (du Grand Orient de France), mais encore pour les rites écossais, anciens et acceptés (de la Grande Loge de France) et écossais rectifié (de la Grande Loge Nationale Française). Le lecteur trouvera à sa disposition dans cet ouvrage, plusieurs centaines de notices explicatives se rapportant directement au rituel de son rite ; ceci en vue de pouvoir satisfaire sa soif d’apprendre, de comprendre et de partager.
  • Dictionnaire universel de la franc-maçonnerie. Auteur : Daniel Ligou ➩ Lire le résumé de l'éditeur
    Qu'est-ce que la franc-maçonnerie ? Comment devient-on franc-maçon ? Pourquoi parle-t-on de sociétés secrètes, de rites mystérieux, d'initiés ? Qu'est-ce qu'un obédience, une loge, un grand-maître ? Cette nouvelle édition en dico-poche est augmentée de plusieurs articles et témoigne de l'intérêt toujours vif suscité par la "maçonnologie". L'ouvrage reflète la multiplicité des sensibilités et des approches de la franc-maçonnerie ainsi que de la richesse des obédiences. Une importante bibliographie mise à jour complète ce dictionnaire unique en son genre.
  • Entretiens sous l'accacia. Auteurs : Jean Ursin et François Pfohl ➩ Lire le résumé de l'éditeur

    Jean Ursin n'en est plus à son coup d'essai. Après sa série d' « Instructions » des différents Grades du Rite Ecossais Rectifié, lui vient l'idée originale d'associer François Pfohl, ami de longue date, à partager des réflexions sur des questions restées non abordées ou troubles dans l'esprit des « Cherchants » que sont les Maçons désireux d'avancer dans le chemin de la Connaissance. Il en résulte cet ouvrage, présenté sous forme d'entretiens sur des sujets divers et variés, symboliques bien sûr, mais aussi historiques et généraux. Par leur diversité, les objets traités, qui ne concernent pas que le seul R.E.R, constituent une mine d'informations pour les Francs-Maçons de toute obédience souhaitant développer leurs recherches, ainsi que pour les non-Maçons - ceux que les précédents appellent les profanes - qui trouveront à chaque page nombre de détails intéressants. Il s'agit donc d'un livre destiné à un large public qui pourra, à travers sa lecture, agrémenter sa culture générale. Les auteurs nous font toutefois la grâce, par respect pour le lecteur mais aussi pour l'institution, de ne pas aborder de sujets discutables comme le « secret maçonnique », dont ils savent qu'il est d'un autre niveau que celui d'un livre...

    Poursuivant le dialogue érudit qui, dans le premier volume de ces Entretiens sous l’acacia les a parfois menés des rives antiques du Nil, de l’Euphrate et du Jourdain à celles plus brumeuses de la Tamise, de la Seine et du Tibre, Jean Ursin et François Pfohl abordent ici, avec la rigueur, l'honnêteté mais aussi l’humour qui les caractérisent, des sujets aussi éclectiques que la tempérance, les rapports entre foi et sciences, la prudence ou même la comparaison des figures du prophète Elie, de Saint Jean Baptiste dans la Bible et dans les rituels de la franc-maçonnerie. Ce débat spirituel conduit le lecteur à dépasser sa position de spectateur et à s’engager tantôt pour l’un, tantôt pour l’autre, en fonction de la controverse du moment et de l’écho personnel qu’elle suscite. Et au moment de refermer ce livre, de prendre congé de ces deux amis avec lesquels on vient de passer de si agréables moments, on se demande si vraiment Shakespeare eut raison de faire dire à Iago qu’il y a plus de choses sur la terre et dans le ciel que n’en sont rêvés dans la philosophie...

  • Jésus dans la tradition maçonnique. Rituels et symbolismes du Christ dans la franc-maçonnerie française. Auteur : Jérôme Rousse-Lacordaire ➩ Lire le résumé de l'éditeur
    Ce titre a de quoi surprendre ceux qui ne voient dans la franc-maçonnerie qu’un adversaire du christianisme ou qu’une philosophie purement humaniste. Pourtant, la franc-maçonnerie étant née et s’étant développée en milieu chrétien, la figure de Jésus est présente dans la tradition maçonnique, même si c’est de manière très diverse et sous des forment parfois éloignées de celles que reconnaissent les églises. Plus encore, le visage de Jésus apparait dans des lieux cruciaux de la ritualité maçonnique : la légende d’Hiram, la symbolique du Temple et, enfin, le grade de Rose-Croix. Pourquoi privilégier une approche par les rites et les symboles ? Plus stables que les exposés doctrinaux, les rites recueillent durablement les significations des pratiques qui sont au cœur de la franc-maçonnerie, cet ouvrage entend donc avant tout s’inscrire dans le cadre d’une histoire des idées, mais sous l’angle particulier de l’imaginaire maçonnique. Il indique les sources et les cheminements historiques des rites et symboles du Christ dans la franc-maçonnerie française, et présente les regards que les maçons eux même ont pu porter sur cette dimension de leur patrimoine du XVIIIe siècle à nos jours. Les sources de cette histoire des métamorphoses maçonniques de la figure de Jésus étant dispersées, l’auteur s’est attaché à donner de nombreuses citations des documents maçonniques, des références bibliographiques, et un glossaire qui précise le sens du vocabulaire propre à la maçonnerie. Jérôme Rousse-Lacordaire, dominicain est bibliothécaire à la bibliothèque dominicaine du Saulchoir. Il enseigne l’histoire de l’ésotérisme chrétien à l’institut catholique de Paris. Il est l’auteur de plusieurs articles et ouvrages sur la franc-maçonnerie et sur l’anti-maçonnisme, ainsi que, plus largement, entre les rapports entre ésotérisme et christianisme.
  • L'agir de l'être initiatiques : Chemin du sens de la vie. Auteur : Alain Pozarnik ➩ Lire le résumé de l'éditeur
    Dans un contexte économiquement mondialiste et moralement déréglé, comment agir sur notre être pour achever notre maturité spirituelle et profiter des qualités exceptionnelles de notre statut d'humain ? La franc-maçonnerie porte en elle des valeurs ancestrales propres à la création de l'Etre. Elle permet, par un éveil de la conscience, de soumettre la Connaissance à l'expérience rationnelle. Mais pour que cet éveil et cette initiation fonctionnent, en harmonie avec les Lois de la Création, il faut savoir mettre en action les rites, les rituels et les symboles traditionnels. Un mystère simple et impressionnant à la fois. L'Agir et l'Etre initiatiques est une clé. Aux lecteurs de la tourner pour éveiller leur Etre d'Amour et de Justice. Quand on décide de partir à la recherche de son origine, on fait ses bagages et on chemine suivant les traces laissées par les sages. L'initiation est une succession d'actes et d'expériences tangibles. A chacun de se mettre librement en mouvement au fil des pages.
  • Le Maitre Ecossais de Saint André. Auteur : Jean Ursin ➩ Lire le résumé de l'éditeur
    Depuis la fin du 18e siècle, le Rite Écossais Rectifié présente un rameau singulier de la franc-maçonnerie, notamment par son inspiration chevaleresque, issue des survivances templières et de “ l’exigence chrétienne ” de ses fondateurs. Moins connu que d’autres rites maçonniques, il a pourtant connu son heure de gloire au cours des siècles passés avant de manquer de disparaître, puis de renaître à nouveau, tel le Phénix dont il a adopté la devise “Perit ut vivat”. Dans cette tradition héritière de l’aventure néo-templière de la Stricte Observance et des maçons mystiques lyonnais, l’initié parcourt les trois grades traditionnels des loges “ bleues ” - apprenti, compagnon et maître – avant d’accéder aux loges “ vertes ” et au grade de Maître Écossais de Saint-André, dans lequel tout ce qu’il a appris peut être remis en question. Jean Ursin nous offre l’ouvrage qui manquait tant à la compréhension de l’un des grades les plus méconnus.
  • Le Rite français du premier grade au cinquième ordre. Auteur : Hervé Vigier ➩ Lire le résumé de l'éditeur
    La richesse des grades symboliques (Apprenti, Compagnon, Maître), des hauts grades du Ier au IVe ordre (Elu Secret, Grand Élu Écossais, Chevalier d'Orient) et du Ve ordre sont abordés à travers différents thèmes : Le manuscrit de la Parfaite intelligence... ou la Maçonnerie corrigée ; Au fils des usages ; L'astronomie dans les arts libéraux ; La Maison du Maître ; Enfants d'Hiram ou fils de la Veuve ; La marche en arrière ; Vaincre ou Mourir ; Le piédestal de la science ; La Pierre Cubique du IIe ordre ; Zorobabel ; Servitude et Liberté ; La Parole occultée... Le Nom retrouvé ; Les Secrets authentiques ; Les grades bleus du Rite Écossais Ancien et Accepté, genèse et développement ; Joachim de Flore.
  • Dictionnaire maçonnique : le sens caché des rituels et de la symbolique maçonniques. Auteur : Roger Richard ➩ Lire la quatrième de couverture
    Ce dictionnaire, hormis 29 courtes biographies de personnages ayant influencé le cours de l'histoire maçonnique, comprend 1 959 mots puisés dans les rituels. Chaque mot rattaché à son origine, est commenté et une indication concernant sa symbolique est donnée, en ignorant volontairement toute référence qui n'est pas associée à la maçonnerie. De la même manière, le vocabulaire spécifique au Compagnonnage Opératif et d'autres notions souvent mal interprétées dans les travaux maçonniques enrichissent le livre. Quant aux annexes, elles représentent une source importante pour la compréhension des traditions et de l'histoire maçonniques. Des Constitutions aux manuscrits les plus anciens et les plus importants, en passant par les légendes avant donné vie aux différents degrés, l'auteur a réuni ici tous les documents illustrant ses recherches. Ils permettront d'apporter un éclairage nouveau sur le corpus maçonnique. Pratique et exhaustif, ce livre est un instrument indispensable pour la connaissance des rituels maçonniques et présente de marnière objective les spécificités de la Franc-Maçonnerie. Il offrira des " Lumières " aux chercheurs et passionnera tout autant le lecteur non avisé.
  • Les Loges de Saint-Jean et la philosophie ésotérique de la connaissance. Auteur : Paul Naudon ➩ Lire la quatrième de couverture
    Tout au long de son oeuvre, Paul Naudon s'est appliqué à étudier avec soin les origines religieuses, traditionnelles et corporatives de la Franc-Maçonnerie et de ses rites. Ce présent ouvrage s'attache plus particulièrement à l'histoire et au sens du symbolisme fondamental de l'institution que synthétise l'appellation générique de ses loges: les Loges de Saint-Jean. Rédigé dans le seul souci de l'objectivité et de la documentation scientifique, l'auteur explique comment ce symbolisme traduit l'ésotérisme chrétien. Ce présent ouvrage s'attache plus particulièrement à l'histoire et au sens du symbolisme fondamental de l'institution que synthétise l'appellation générique de ses loges: les Loges de Saint-Jean. Rédigé dans le seul souci de l'objectivité et de la documentation scientifique, l'auteur explique comment ce symbolisme traduit l'ésotérisme chrétien. Il transpose les signes les plus anciens par lesquels l'humanité a toujours souligné les préoccupations primordiales de sa pensée et de sa vie quant à ses origines et à ses destinées. En notre monde troublé et de remise en cause permanente, cet enseignement attaché à la tradition demeure d'une vivante actualité. L'existentialisme initiatique qu'il exprime porte les espoirs de la plus haute aspiration, la lumière qui conduit à la plénitude de l'être.
  • Ma foi maçonnique. Auteur : Michel de Just
  • Dictionnaire thématique illustré de la franc-maçonnerie. Auteurs : Jean Lhomme Edouard Maisondieu Jacob Tomaso ➩ Lire la quatrième de couverture
    Agape - Alchimie - Arts libéraux - Cabinet de réflexion - Compas - Divine proportion - Fenêtres - Géométrie et Maçonnerie - Grand Architecte de l'Univers - Initiation - Labyrinthe - Niveau - Nombres - Orient - Outils - Parvis - Rites - Secret maçonnique - Symbole - Tablier - Temple - Tuilage et Tuileur... De l'acacia au tuilage, de la chevalerie à la spiritualité, en 73 chapitres, tous les mots, symboles et concepts de la franc-maçonnerie sont situés dans leur perspective initiatique, doctrinale et historique, pour accompagner tous les lecteurs sur les chemins de l'authentique franc-maçonnerie. Il manquait un ouvrage qui étudiât de manière approfondie et selon une approche globale les grands concepts afin de mieux comprendre la véritable doctrine maçonnique. Soucieux de respecter toutes les expressions de la franc-maçonnerie, les auteurs ont recueilli nombre de documents peu connus et intégré d'autres traductions souvent initiatiques qui exercèrent une influence sur sa genèse et son développement. Un livre de référence inspiré par un but : mieux faire comprendre et vivre de l'intérieur les principaux aspects, rituels, symboliques, spirituels, historiques, de cette voie séculaire. Grâce à 92 entrées et 180 illustrations, ce Nouveau Dictionnaire thématique illustré de la franc-maçonnerie, revu, corrigé et complété, est un véritable parcours initiatique au cœur d'un univers caché en même temps qu'un outil adapté aux adeptes de notre temps.
  • L'initiation maçonnique : essais sur Anderson, Ramsay, Barruel, J. de Maistre, Maine de Biran, Willermoz, Tolstoï, Kafka, Rosenzweig. Auteur : Patrick Négrier ➩ Lire la quatrième de couverture
    Chacun de ces dix discours prononcés en Loge par Patrick Négrier est consacré à la pensée d'un auteur franc-maçon (Anderson, Ramsay, Joseph de Maistre, Maine de Biran, Willermoz), ou d'un écrivain ayant parlé de la Franc-Maçonnerie (Barruel, Tolstoï, Kafka, Rosenzweig). Le dernier texte est une méditation sur le symbole éminemment " maçonnique " qui orne la tombe du poète surréaliste André Breton. Bien plus qu'un simple recueil cet ouvrage est une profonde réflexion sur la Franc-Maçonnerie et l'Initiation. Qu'est-ce qu'une initiation ? Les fondements de l'universalisme maçonnique d'après Anderson et Ramsay. La Franc-Maçonnerie vue par Barruel. L'humanisme maçonnique et les buts respectifs des trois degrés du Rite Ecossais Rectifié, d'après Joseph de Maistre. Le regard maçonnique de Maine de Biran. Le problème du secret chez Willermoz. Les trois buts de l'Ordre Maçonnique d'après Tolstoï. Une phrase de Franz Kafka. Franz Rosenzweig et la Franc-Maçonnerie. André Breton, l'Etoile et le Temps.
  • L'apprentissage maçonnique, une école de l'éveil ? Auteur : Daniel Beresniak ➩ Lire la quatrième de couverture
    Que signifient « Initiation », « Écoles de sagesse », « Éveil » ? Quelles sont les relations entre ces termes traditionnels (et galvaudés) et la pédagogie, la psychothérapie, le savoir et la liberté ? L’étude des rapports entre ce qu’il est convenu de nommer « L’Hermétisme », l’« Esprit de géométrie » et l’« Esprit scientifique » éclaire la relation : mythes comportements. Il convient d’étudier ces relations dans la perspective de l’histoire des idées. Toute formation, initiatique ou autre, est ambiguë : elle apporte un supplément de savoir mais elle est aussi une technique de manipulation et de conditionnement. Comment dégager les critères qui permettent de distinguer l’apprentissage de l’Éveil du lavage de cerveau ? Ce qui différencie le poison du remède est subtil et réside dans un espace fort étroit car l’un et l’autre utilisent les mêmes substances. L’Éveil conduit à la liberté intérieure et le lavage de cerveau conduit à l’asservissement. L’un et l’autre mettent en oeuvre les mêmes mots, les mêmes rituels et les mêmes structures… ou presque. L’Étude des rituels et des symboles maçonniques, à condition qu’elle soit menée, non comme une mémorisation servile de « catéchismes » mais avec un esprit critique et dans une perspective historique, permet d’acquérir un comportement mental sain : l’« Esprit de géométrie ». L’Esprit de géométrie, cultivé selon les règles connues depuis la plus haute antiquité, est le meilleur, voir l’unique antidote à ce poison polymorphe qui constitue le dogmatisme.
  • Les tracés de lumière. Auteur : Jean Tourniac ➩ Lire le résumé de l'éditeur
    Jean Tourniac expose les significations des dessins géométriques utilisés par les maçons "opératifs". À partir de récits bibliques, ces "Tracés de Lumière", propres aux constructeurs de temples et de cathédrales, servent de supports à d'authentiques exercices spirituels ; ils relèvent ainsi d'un art sacré basé sur l'invocation des noms divins judéo-chrétiens. Leur finalité tient dans le "centre du cercle", le coeur du verbe "où nul ne peut errer". La langue des symboles fait alors place au silence contemplatif de la Connaissance en Dieu.
  • Symbolisme maçonnique et tradition chrétienne. Auteur : Jean Tourniac ➩ Lire le résumé de l'éditeur
    Avec une extraordinaire richesse documentaire et un souci scrupuleux des nuances, Jean Tourniac dévoile les significations des rites, symboles et structures de la franc-maçonnerie à la lumière des textes bibliques et liturgiques et des doctrines initiatiques authentiques d'Orient et d'Occident. Nourri d'une foi sincère, l'auteur montre ce que les maçons ont perdu quand l'Eglise s'est séparée d'eux, ce que l'Eglise a volontairement rejeté quand elle a fait de ces hommes de bonne volonté et d'amour, des frères séparés. De nombreuses études ont été consacrées aux rapports entre la maçonnerie et l'Eglise catholique. Bien peu pourtant ont abordé ce problème en partant de l'exégèse symbolique. Dans cette perspective, qu'on ne s'étonne pas de voir la langue du symbolisme présente dans l'Ecriture, dans les rites maçonniques et dans la liturgie s'opérer la symbiose entre l'Art Spirituel du sacerdoce et l'Art Royal de la maçonnerie. L'immense mérite de ce livre est de retrouver un sens profond aux vérités de l'Eglise catholique et au symbolisme initiatique de la franc-maçonnerie.

Rayonnage des ouvrages sur l'histoire de la Franc-maçonnrie

  • Le Symbolisme occulte de la franc-maçonnerie, analyse interprétative du frontispice de la "Maçonnerie occulte". Auteur : Oswald Wirth ➩ Lire un extrait de la réédition de 2004
    La force de la maçonnerie réside en sa tradition. Elle se rattache au passé vivant de l'initiation et prépare la revivification de ce que qui veut vivre en plus complète conscience que jusqu ici. L'occultisme éclaire-t-il en ce sens ? Vraisemblablement, mais à la condition d'être bien compris. Par malheur, ses adeptes se laissent éblouir par des ambitions mesquines. La conquête des pouvoirs occultes les pousse aux extravagances et quand ils parlent de Grand Oeuvre, ils ne visent que la cuisine des souffleurs. Que ne consentent-ils à entrer dans la voie de l'initiation traditionnelle ! J'espère que le lecteur, dans les présentes pages, voudra bien y puiser la conviction que le symbolisme maçonnique est une mine riche en un minerai dont l'esprit peut extraire le plus pur or philosophique.
  • Jésuite et franc-maçon : Souvenirs d'une amitié. Auteur : Révédend Père Joseph Berteloot
  • Ces francs-maçons qui croient en Dieu. Auteur : Jean-Michel Merle, Michel Viot ➩ Lire le résumé de l'éditeur
    Dieu... les francs-maçons... les termes semblent s'opposer, en particulier dans nos pays latins. Les Français, dans leur majorité, n'ont peut-être pas l'exacte mémoire des péripéties des luttes anticléricales, voire simplement des menées antireligieuses de certains maçons qui ont conduit en 1905 à la Loi de séparation des Eglises et de l'Etat. Quelques-uns se souviennent cependant de la querelle à propos de l'école libre de 1984 et du laïcisme militant de quelques dignitaires de la Franc-Maçonnerie française. Mais ce que le grand public ignore, c'est que de tels maçons sont en rupture de ban avec la Franc-Maçonnerie universelle, forte de sept millions de membres, qui ne reconnaît comme obédience régulière en France que la seule Grande Loge Nationale Française. Or pour y entrer, il faut affirmer solennellement sa foi en un seul Dieu révélé
  • La maçonnerie écossaise dans la France de l'Ancien Régime. Les années obscures, 1720-1755. Auteur : André Kervella ➩ Lire le résumé de l'éditeur
    Naguère, des auteurs clamaient que les découvertes en histoire maçonnique ne seraient plus révolutionnaires. Ils prétendaient qu'à l'aube du XXIe siècle l'essentiel était enfin dit, que nous n'apprendrions pas grand-chose de neuf, que les oeuvres à venir ne seraient jamais que des affinements ou des paraphrases d'études déjà écrites. Comme s'ils avaient eux-mêmes balisé le territoire, comme s'ils en avaient dressé le cadastre définitif, charge aux héritiers de marcher sur leurs brisées, l'encensoir à la main. " Et pourtant, en présentant une étude minutieuse des conditions dans lesquelles sont apparues les premières loges maçonniques en France dans la première moitié du XVIIIe siècle, André Kervella fournit une réponse définitive aux questions longtemps controversées des apports extérieurs. Ce ne sont pas les Anglais qui ont exercé une influence déterminante sur les persécuteurs continentaux, mais les Écossais, qui ont conservé leur fidélité à la dynastie des Stuarts, après l'exil de Jacques II à Saint-Germain-en-Laye. Peu soucieux de conformisme, ne s'inclinant que devant les faits, André Kervella adopte une double démarche d'historien et de sociologue. Il propose de dissiper une fois pour toutes le brouillard des légendes et des contrevérités
  • Franc-maçonnerie : la légende des fondations. Auteur : André Kervella ➩ Lire le résumé de l'éditeur
    La franc-maçonnerie est-elle issue des anciennes loges de maçons du Moyen Age ? La réponse est non. Mais on a longtemps cru le contraire. Légende. Encore faut-il le démontrer. L'auteur de ce livre a interrogé les archives médiévales, comme le très ancien Livre des métiers de Paris, pour comprendre ce que signifiaient autrefois les chantiers et les confréries de la maçonnerie. Les textes britanniques qualifiés de fondateurs, il les a analysés avec minutie. C'est à une reconstitution du passé, depuis l'an mille jusqu'au commencement du XVIIIe siècle, qu'il nous invite. Les vraies origines de la franc-maçonnerie sont à rechercher dans les milieux de militaires et intellectuels qui entouraient Jacques VI d'Écosse (Jacques Ier d'Angleterre) et son fils Charles, décapité en 1649 à l'issue d'une guerre civile. Cet ouvrage, rédigé dans un style vigoureux, s'achève là où commence La Passion écossaise du même auteur (Dervy, 2002).
  • Réseaux maçonniques et mondains au siècle des Lumières. Auteur : André Kervella ➩ Lire le résumé de l'éditeur
    En 1688-1689, le roi Jacques II Stuart est chassé des îles Britanniques par son gendre Guillaume d’Orange. Louis XIV lui offre un asile au château de Saint-Germain-en-Laye. À sa suite, sont de nombreux fidèles, dont un nombre significatif de francs-maçons. C’est alors qu’on peut dater dans la région parisienne l’apparition de la première loge qui attire à elle des sympathisants français, tandis que des sensibilisations individuelles se remarquent en province. D’année en année, une mode gagne les élites et les loges se multiplient. Quoique les principes maçonniques soient de réclamer l’éloignement des agitations sociales, ce sont les mondanités dont ces élites sont friandes qui en facilitent le développement. Outre les affinités politiques, il y a les salons littéraires, les bals, les jeux, les spectacles mais aussi et surtout certains Ordres dits de société qui, loin de faire concurrence à la franc-maçonnerie, en sont l’antichambre ou le prolongement. L’auteur de Réseaux Maçonniques et mondains démontre comment un réseau se forme, aux multiples maillages, aux pôles parfois contradictoires, comment il intègre des diplomates étrangers qui s’empressent parfois de faire école dans leur propre pays, comment il accueille les femmes dès les années 1730, donc bien plus tôt qu’on le croit, comment l’aristocratie française répugne à côtoyer les modestes bourgeois. Dans le décor, apparaissent des personnages aussi controversés que le comte de Clermont, les princes de Rohan, les frères de Louis XVI, et même Voltaire dont on ignorait à ce jour qu’il maçonnait en Champagne bien avant son affiliation à la prestigieuse loge parisienne des Neuf Soeurs.
  • Le chevalier Ramsay : Une fierté écossaise. Auteur : André Kervella ➩ Lire le résumé de l'éditeur
    Le Chevalier André-michel Ramsay est l’une des personnalités emblématiques de la Franc-maçonnerie. Auteur d’un ouvrage, Le voyage de Cyrus, secrétaire de Fénelon, il est surtout connu des francs-maçons pour un discours dit « de Ramsay ». Celui-ci est considéré comme un texte fondamental, sinon fondateur, en ce sens qu’il fonderait le mythe des sources chevaleresques, sinon templières de la franc-maçonnerie. De façon fouillée, l’auteur nous livre ici une érudite biographie de ce personnage de roman qu’est le Chevalier Ramsay, dont tous les francs-maçons connaissent le nom sans pour autant connaître l’important rôle tenu par Ramsay au sein de la franc-maçonnerie naissante. C’est le vide que vient combler cette biographie inédite. Celle-ci nous permet de plonger dans le bouillonnement de la haute société du 18ème siècle et de comprendre comment se sont élaborés les systèmes des hauts-grades dits »écossais »
  • Les mystères de la franc-maçonnerie chrétienne. Auteur : François-Xavier Matufa ➩ Lire le résumé de l'éditeur
    Voici un ouvrage qui surprendra ceux qui pensent que le christianisme et la Franc-Maçonnerie sont des courants de pensée résolument hostiles. Pourtant, comme le démontre l'auteur, il existe bel et bien une Franc-Maçonnerie d'inspiration chrétienne où diverses figures bibliques, tel Noé, fondateur des confréries de charpentiers, jouent un rôle majeur. François-Xavier MAFUTA retrace les origines de cette Franc-Maçonnerie chrétienne, ses liens avec l'ordre du Temple et d'autres ordres militaires et monastiques. Il dévoile l'existence d'une Grande Loge en Afrique et aboutit à la symbolique de " l'Arche royale ", éclairant au passage de nombreuses énigmes. Né en 1953, François-Xavier MAFUTA est diplômé de l'Université catholique de Lyon (Langue et Littérature françaises) et chimiste. Franc-Maçon, il est l'auteur de Mystères Bibliques de la Franc-Maçonnerie et de L'ésotérisme maçonnique du Rite de l'Arche royale.
  • Le comte de Clermont - Un singulier Grand Maître. Auteur : André Kervella ➩ Lire le résumé de l'éditeur
    Peut-on, en même temps, être ecclésiastique prêchant l’amour du prochain et général menant une armée au carnage des batailles ? Peut-on briguer l’Académie française avec l’idée de ne jamais la fréquenter ? Peut-on souhaiter l’égalité entre les hommes et se revendiquer d’une élite ? Peut-on se vouloir fils des lumières et cultiver la pénombre des huis-clos ? Certains hommes aiment le paradoxe, en font un style de vie. Ils sont rares. Rien ne dit que le comte de Clermont l’ait volontairement recherché. Ne s’est-il pas simplement laissé porter par sa nature, son milieu ? Issu de sang royal, il vit dans un siècle où la fortune et la proximité du pouvoir confèrent une grande impunité et autorisent alors les outrances. Mais d’autres sont comme lui, de même naissance, de même lignage, et ils sont plus calmes, plus cohérents, du moins en apparence. Un signe ne trompe pas. Jusqu’à présent, Clermont a rebuté tous les historiens. Pas un livre sur lui dans les bibliothèques, à l’exception d’une étude de Jules Cousin qui avoue modestement s’être limité à une « mosaïque biographique ». Même les francs-maçons, dont il fut le grand maître pendant vingt-huit années, de 1743 à 1771, hésitent à publier des notices conséquentes dans leurs dictionnaires ou encyclopédies. Le personnage est embarrassant, voire encombrant. Dans la galerie des portraits, il occupe un espace qu’on voudrait libérer pour un autre.
  • Ramsay et ses deux discours. Auteur : Alain Bernheim ➩ Lire le résumé de l'éditeur
    Qui était Andrew Michael Ramsay, dont la date de naissance est incertaine, initié à Londres en 1730 et enterré à Saint-Germain au mois de mai 1743 ? Ce jacobite convaincu et pauvre, dépendant du bon vouloir de groupes (exilés stuartistes, aristocrates français, francs-maçons) aux opinions diverses, apparaît dans la franc-maçonnerie française le 26 décembre 1736, date portée sur le manuscrit de son "Discours" conservé à la médiathèque d'Épernay, dont le texte est fort différent de celui des versions imprimées ultérieures. Après avoir retracé sa vie, rappelé ce que nous savons des débuts de la franc-maçonnerie française et des premières loges parisiennes, Alain Bernheim analyse le Discours, son plan, ses versions successives dont il fait la recension, ainsi que ses sources qu'il détermine en s'appuyant sur des documents qu'il cite et commente abondamment.
  • Les rois Stuart et la Franc-Maçonnerie. Auteur : André Kervella ➩ Lire le résumé de l'éditeur
    La franc-maçonnerie moderne prend son essor au cours du dix-septième siècle, quand des Stuart exercent le pouvoir dans les trois royaumes de la Grande-Bretagne. Après 1689, elle se transforme sous l’effet d’une révolution qui les force à l’exil. Alors, deux tendances sont en rivalité plus ou moins vive. D’un côté sont donc les loges des précurseurs stuartistes ; d’un autre côté sont celles de leurs vainqueurs politiques, appelés hanovriens à partir de 1714. En appui sur des archives de l’époque, longtemps ignorées ou méconnues, cet ouvrage retrace les différentes étapes d’un parcours qui commence sous le règne de Jacques Ier (1603-1625) et s’achève avec la mort de Charles-Édouard (1788). En théorie, la politique est supposée absente des engagements maçonniques individuels ; en pratique, elle en détermine beaucoup. On le vérifie quand la plupart des rituels élaborés au fil des décennies empruntent à l’Ancien Testament des scènes d’exode, d’errance et de reconquête, pour les comparer précisément aux infortunes que subissent les Stuart et leurs partisans.
  • Correspondances maçonniques 1777-1783 : franc-maçonnerie, illuminisme, Rose-Croix d'or, Stricte observance. Auteur : François Labbé ➩ Lire le résumé de l'éditeur
    La correspondance maçonnique entre le maître en chaire de la loge Saint-Charles de Mannheim, l’orateur de la Royale Yorck de Berlin, et deux des principaux Illuminés de Bavière est échangée entre 1777 et 1783, c’est-à-dire pendant ces années cruciales pour l’évolution de la franc-maçonnerie aussi bien en Allemagne qu’en France. Dans ces documents, se lisent certes les espoirs que ces hommes mettent dans la fraternité à laquelle ils appartiennent, mais aussi leurs déceptions, leurs frustrations de voir que, tels des Sisyphe modernes, ils ne parviennent jamais au bout de leur quête. On est confronté à leur désarroi face à la multiplication des systèmes, à leurs tentatives pour comprendre, au choc de leurs espérances en des finalités extraordinaires et des tendances rationalistes profondes qui les habitent. On y lit encore le poids des difficultés matérielles, la crainte des autorités qu’on doit ménager, le hasard des circonstances qui bouleversent les certitudes péniblement établies… Documents humains et historiques, ces lettres nous parlent encore de ces Français alors si nombreux à vivre en Allemagne, à imaginer un monde meilleur sachant, comme l’écrit l’un d’eux, que « Le délire d’un homme qui rêve au bonheur de ses frères a quelque chose de respectable. »
  • James Anderson imposteur ? Auteur : François Labbé ➩ Lire le résumé de l'éditeur
    Un auteur : James Anderson, né vers 1680. Une œuvre : Les Constitutions des Francs-Maçons, publiée en 1723. Une institution : la Grande Loge de Londres, fondée en 1717. L’auteur est supposé avoir écrit l’œuvre qui elle-même est supposée raconter comment le mouvement de l’histoire a produit l’institution. En plus de cette histoire, l’œuvre donnerait à lire des textes réglementaires d’amplitude universelle. Et c’est ainsi que les interprètes ne sont pas d’accord. Ils contestent l’auteur, au motif qu’il aurait cherché à trop se mettre en valeur, minorant de ce fait la participation de quelques collaborateurs ; il aurait même commis des plagiats à certains moments. Ils contestent l’œuvre, au motif qu’elle donnerait du passé un récit peu conforme à la réalité, mélangeant légendes et contrevérités. Ils contestent l’institution, au motif qu’elle se serait créée dans des conditions obscures, insuffisantes pour lui donner le prestige qu’elle revendique pourtant. Qu’en est-il exactement ? André Kervella propose d’étudier un dossier riche et fascinant.

Rayonnage des ouvrages sur l'histoire du Régime Ecossais Rectifié

  • Principes et problèmes spirituels du Rite Ecossais Rectifié et de sa chevalerie templière. Auteur : Jean Tourniac ➩ Lire le résumé de l'éditeur
    Principes et problèmes spirituels du Rite Ecossais Rectifié et de sa chevalerie templière est un classique des études maçonniques. Cette nouvelle édition permet de remettre en lumière certains aspects essentiels de l'ésotérisme chrétien. L'ouvrage s'attache à montrer les liens spirituels et historiques entre un régime maçonnique à vocation chrétienne, apparu au XVIIIème siècle, la mission originelle de l'Ordre du temple et la gnose la plus orthodoxe des Pères de l'Eglise. Consacré entièrement à la garde de la Cité Sainte, à la jonction de l'Orient et de l'Occident ou, si l'on veut, de l' "ésotérisme " et de l' "exotérisme ", ce système particulier, un des plus anciens encore vivant, entendait se référer à la pureté d'une tradition première et se vouer à l'unité des Chrétiens, ainsi qu'à l'approfondissement des sources bibliques. Un programme d'une surprenante actualité en ce début de XXIème siècle. Cette étude, axée sur l'enquête historique et l'exégèse de l'Ecriture Sainte, met notamment en évidence le rôle de saint Bernard, celui de la tradition d'Elie et de l'Ordre des Carmes, les sources esséniennes, l'énigmatique continuation des " Fils de la vallée " et le symbolisme des rites et des nombres propres à cette voie. Elle montre enfin la convergence " par en haut " entre la foi judéo-chrétienne, la Jérusalem sacrée et la monothéisme abrahamique, dans la Franc-Maçonnerie croyante traditionnelle et dans cette chevalerie " célestielle " qui rappelle celle du Saint Graal.
  • Chevaliers et Francs-Maçons : Approche contemporaine de l'histoire du Rite Ecossais Rectifié. Auteur : Walter Hess ➩ Lire le résumé de l'éditeur
    L'histoire du Rite Écossais Rectifié est surprenante et pleine de revers dramatiques. Né en 1774 de la fusion de la Stricte Observance, tentative aventureuse de relever l'Ordre Templier, avec la maçonnerie chrétienne mystique de Lyon, il domine d'emblée la maçonnerie continentale pendant plus de dix ans avant de disparaître tout aussi rapidement. Il renaît après 1800 en France et en Suisse puis décline de nouveau, au point de n'être plus pratiqué que dans deux loges. Depuis le début du XXe siècle, il revit une fois de plus, et de manière surprenante, en Suisse, en France, en Belgique, au Portugal, en Amérique du Nord et en Afrique du Sud. Cet ordre représente un système qui veut amalgamer la tradition maçonnique avec un christianisme adogmatique, non lié à une des confessions, ce qui n'a pas toujours pu éviter des tensions internes sérieuses. Si l'histoire ancienne du Rite est le sujet d'une œuvre classique par Le Forestier, celle des cent cinquante dernières années n'avait pas encore trouvé son historien. Walter Hess, après des recherches extensives dans des archives françaises, suisses et italiennes et de nombreuses interviews de témoins des temps récents, a pu combler cette lacune.
  • Les chevaliers aux portes du Temple. Auteur : Jean Saunier ➩ Lire le résumé de l'éditeur
    Depuis sa création à la fin du 18ème siècle, la franc-maçonnerie de Rite Écossais Rectifié a connu de nombreux cycles de quasi-disparition suivis de période de renaissance inattendues sinon miraculeuses. Très proche des rites de la maçonnerie écossaise originelle, cette branche moins connue de la franc-maçonnerie, d'inspiration fortement chrétienne, comporte moins de grades que d'autres rites plus pratiqués, mais des grades empreints d'un symbolisme et d'une spiritualité plus marqués, d'une « quête intérieure » parfois plus exigeante, pour l'apprenti comme pour le chevalier. Jean Saunier a consacré de nombreuses années à l'étude et la pratique du Rite Écossais Rectifié. Tout au long de sa vie, il s'est attaché à faire partager les fruits de ses recherches, recherches historiques dans de nombreuses archives, recherches intellectuelles et culturelles sur la signification profonde des pratiques et des coutumes. Ce volume réunit pour la première fois ses articles parus sur ce sujet dans la revue « Le Symbolisme »
  • L'Aventure du Rite Ecossais Rectifié. Tome 1 : Approche historique suivie de l’étude de deux correspondances et d’un discours de Jean-Baptiste Willermoz ; Tome 2 : De Tubalcaïn à Phaleg. Légendes maçonniques et exégèses bibliques Auteur : Jean-Claude Sitbon ➩ Lire le résumé de l'éditeur

    Traiter de l’Histoire d’un rite maçonnique c’est se trouver en permanence tiraillé entre une histoire mythique ou fantasmée et une histoire qui se veut fondée sur des faits vérifiables au moyen de documents. Et il faut préciser que, dans ce dernier domaine, bien des trous noirs restent à combler et que l’interprétation impartiale des faits demeure problématique. Ce qui paraît certain en tout cas, c’est que le Rite Écossais Rectifié, comme d’ailleurs tous les rites maçonniques, est le produit d’une oeuvre humaine, fruit des idées et des moeurs d’une époque et des convictions de leurs fondateurs, puis de leurs réformateurs. L’étude de l’histoire du rite met au grand jour le caractère paradoxal de tous les comportements humains, rompant ainsi avec l’angélisme ou le dogmatisme de certains qui voudraient voir en J-B. Willermoz une sorte d’illuminé ayant reçu une révélation divine. Cet ensemble de remarques n’enlève rien à la grande énergie et aux nombreux talents de J-B. Willermoz non plus qu’à la richesse ésotérique du Rite Écossais Rectifié.

    L’élimination de Tubalcaïn et son remplacement par Phaleg constitua une des premières révisions marquantes du Rite Écossais Rectifié par son principal architecte Jean-Baptiste Willermoz. Ce changement fut une véritable innovation qui fit grand bruit à l’époque dans le microcosme maçonnique. D’aucuns vont même jusqu’à estimer que cette substitution apparaît comme « une rectification profonde de la voie maçonnique… » ! Comme les personnages de Tubalcaïn et de Phaleg invitent à une plongée dans le temps vétérotestamentaire, cet ouvrage fait largement appel aux lectures traditionnelles, aussi bien exégétiques que littéraires des textes bibliques qui se référent, d’une part, à Tubalcaïn et à son ancêtre Caïn et, d’autre part, à l’ascendance et à la descendance de Phaleg dans la généalogie biblique.

  • Le Régime Ecossais Rectifié - de la Doctrine de la Réintegration à l'Imago Templi. Auteur : Rémi Boyer ➩ Lire le résumé de l'éditeur
    Cet ouvrage aurait pu tout aussi bien porter le titre de Le Régime Écossais Rectifié comme voie d’éveil, venant ainsi compléter le triptyque des ouvrages de Rémi Boyer sur la voie d’éveil qu’il a écrit sur la Rose-Croix, la Franc-maçonnerie et le Martinisme. Ces voies initiatiques ont en commun l’Amour et la Connaissance, les deux piliers de la Gnose qui est particulièrement présente dans le Rite Écossais Rectifié. Car, avant tout, Willermoz était un gnostique, comme avant lui Martinès de Pasqually. Serge Caillet, dans son introduction, nous rappelle que la Gnose c’est la quête du Réel. Mais Rémi Boyer insiste sur le fait que le Réel ne peut pas être traduit par des mots. Aussi, devrons-nous aller au-delà des mots, au-delà de ce que les rituels du RER peuvent dire pour chercher ce qu’ils veulent dire. Rémi Boyer nous livre et commente les instructions aux Profès et surtout celles des Grand Profès qui donnent une synthèse remarquable de la Doctrine de la Réintégration. « La beauté et la grâce ne vont pas sans la liberté. C’est celle-ci que les Chevaliers Bienfaisants de la Cité Sainte se doivent de garder avant toute chose. »
  • La naissance de la Province d'Auvergne du Régime rectifié : d'après la correspondance de Jean-Baptiste Willermoz, 1772-1775. Auteur : Loïc Montanella ➩ Lire le résumé de l'éditeur
    Cet ouvrage aborde la très riche correspondance qu’échangèrent Jean-Baptiste Willermoz et le baron Georg August Von Weiler, entre 1772 et 1775. Elle donna lieu à une étroite collaboration entre ces deux hommes qui permit la mise en place d’une nouvelle expérience maçonnique. Le territoire qui se dessine alors s’étend de Dresde à Naples en passant par Strasbourg, Lyon, Turin et Bordeaux, ce qui place la capitale des Gaules comme le pivot entre Dresde et L’italie. Ces réseaux s’enrichissent tout au long de l’histoire et deviendront à terme le Régime Rectifié, régime en apparence lié à la territorialisation établie par la Stricte Observance mais en réalité largement indépendant sur le plan de la pratique maçonnique.
  • La correspondance maçonnique échangée par Jean-Baptiste Willermoz et Claude-François Achard. Tome 1 : un cours de maçonnerie rectifiée ; Tome 2 : transcription de la correspondance. Auteur : Jacques Rondat ➩ Lire le résumé de l'éditeur

    Les recherches sur l’histoire du Régime Rectifié sont en plein essor. Le travail de Jacques Rondat, consacré à la présentation de la correspondance inédite échangée, de 1786 à 1810, entre Jean-Baptiste Willermoz et Claude-François Achard, en est un bel exemple.

    J.B. Willermoz, important réformateur maçonnique, ambitieux dévoué et infatigable, nous a laissé bon nombre de témoignages écrits de son action. L’exemple particulier qu’a choisi de mettre en lumière l’auteur, est un exercice de pédagogie maçonnique concrète à propos de la conduite d’une loge, La Triple Union de Marseille, dont Achard était le Vénérable. J.B. Willermoz se montre virtuose, lucide et expérimenté dans ce délicat exercice de « direction spirituelle » à distance. L’attention et le scrupule portés par le grand maçon lyonnais à la formulation de ses directives ou de ses conseils n’en sont que plus sensibles, tant sur le fond que sur la forme. Jacques Rondat nous montre à quel point fut essentielle l’activité de J.B. Willermoz, celle d’un serviteur au sens le plus noble du terme. Il restera celui qui, sans jamais renoncer à ses convictions personnelles, se dévoua avec abnégation à l’avancement d’une cause dépassant ses propres intérêts

  • Histoire du Régime Ecossais Rectifié. Des origines à nos jours... Auteur : Jean-Marc Vivenza ➩ Lire le résumé de l'éditeur
    L’histoire du Régime Écossais Rectifié s’étend, en réalité, sur plusieurs siècles, depuis la constitution des Directoires des IIe, IIIe et Ve Provinces de la Stricte Observance dite « Templière » en France, entre 1773 et 1774, en passant par la Réforme de Lyon en 1778 lors du Convent des Gaules, entérinée et adoptée au Convent de Wilhelmsbad en 1782, sous la conduite magistrale de celui qui fut, tout à la fois l’âme et l’organisateur incomparable de cette exceptionnelle entreprise, à savoir Jean-Baptiste Willermoz (1730-1824), ceci jusqu’au réveil complet du Régime au XXe siècle, lors de la création du Grand Directoire des Gaules le 23 mars 1935. Le Régime Écossais Rectifié représente donc l’une des plus anciennes structures de la franc-maçonnerie, son rayonnement participant d’une transmission dont l’originalité rare, et le caractère spécifique - de par la « doctrine » initiatique issue de l’enseignement de Martinès de Pasqually (+ 1774) et de son Ordre des Chevaliers Maçons élus coëns de l’Univers, dont il est le dépositaire -, font de lui, incontestablement et à bien des égards, un système absolument sans équivalent en Occident. Cette histoire étant relativement ignorée, notamment au regard de ce qu’elle représente du point de vue organisationnel, symbolique et doctrinal, il nous a donc semblé nécessaire de proposer une présentation détaillée, complète et approfondie, des différentes périodes de l’histoire du Régime Écossais Rectifié, depuis ses origines jusqu’à nos jours, de sorte que de cette mise en lumière puisse enfin surgir une juste perception et exacte connaissance de ce qu’est, et incarne en son essence, cet Ordre maçonnique et chevaleresque.

Rayonnage des ouvrages sur l'hitoire du Rite de Stricte Observance

  • La Franc-Maçonnerie templière et occultiste : aux XVIIIe et XIXe siècles. Auteur : René Le Forestier ➩ Lire le résumé de l'éditeur
    Cette vaste enquête porte sur deux domaines dont les Sciences Humaines découvrent toujours davantage tant la spécificité, que la position de carrefour entre leurs spécialités respectives : d'une part, la maçonnologie - spécialité en plein essor - ; d'autre part, les courants ésotériques occidentaux modernes. Aussi bien sa publication n'a-t-elle pas manqué, depuis 1970, de susciter des vocations en orientant maints historiens sur des points tant généraux que particuliers. La recherche s'est portée sur plusieurs fronts, trop nombreux pour qu'il soit possible de présenter ici une énumération détaillée et raisonnée de toutes les études venues de divers horizons. Mais on trouvera ici une liste de plusieurs d'entre elles, parues au cours de ces quelques trente dernières années. Elles contiennent, pour la plupart, de riches bibliographies, comblent certaines lacunes, enrichissent de lumières nouvelles maintes pages de ce livre, pour le bonheur du lecteur mis en appétit par le talent, la compétence, et souvent l'humour, de René Le Forestier.
  • Le mystère de la Rose Blanche : Francs-Maçons et templiers au XVIIIe siècle. Auteur : André Kervella ➩ Lire le résumé de l'éditeur
    Il existe aujourd'hui une franc-maçonnerie templière, nul ne peut le nier. Le vocabulaire en témoigne ; des grades, des rites ou des protocoles sont déclarés templiers. Mais si cette présence de la thématique templière au sein de la fraternité maçonnique est incontestable, elle doit s'expliquer. A travers l'étude de textes souvent inédits et avec la même rigueur historique que pour ses précédents livres, André Kervella tente, dans cet ouvrage érudit, d'apporter des réponses à cette question. En précisant les dates, décrivant les milieux et cernant les personnages, il démonte les théories rocambolesques, met fin aux préjugés et nous permet de mieux comprendre cette période mouvementée de l'histoire maçonnique.
  • Le baron de Hund et la Stricte Observance Templière. Auteur : André Kervella ➩ Lire le résumé de l'éditeur
    La Stricte Observance Templière peut être considérée comme l’une des principales matrices du Régime Ecossais Rectifié (RER) actuellement pratiqué par de nombreuses loges maçonniques. Pourtant, les conditions dans lesquelles elle est apparue au milieu du dix-huitième siècle sont longtemps restées mystérieuses. Le personnage qui en a assuré le développement, le baron allemand Charles de Hund, a même été considéré au pire comme un imposteur, au mieux comme un naïf à l’imagination débordante. Le présent ouvrage replace dans son contexte sociopolitique les évènements majeurs qui ont conduit ses membres à se prétendre héritiers des anciens chevaliers du Temple, sous l’autorité de Supérieurs Inconnus. Il révèle le rôle décisif joué par d’éminents francs-maçons dévoués à la cause des princes de la Maison Stuart, princes forcés à l’exil sur le continent après la Révolution survenue dans les Îles Britanniques en 1688-89. Il identifie notamment le chevalier au Soleil d’Or qui a donné au baron sa patente de légitimation, et qui, contrairement à la légende, ne fut ni Jacques III ni son fils Charles-Édouard. Au fil des pages sont aussi révélées les circonstances dans lesquelles la Bulle papale In Eminenti contre les francs-maçons a été promulguée en 1738. Après cette date, le grade de Rose-Croix a été conçu et le premier chapitre fondé à Paris sous ce nom a été dirigé par le duc d’Antin, en 1741
  • Hund en Lumière La Stricte Observance Templière décodée. Auteur : André Kervella ➩ Lire le résumé de l'éditeur

    Depuis 1751, le document considéré comme fondateur de la Stricte Observance, prestigieux système à la fois maçonnique et templier, est resté très énigmatique, car il est codé. Un mélange de lettres et de chiffres déroute quiconque essaie d’en connaître le contenu. Pour cette raison, les historiens ont beaucoup spéculé sur les motivations de son détenteur, le baron Carl von Hund.

    Pour la première fois, André Kervella en propose ici un déchiffrement systématique, grâce auquel il devient possible d’élucider le contexte dans lequel il a été émis et d’identifier les principaux personnages impliqués. Par défaut, ceux-ci ont longtemps été désignés sous le terme de Supérieurs Inconnus. Supérieurs ? Au sens de dignitaires exerçant des fonctions d’autorité, admettons-le. Inconnus ? Pas vraiment.

Rayonnage des ouvrages sur d'autres traditions

  • Les Illuminés de Bavière et la franc-maçonnerie allemande. Auteur : René Le Forestier
  • Templiers et Rose-Croix : les survivances initiatiques : documents pour servir à l'histoire de l'illuminisme. Auteur : Robert Ambelain ➩ Lire le résumé de l'éditeur
    "Homme d'une quête spirituelle permanente, praticien expert en sciences occultes, Robert Ambelain (1907 ' 1997) fut sur tous les plans un guerrier. Personnage entier, mais complexe, en quête de la science, il avait tiré sa devise de cette méditation de Descartes : “ il faut remettre toute chose en doute une fois au moins dans sa vie ”. Templiers et rose-croix nous offre avant tout un témoignage sur le cheminement d'un homme libre, qui, à l'instar des initiés du siècle des Lumières, est entré à son tour dans l'histoire de l'occultisme et des sociétés initiatiques. C'est aussi un document pour servir à une réflexion qui dépasse le cadre strict de l'historiographie, sur la Stricte Observance templière et la Rose-Croix. Robert Ambelain pense, parle, écrit, vit en homme de désir, qui nous invite à une autre approche de l'histoire, d'une histoire occulte. En quelques pages liminaires, Serge Caillet rappelle le contexte et les circonstances de la 1ère édition de 1955, tout en marquant le progrès de la recherche."
  • L'épopée chevaleresque de l'ancien Iran aux Templiers. Auteur : Paul Arfeuilles ➩ Lire le résumé de l'éditeur
    L’auteur ne s’est pas proposé d’écrire une histoire chronologique, comme il en existe tant, des Ordres de Chevalerie. Avant tout, il a voulu montrer les origines, les implications éthiques et religieuses, les significations philosophiques de l’institution Chevaleresque. Bien loin de ramener la Chevalerie à une Christianisation de la guerre, l’auteur nous montre que c’est seulement après et à travers les Croisades, que les féroces guerriers franco-latin deviennent des Chevaliers. Et cela grâce à la révélation de l’Orient Musulman, civilisation raffinée qui met brusquement le cavalier franc en face de ces responsabilités spirituelles. L’Islam transmet et renforce le thème de la Chevalerie né en Iran Zoroastrien, diffusé en Israël Essénien, réfracté par les civilisations Gothes converties à l’Arianisme, mais occulté en Occident par l’infernale compromission temporelle de la politique des papes. La Chevalerie apparait à la lumière de ces documents comme la présence terrestre et militante d’une religion de l’esprit, souveraine, au-delà des sectes et des rapacités des églises. Elle se fonde sur la philosophie dualiste et l’éthique de la lutte du Bien contre le Mal, sur le primat du combat spirituel et de la Générosité temporelle, sur la sauvegarde d’une justice qui échappe à toutes les juridictions. Elle a été et demeure une école de valeur, d’honneur et de liberté.
  • Accès de l'ésotérisme occidental. Auteur : Antoine Faivre ➩ Lire le résumé de l'éditeur
    Spécialiste bien connu de l'illuminisme et des origines de la franc-maçonnerie, l'auteur propose ici une vue transdisciplinaire des notions et mouvements ésotériques. Panorama des sources antiques et médiévales, symbolisme maçonnique, amour et hermétisme, symbolisme imaginaire chevaleresque au XVIIIe siècle, littérature des Rose-Croix, sont étudiés dans une perspective à la fois historique et herméneutique.
  • Histoires et portraits de Rose-Croix. Auteur : Paul Vulliaud ➩ Lire le résumé de l'éditeur
    Dans ce livre resté trop longtemps inédit, Vulliaud trace effectivement des histoires et des portraits très vivants de « Rose-Croix », d'une plume magistrale et souvent trempée dans le vitriol, car, selon sa propre expression - citée par J.-P. Laurant -, il n'hésite pas à « transpercer les personnes, pour atteindre les idées ». Sa galerie nous montre, au début du XIXème siècle, Willermoz nonagénaire, encore occupé à retisser ses trames et à en ourdir de nouvelles ; la loge androgyne du galant chevalier maçon de Mangourit, placée sous le haut patronage de l'Impératrice ; puis, au long de trois chapitres, l'inimitable Frère Charles Geille, « amateur de spéculations sublimes », avec ses éminentes relations (Thory, Bédarride, etc.). Ce personnage, à certains égards pathétique, est le prototype de l'occultiste naïf (ignorant, faut-il ajouter) et ambitieux à la fois, collectionneur de diplômes et de rites, aussi bien que de livres et de connaissances secrètes, toujours en quête de nouvelles lumières « sur les mystères », y compris jusqu'à celles octroyées par le fameux cartomancien Etteilla ou, à défaut, par la femme de celui-ci... Puis, dans la galerie de Vulliaud se succèdent des personnages de plus grande envergure et plus proches de nous : Saint-Yves d'Alveydre, Péladan (avec qui Vulliaud avait été lié pendant sa jeunesse) et Papus surtout, sur lequel les archives mises à sa disposition révèlent une quantité de renseignements qui ne sont pas seulement de savoureuses curiosités... Dans un des chapitres qui lui sont consacrés, il est question, par exemple, de l'affaire de l'Ordre du Temple Rénové de Guénon et de ses amis. Avant le chapitre des « Conclusions », nous retrouvons aussi l'étonnant personnage qu'était l'abbé Petit, l'« ornement » du fastueux salon-sanctuaire de Lady Caithness, duchesse de Pomar, la Sophia manquée de Sa Grâce Valentin II, alias Jules Doinel. François Secret a bien voulu écrire une précieuse Note bio-bibliographique sur Paul Vulliaud, qu'il a connu et fréquenté, et mettre à notre disposition une intéressante documentation photographique ; Jean-Pierre Laurant a rédigé un avant-propos qui situe l'auteur et ces textes dans l'histoire des idées, notamment celles des années trente. Un index et une iconographie inédite complètent ce volume.
  • Aux sources de la Rose-Croix : mystères d'une tradition ésotérique. Auteur : Claude Delbos ➩ Lire le résumé de l'éditeur
    Divers groupes à caractère ésotérique et initiatique, maçonniques ou non, se parent du titre de Rose-croix. Que recouvre ce titre ? Quelle est son origine ? Quel est le sens de la tradition qu’il prétend continuer ? L’énigme rose-croix vient de l’amalgame d’idées suggéré par l’association de la rose avec la croix. On peut y voir une image de l’amour chrétien. Ce n’est pas aussi simple, car la première confrérie de la Rose-croix fut tout de suite considérée comme hérétique. Sa doctrine en effet s’inspirait de l’alchimie et de l’hermétisme. Par ailleurs l’amour, magnifié dans la doctrine rose-croix, paraît s’inspirer de la conception quelque peu hérétique des Fidèles d’Amour, illustrée par Dante dans sa Divine Comédie. Dante qui à mots couverts réhabilite plus ou moins les Templiers et les Cathares et se situe dans le courant de pensée des troubadours qui au XIIIe siècle chantaient l’amour courtois, éclairé sous deux angles différents par le Roman de la rose et par Chrétien de Troyes. La solution de l’énigme est à chercher dans l’héritage d’une très ancienne tradition ésotérique.

Rayonnage des ouvrages sur la spiritualité

  • L'Évangile ésotérique de saint Jean. Auteur : Paul Le Cour ➩ Lire le résumé de l'éditeur
    Depuis le début du christianisme, l'Évangile de saint Jean est considéré comme un évangile «à part», vis-à-vis des «synoptiques» et des autres évangiles non «canoniques». Il est en fait l'Evangile des initiés et l'un des textes de base de notre civilisation judéo-chrétienne. Ce traité du grand mystère de la vie dévoile l'enseignement secret du Maître : Amour et Connaissance révèlent la véritable nature du Verbe-Logos, clé de la compréhension des grandes lois métaphysiques du monde. Pour cette nouvelle édition critique reprise en poche, Jacques d'Ares, successeur de Paul Le Cour à la tête de la revue Atlantis, a tenu compte des nombreuses découvertes et nouvelles traductions qui ont modifié l'optique des théologiens et des critiques, ainsi que des notes que Paul Le Cour avait accumulées avant sa mort. L'évangile ésotérique de saint Jean apparaît ainsi comme un ouvrage de référence pour mieux comprendre notre rapport avec la religion, redécouvrir le lien qui nous unit au cosmos et donner un sens à l'existence. Paul Le Cour, co-fondateur de la revue Atlantis consacrée à la tradition, a été l'un des acteurs majeurs de l'ésotérisme chrétien français et de l'hellénisme ésoté­rique dans la première moitié du XXe siècle. Il a publié L'ère au verseau reprise aux éditions Dervy, qui est l'un des textes précurseurs du mouvement New Age.
  • Propos sur ésotérisme et symbole. Auteur : René Adolphe Schwaller de Lubicz ➩ Lire le résumé de l'éditeur
    L'Esotérisme ne peut être écrit ni dit ni, par conséquent, être trahi. Il faut être préparé pour le saisir, le voir, l'entendre - à votre choix. Cette préparation n'est pas un savoir, mais un pouvoir, et ne peut s'acquérir finalement que par l'effort de la personne elle-même, par un combat contre ses obstacles et une victoire sur la nature animale humaine. L'initié véritable peut guider un élève doué pour lui faire parcourir le chemin de la conscience plus rapidement, et l'élève, arrivé à des étapes d'illumination par sa propre lumière intérieure, lira directement l'ésotérisme de tel enseignement.
  • La symbolique de la mort : Ou herméneutique de la résurrection. Auteur : Jacques Trescases ➩ Lire le résumé de l'éditeur
    De Babylone à Eleusis, de l'Egypte à la Chrétienté, la symbolique de la mort a engendré et fécondé les plus prestigieuses civilisations. Le message transmis par les diverses expressions de cette symbolique est remarquablement concordant et peut être explicité par l'analyse systématique d'un rituel préservé et encore bien vivant. La symbolique de la mort et de la résurrection, choquante pour l'intellect, mais réconfortante dans son intime compréhension, ne promet aucunement le prolongement indéfini de la vie de l'individu, ce qui n'aurait d'ailleurs que peu d'intérêt ; mais elle invite le fidèle ou l'adepte à s'éveiller immédiatement -ici et maintenant- à la vie véritable. Après L'Etoile flamboyante ou la recherche d'une parole perdue, Jacques Tréscases poursuit, fidèle à la tradition l'élucidation méthodique des rites et des mystères tels qu'ils ont été transmis depuis la Haute Antiquité et tels qu'ils sont encore pratiqués de nos jours au sein de la Franc-maçonnerie. La compréhension de la symbolique de la mort et de la résurrection permet à l'initié de se réaliser dans la voie qu'il a choisi et au non initié de devenir homme de vérité réintégré dans la chaîne de vie, porteur de lumière et facteur de paix, de joie et d'amour.
  • La Pierre des sages ou essai sur l'alchimie spirituelle. Auteur : Erik Sablé ➩ Lire le résumé de l'éditeur
    Erik Sablé à la suite de Jacob Boehme, de Tauler, et des premiers auteurs rosicruciens, utilise la symbolique alchimique non pour nous entrainer en littérature (Paulo Coelho) ou en psychologie des profondeurs (Carl Jung) mais pour « décrire la régénération spirituelle de l'être humain, sa lente transfiguration en lumière » : « vous êtes vous-même la pierre philosophale, votre propre coeur est la matière première qui doit être transmutée en or pur ». Son approche est celle de la tradition et plus particulièrement de la tradition chrétienne. Ses sages et ses saints souvent cités nous rappellent que l'Evangile est une invitation à cette grande « oeuvre » : « ce royaume des cieux est semblable à un grain de moutarde semé dans un champs » ; il doit subir toutes les transformations nécessaires de mort et de résurrection, d'anéantissement et de surgissement pour que s'épanouisse l'information créatrice ou l'or caché dans les profondeur de sa semence.
  • Conversion et Repentir. Auteur : Witold Zaniewicki ➩ Lire le résumé de l'éditeur
    Au IVème siècle, des philosophes grecs devenus chrétiens, les Pères cappadociens, transmettent le message du Christ suivant leurs catégories de pensée. Parallèlement, des philosophes peu connus s'inscrivent dans cette période de recherche. Ainsi Évagre le Pontique est le brillant théoricien de l'intelligence mise au service de la prière. Plus tard Marc l'Ermite fait l'inventaire des passions qui seraient un état contre nature, les vertus étant alors un état naturel à l'homme. Witold Zaniewicki réfléchit par ailleurs sur le repentir et son insertion dans la théologie sacramentelle et témoigne de l'importance du psautier pour le priant. Une étude sur le dhikr musulman qui trouve ses racines dans l'hésychasme syriaque complète cet ouvrage.
  • La Tradition un art de l'éveil. Auteur : Witold Zaniewicki ➩ Lire le résumé de l'éditeur

    Avec ce livre, Witold Zaniewicki repose le cadre traditionnel et sacré que nous avons tendance à perdre de vue. Il nous rappelle aussi que la Tradition chrétienne n’a pas d’autre finalité que l’Eveil quand trop de prétendus chercheurs se perdent dans les illusions du pouvoir et du développement personnel.

    Il commence sa réflexion, dense, concise, précise, par la querelle des images, ses enjeux, ce qu’elle indique du travail à accomplir et des écueils à éviter. Il clarifie les distinctions, parfois vécues comme oppositions, entre la « déification de l’homme en Orient », « l’imitation du Christ en Occident » mais aussi entre l’arabesque et la géométrie face à l’icône.

    Il définit le tronc commun qui unit les chrétiens jusqu’au concile de Nicée en 787, tronc commun composé de trois éléments : le kérygme, les écrits néotestamentaires et le dogme compris comme « critère de la vérité de la contemplation ». Il insiste sur le fait que l’Église donne des clefs non des systèmes auxquels se soumettre. Il analyse avec finesse les mécanismes et les choix qui conduisirent la tradition chrétienne occidentale à se séparer de la tradition orientale autour de la question du Saint Esprit. Pour l’Occident « l’Esprit procède du Père et du Fils (Filioque) tandis que pour l’Orient, « l’Esprit est une hypostase, une personne à part entière » et « Il y a toujours dans la révélation trinitaire simultanéité et réciprocité. ». Cette opposition se cristallisera en une profonde rupture dogmatique aux conséquences considérables, spirituelles mais aussi politiques. D’autres éléments de séparation s’ajoutent à la question du Filioque comme celle de la Grâce ou du péché originel.

    Witold Zaniewicki développe par la suite les sept degrés de la spiritualité chrétienne orientale : la conversion ou illumination, la catharsis ou purification, le passage thérapeutique par le désert ou l’ascèse, la métanoïa ou repentir ou encore seconde naissance, l’apatheia ou passion impassible, passage de l’éros à agape, la métoché ou participation à la vie divine, la théosis ou déification ou encore grande résurrection par laquelle « l’Homme est devenu par grâce ce que Dieu est par nature ».

    « Ainsi, nous dit Witold Zaniewicki, la sainteté est la Vie dans sa plénitude. Et il y a de la sainteté en tout homme qui participe fortement à la vie. Non seulement dans le grand ascète, mais dans le créateur de beauté, dans le chercheur de vérité qui respecte le mystère des êtres et des choses, dans le parfait amour d’un homme et d’une femme, dans la mère qui sait consoler ses enfants et les mettre spirituellement au monde. »

    Dans le reste de l’ouvrage, Witold Zaniewicki s’intéresse à la sophiologie et à différents messianismes. Nous découvrons ainsi les fondements et l’usage de la tradition du scapulaire, ou les liens entre messianisme et christologie.

    Tous ces développements conduisent le lecteur à prendre conscience du sens et de la fonction des mystères, principalement de celui de l’eucharistie :

    « L’Occident ne fait que nier ou affirmer la modification miraculeuse d’éléments terrestres, sans du tout comprendre que l’élément essentiel de l’eucharistie est l’Église et que c’est seulement par elle que les sacrements sont opérés sans aucun rapport avec les lois de la matière terrestre.

    L’Occident a l’intuition de cette Ecclésiologie eucharistique qui mène au Tout Autre, mais comme le disait Vladimir Lossky, la notion d’Eglise au bout de 2000 ans de christianisme n’a pas commencé à être vraiment cernée ni définie. Puisse l’eucharistie permettre cette prise de conscience dans les temps à venir. »

    Si nous nous souvenons qu’il est une eucharistie permanente du Silence, l’Église apparaît d’une toute autre nature que celle dont ses fonctions rendent compte maladroitement. La synthèse proposée par Witold Zaniewicki permet de se doter de solides repères, non seulement historiques, mais en termes de valeurs opérantes.

Conférences

Origine, sens et finalité
du Régime Ecossais Rectifié
Jean-Marc Vivenza
Bordeaux, le 25 mai 2019

Merci pour cette présentation. Bonjour à vous tous et tout d’abord heureux de me retrouver parmi vous afin de traiter d’un sujet vaste puisqu’il s’agit de celui touchant à la Franc-maçonnerie et plus particulièrement aujourd’hui à la Franc-maçonnerie dite du Régime Ecossais Rectifié.

On verra ce qui spécifie ce Régime Ecossais Rectifié, dont le nom « Régime » pourrait d’ailleurs prêter à confusion. Je vous assure qu’il n’y a pas d’obligation diététique, quoique dans certaines sphères périphériques qui ont servi de sources à ce Régime Ecossais Rectifié il y ait des interdits alimentaires. Si vous voulez on pourra explorer tout à l’heure quelles sont leurs natures et pour quelles raisons existent-ils.

Un sujet touchant à la Franc-maçonnerie dite du Régime Ecossais Rectifié

[…]

C’est d’ailleurs plus facile de parler de manière directe sur un sujet qui relève de mystères complexes et surtout de nombreux à priori, imaginaires la plupart du temps, de fantasmes, conceptions assez délirantes, où l’on pense que dans des cénacles peut éclairés, on se livre à des activités qui nécessitent la clandestinité et le secret le plus absolu.

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Il y a bien un secret maçonnique

Alors, sur ce secret en effet, l’opinion publique a raison, il y a bien un secret maçonnique. Pour différents motifs - dont on verra tout à l’heure qu’ils ne sont pas infondés puisque touchant à des éléments que l’on n’a pas l’habitude de trouver en général, soit dans les livres mis à disposition dans les bibliothèques, soit dans ce qui est couramment classique d’entendre au titre de connaissance - il y a là des domaines qui relèvent d’approches originales, spécifiques, qui ne participent pas de ce dont on a l’habitude de connaitre et de voir.

Ne nous laissons pas troubler par les techniciens, il faut toujours laisser de ce point de vue à la matière son domaine d’excellence et rester en demeurant concentré sur les domaines de l’esprit. Alors accrochez-vous car nous allons voguer par ce vaisseau précisément vers ces domaines.

En Europe, à la croisée des courants dits illuministes

A une période qui nous ramène à deux siècles et demi en arrière, c'est-à-dire au moment où en Europe, à la croisée des courants dits illuministes - dont les sources vont chercher à la Renaissance italienne avec les Cabalistes de la Renaissance, ainsi que les frères de la Rose-Croix dans le Nord de l’Europe, à la conjonction des courants de la mystique spéculative, avec des tendances issues de la Mystique Rhénane, issues de la Dévotio Moderna en Italie, de la Mystique du siècle d’or en Espagne, avec les Alhambrados illuminés, qui se livraient à la prière de manière enthousiasme et enflammée avec une ferveur extraordinaire et qui faisaient d’ailleurs de cette prière l’objet même de leur cheminement spirituel - vont émergés au tout début du XVIIIème siècle et à la fin du XVIIème siècle des structures qui étaient d’abords consacrées à la connaissance de l’art du trait, du métier qui relèvent de l’édification d’édifices exclusivement religieux, en se refusant la construction de quelque édifice d’ordre militaire.

Des individus nos membres des corporations

Dans ces structures compagnonniques vont être acceptés des individus non membres des corporations et surtout qui n’étaient pas des compagnons bâtisseurs et qui apportent avec eux, outre un autre rapport au monde, des connaissances qui précisément relèvent d’une compréhension approfondie du symbolisme avec lequel les bâtisseurs édifiaient les cathédrales, monastères, cloitres etc… abbayes.

Une possibilité de pouvoir s’adresser à la transcendance, en commun

Et tout à coup la jonction de ces éléments différents voit surgir une sorte de possibilité, celle d’accéder, par delà les institutions classiques et en particulier les institutions religieuses - ce qui va nous expliquer et qui explique la raison des interdits très précoces qui vont frapper la Franc-maçonnerie de la part de l’église - d’une possibilité de pouvoir s’adresser à la transcendance, en commun, sous une forme vernaculaire, c'est-à-dire en parlant la langue du pays, et surtout en réunissant – on était pas loin encore des guerres de religions – des membres de l’église catholique et de la réforme protestante, avec ses différentes branches : calviniste, luthérienne, épiscopalienne etc…

Sans présence de membre de l’église

Et pour couronner le tout, ces contacts avec la puissance transcendante, que l’on désigne sous le nom de Grand Architecte de l’Univers, se fait la plupart du temps, par toujours mais le plus souvent, sans présence de membre de l’église. Imaginez, il faut imaginer qu’à cette époque, il était fait interdiction pour les catholiques, d’accéder aux textes de l’Ecriture Sacrée, sans la présence d’un membre du magistère. Et que d’autre part, la lecture de ce livre, ne pouvait se faire que dans un cadre bien particulier.

Là tout à coup, on accède à ces textes et d’autre part on invite ceux qui participent de ces réunions à invoquer ce Grand Architecte de l’Univers, ensemble, directement sans passer par les sacrements.

Premier moment d’effroi de crainte, de suspicion de l’autorité religieuse mais aussi de l’autorité politique qui se dit : « Mais comment alors ces individus se réunissent indépendamment de l’autorité de l’église, indépendamment de l’autorité politique et prétendent détenir des connaissances sur la manière de s’adresser à Dieu. »

La nature de Dieu

Et ce qui va renforcer qui plus est la suspicion, c’est lorsque ces connaissances ne vont pas porter uniquement sur le contact avec l’être divin mais sur sa nature, sur la nature de Dieu, sur la nature de l’histoire divine, de l’origine des temps, de l’origine de l’histoire de l’Homme, de l’humanité, des civilisations.

Il faut se replacer dans la situation de l’époque. Des propositions de cette nature ne peuvent naturellement que susciter la plus grande défiance.

Je ne reviens pas sur l’ensemble des condamnations, la première comme vous le savez venant de Clément XII en 1738 par la bulle « In emenenti apostolatus specula » etc… dans laquelle il est dit :

si ces hommes faisaient le bien, pour quelle raisons craignent-ils a ce point la lumière.

Sous entendu pourquoi se réunissent-ils de manière cachée et clandestine. Il est intéressant pour nous, à ce moment de la présentation, de bien comprendre au fond, quelle peut-être la nature de l’étonnement de quelqu’un qui est accepté dans cette structure pour y vivre ce que l’on appelle une initiation, un cheminement initiatique.

Joseph de Maistre

Ce cheminement initiatique va commencer en découvrant pour celui qui est - selon le jargon maçonnique - reçu, à l’ensemble de symboles de signes de manière de faire de manière d’être, qui ne peuvent que le surprendre. Et d’ailleurs, Joseph de Maistre dans le mémoire au duc de Brunswick écrit ceci :

Il n’existe peut-être pas de maçon, un peu capable de réflexion, qui ne se soit demandé une heure après sa réception, quelle est l’origine de tout ce que je vois. D’où viennent ces cérémonies étranges, cet appareil, ces grands mots ? Mais après avoir vécu quelques temps dans l’ordre on fait d’autres questions » dit toujours Joseph de Maistre « Quelle est l’origine de ces mystères qui ne couvre rien de ces représentations et même de ces hommes qui s’assemblent depuis peut-être plusieurs générations jusqu’à porter la main droite à l’épaule gauche et la ramener vers la droite avant de se mettre à table ? Ne peut-on pas manger et boire sans parler d’Hiram, du Temple de Salomon et de l’étoile flamboyante ?

C’est une question qu’il pose dans un texte destiné au duc de Brunswick en 1782, qui avait demandé à l’ensemble des loges :

Quelle est l’origine de l’ordre, ses sources et ses buts ?

Vous voyez que de ce point de vue, les organisateurs de la conférence sont semblables au duc de Brunswick puisque finalement ils ont proposé une thématique parfaitement identique. Joseph de Maistre nous donne une piste parce qu’il dit :

La science de l’Homme par excellence

Tout annonce que la Franc-maçonnerie vulgaire est peut-être une branche détachée d’une tige ancienne et respectable, plus ou moins corrompue, dont le but n’est que la science de l’Homme par excellence.

La Franc-maçonnerie, selon Joseph de Maistre, qui à cette époque a rejoint le nouveau système édifié par Jean-Baptiste Willermoz en 1778 lors du convent des Gaulles à Lyon, pose la question en se gardant d’y répondre immédiatement :

Est-ce qu’au fond, la maçonnerie ne serait-elle pas une branche d’un ordre plus ancien qu’elle, c'est-à-dire la Franc-maçonnerie ; une branche qui aurait des rameaux corrompus et d’autres qui le seraient moins ; ceux qui ne sont pas corrompus étant issus de la vrai tradition, et ceux qui sont corrompus étant issus d’une tradition moins pure moins authentique d’une certaine manière ?

Jean-Baptiste Willermoz

Jean-Baptiste Willermoz, qu’on va situer tout de même rapidement pour que tout le monde puisse suivre, qui est un lyonnais, qui est né en 1730, une famille de soyeux lyonnais, sur les pentes de la Croix-Rousse, va se passionner très vite pour la Franc-maçonnerie puisqu’il est reçu à 20 ans en 1750 en tant que membre d’une loge de Lyon et où deux ans après seulement, mais sans doute après avoir quelques dons, il devient le Vénérable Maître.

Le Vénérable Maître c’est celui qui dirige l’atelier qui dirige les travaux avec - non pas un micro - un maillet, un maillet qui fait écho aux bâtisseurs qui édifiaient les édifices sacrés ; qui permettait de rendre cubiques les pierres pour qu’elles puissent s’intégrer à l’édifice, c'est-à-dire en gommer les aspérités, la rendre suffisamment aplanie pour qu’elle puisse s’intégrer dans le temple et participer à la construction de l’édifice sacré.

Jean-Baptiste Willermoz a un parcours tout à fait extraordinaire parce qu'il est avide et curieux de tout ce qui circule comme grades - et il y a une foule de grades qui circulent à cette période en Europe autour de la Franc-maçonnerie - et commence à s’intéresser à des hauts grades de nature hermétique où l’on cherche la pierre philosophale, et puis très vite déçu, semble considérer, alors même qu’il a une conviction profonde qui est celle-ci :

Depuis mon arrivée dans l’ordre, j’ai toujours pensé qu’il y avait là quelques mystères sublimes qui dépassaient les connaissances habituelles que l’on peut avoir dans le monde.

Mais pour l’instant, il ne les avait pas rencontré bien que accédant à des dizaines et des dizaines de grades. On dit qu’il en avait accumulé plus de quarante.

Alors, je vous rassure, quand on dit recevoir des grades au XVIIIème siècle, c’était recevoir par voie postale des textes dont on prenait lecture et qui permettaient de dire : « Ah ! J’ai reçu tel grade. » Je vous dirais que dans certains domaines, ça reste encore d’actualité, mais je ne vous garantis pas le caractère de validité de telle transmission. Enfin je ne rentre pas dans les détails, c’est un autre sujet.

Un jour d’avril 1767

Quoi qu’il en soit, à cette période de son existence, il semble désabusé et un jour d’avril 1767, - bon vous voyez, il a déjà 37 ans - il se rend à l’orient de Versailles ; on lui a dit : « Là bas vient de s’installer un ordre tout à fait particulier, dirigé par un personnage absolument incroyable, qui semble détenir des connaissances hors normes. » Alors Jean-Baptiste Willermoz en bon lyonnais se dit : « Bon, on ne va quand même pas me raconter midi à quatorze heures, je demande à voir. » et il a même failli ne pas y aller, par ce qu’il reste très dubitatif. C’est son frère qui lui dit : « Mais enfin monsieur allez-y, ainsi que Bacon de la Chevalerie, je vous assure qu’il y a là quelque chose de relativement extraordinaire. »

Martinès de Pasqually et l’Ordre des Chevaliers Maçons Elus Coëns de l’Univers

Et il se présente un soir d’avril 1767 à la porte de ce temple à l’orient de Versailles. Il frappe, et là la porte s’ouvre et qui lui ouvre la porte ? Martinès de Pasqually ! en personne ! et qui a procéder aux cérémonies qui vont lui faire découvrir les mystères d’un ordre tout à fait nouveau dont personne n’a encore entendu parler ; c’est le même Martinès de Pasqually. Quel est cet ordre ? L’Ordre des Chevaliers Maçons Elus Coëns de l’Univers.

Chevalier ; Maçon ; Elus ; Coëns ; d’où ? de l’Univers ?! : Des extraterrestres, presque. Des extraterrestres en tout cas pour la Franc-maçonnerie de l’époque. Pour quelles raisons ? C’est que ce que propose Martinès de Pasqually dans cet ordre relève d’une démarche - le mot Coëns met sur la piste – de nature sacerdotale. On n’est plus là dans des connaissances géométriques, mathématiques, symboliques, historiques ou autres, on est dans des connaissances de nature sacerdotale.

- Qui portent sur quoi ?
- Qui portent sur la célébration d’un culte.
- Une célébration d’un culte ?
- Oui.
- Et quel culte ?
- Le culte primitif qu’Adam avait à célébrer en Eden pour sa réconciliation auprès de l’Eternel.

Adam avait un culte à célébrer en Eden ?

C’est là où il faut bien suivre, Adam avait un culte à célébrer en Eden ? Oui, auprès de Dieu. Ce culte était de nature cosmique, c'est-à-dire qu’il intégrait tous les différents règnes de la création.

Pour quelle raison ? Et bien mes chers amis, en raison de ce que nous dit la Sainte Ecriture : C’est que à un moment de l’histoire divine, une partie des esprits célestes se sont révoltés ; se sont révoltés pour motif simple qui est celui de contester au créateur son pouvoir, en voulant se faire l’égal du créateur, en aspirant à devenir eux-mêmes ce qu’ils n’étaient que pas délégation. C'est-à-dire que sur plan ontologique - ce qui signifie sur le plan de leur être - ils n’étaient ce qu’ils étaient qu’en raison de ce qu’ils avaient reçu antérieurement comme nous tous : nous sommes ce que nous sommes, car pour venir à l’être, il a fallu des parents, qui nous ont porté à l’existence, qui eux-mêmes ont été portés à l’existence par ceux qui les ont précédé, etc…

Dieu

Et comme on ne peut pas remonter la chaine éternellement, il fait bien qu’à un moment il y ait un être qui lui n’ait pas reçu l’être mais qui soit l’être en tant que tel, c'est-à-dire l’être en tant qu’être comme dit Aristote. Cet être en tant qu’être c’est ce que les religions appellent Dieu : « le premier être, l’être premier, le Grand Architecte de l’Univers, le Créateur. »

Une situation de rupture à l’intérieur de l’immensité divine

Le problème c’est que ces esprits ces anges tels que l’expose la Sainte Ecriture, en voulant se faire identiques au Créateur, s’en sont fait la caricature et ont créé une situation de rupture à l’intérieur de l’immensité divine. Cette rupture est l’origine du mal ; elle explique la situation délicate dans laquelle nous nous trouvons ; elle explique le caractère fragile impermanent, et ayant une tendance à la dégradation du monde dans lequel nous vivons.

Alors que tout en nous aspire à l’éternité, à l’infini, à la lumière, nous vivons dans le ruisseau, non pas par la faute à Rousseau, mais parce que dans l’histoire, qui relève de l’histoire divine, la perfection dans laquelle se trouvait la création, à l’origine, a chuté. Là on entend un mot important « la chute », la chute originelle, le péché originel, peu importe le non qu’on lui donne. En tout cas cette rupture cette division est venue interrompre et marquer une frontière terrible, un avant et un après : un avant qui est un état irénique de bonheur de paix général, d’harmonie cosmique à un état de division ; mais d’une division virulente, une division combative qui cherche à non seulement ravir au créateur son pouvoir mais également à lui contester le créateur et au fond le faire disparaitre.

Et ce brave Adam, créé - Martinès de Pasqually dit « émané », émané parce que selon la conception martinésienne, les âmes sont issues de substances à substances de manière directe avec Dieu et de ce point de vue là possèdent des qualités qui sont à l’intérieur de la nature divine mais amoindries affaiblies ; des qualités qui exigent d’être purifié en nous mais qui néanmoins ont une base saine, ont une base authentique -.

Mission de réparer cette première catastrophe divine

A un moment de l’histoire, de l’histoire divine, le Créateur décide d’émaner un esprit, c'est-à-dire un ange, qui aura pour mission de réparer cette première catastrophe divine. Et cet esprit, ce « mineur spirituel » comme l’appelle Martinès de Pasqually c’est l’Homme qui est le député de l’Eternel afin de ramener tout ce qui est divisé à l’intérieur de l’unité divine. C’est donc une œuvre de réunification, de réparation et de reconstitution de l’harmonie détruite, qui incombe à Adam. Ce qui signifie une grande confiance en lui de la part de l’Eternel.

Or cette confiance, hélas va être trahie, comme vous le savez, puisque Adam au lieu de participer à cette œuvre de réunion, de réparation, va écouter les sirènes de l’ennemi du Créateur, et se mettre lui également à vouloir créer à son tour, en générant une forme de matière dans laquelle d’ailleurs nous nous trouvons placé les uns et les autres, en tout cas selon la conception de Martinès de Pasqually.

Une opération de réconciliation par des rites

Et pour retrouver son lien avec Dieu, l’homme a à engager ici bas une opération de réconciliation par des rites qui participent du culte primitif d’Adam, avec les éléments cosmiques de l’origine, c'est-à-dire en travaillant avec les puissances angéliques d’où le nom de « théurgie ». Et on fait appel à ces esprits par des noms spécifiques, possédant des puissances spécifiques, afin d’accomplir ce culte primitif, cette œuvre de réconciliation.

Willermoz se retrouve dans cette atmosphère, avec des dizaines de bougies au sol, des noms tracés, des habits incroyables portés par Martinès et ceux qui sont autour de lui, nous sommes à Versailles à quelques pas du château et il se dit :

Mais c’est extraordinaire ! Je n’ai jamais vu ça.

On est très loin des chevaliers d’opérette, des décors aussi somptueux soient-ils du point de vue des sautoirs et des tabliers, là on est face à des hommes qui portent des robes, qui élèvent les mains au ciel comme le Grand Prêtre dans le Temple de Jérusalem, qui font bruler des encens, qui prononcent des noms inconnus, dans un environnement rempli de symboles étranges, de branches de tel ou tel arbre dont venant de telle ou de telle origine, des flammes qui montent vers le ciel, qui ne sont pas simplement des petites flammes symboliques, et là il voit le Grand Souverain pratiquer devant lui les premiers moments du culte de réconciliation, de ce culte primitif.

Et Willermoz se dit : « Mais c’est prodigieux, c’est absolument prodigieux, jamais je n’aurais pensé qu’il puisse y avoir de tels domaines présents à l’intérieur de la Franc-maçonnerie. » Il est bouleversé. A l’issue de la cérémonie il tombe dans les bras de son initiateur Martinès de Pasqually qui lui dit :

Monsieur ne me remerciez-pas, c’est moi qui vous remercie car vous m’avez donné la possibilité d’avoir la confirmation que l’Eternel me gratifie de nouveau de sa grâce et de sa bonté car j’ai eu des signes sensibles pendant cette réception de la bonté du Créateur à mon égard.

J’ai trouvé la source dont j’ai besoin pour m’abreuver

Willermoz est transformé. Notre lyonnais, bon catholique qui s’essayait un peu à quelques sciences parallèles mais de manière, je dirais, en amateur, là tout à coup se dit :

J’ai trouvé la source dont j’ai besoin pour m’abreuver. J’ai trouvé l’ensemble des éléments qui me permettent de comprendre ce que je ne comprends pas, et...y compris Et dans l’esprit de Jean-Baptiste Willermoz, il faut évaluer ce que signifie cette affirmation : y compris dans ce que j’entends, à l’intérieur de notre Sainte Mère l’Eglise.

Il y a là des enseignements qu’on n’entend pas classiquement au catéchisme, il y a là des lumières spécifiques qui vont bien plus loin que ce qu’on a l’habitude de nous dire, au titre de l’enseignement religieux.

Il revient à Lyon. Il rentre dans une correspondance avec Martinès de Pasqually - qui va d’ailleurs faire l’origine, l’objet d’une édition dans quelques temps, avec une histoire qui racontera dans le menu détail, ce que je brosse à grands traits ici, cet après-midi - et il n’a qu’une idée en tête, c’est à son tour, pratiquer vivre, faire fonctionner ce qu’il a reçu à l’orient de Versailles.

Une information fondatrice pour le Régime Ecossais Rectifié

Il reçoit une information à Versailles, qui est fondatrice pour le Régime Ecossais Rectifié sur lequel nous allons nous pencher, parce que cette intuition fondatrice qu’il reçoit à l’orient de Versailles auprès de Martinès de Pasqually, porte sur cette affirmation :

L’origine de l’Ordre, c'est-à-dire La Franc-maçonnerie, est si reculée qu’elle se perd dans la nuit des siècles et est rattachée à un ordre beaucoup plus ancien dont nul n’est en mesure ni de donner le nom, ni de définir réellement ce qu’il est. Tout ce que peut l’institution maçonnique », dit Jean-Baptiste Willermoz, « c’est d’aider à remonter jusqu’à cet ordre primitif qu’on doit regarder comme le principe de la Franc-maçonnerie. » et il rajoute « C’est une source précieuse, ignorée de la multitude, mais qui ne saurait être perdue. L’un est la chose même » (Pour ceux qui sont habitué du discours martinésien, le mot chose évoque la présence de l’éternel), l’autre n’est que le moyen d’atteindre à cette chose.

L'Ordre des Elus de l’Eternel

Cet ordre très ancien, Martinès de Pasqually l’appelle l’ « Ordre des Elus de l’Eternel. » Les Elus de l’Eternel, pour quelles raisons ? Tout simplement c’est qu’après Adam, une lignée constituée des patriarches, va maintenir comme une connaissance, un dépôt précieux. Quoi dont ? La pratique de ce culte primitif.

Cette lignée patriarcale commence par Abel, Abel le Juste, dont on sait qu’il va susciter le courroux de son frère, puis Enoch, Noé, Melchisédech, Joseph, Moïse, David, Salomon, Zorobabel. Et ceci jusqu’à celui que Martinès de Pasqually appelle « Le Divin Réparateur », le Divin Réparateur qui va perfectionner ce culte ancien. Comment ? En se donnant lui-même comme objet du sacrifice. Cette fois-ci, ce n’est plus une colombe, un agneau, un taureau, mais c’est l’Homme-Dieu lui-même qui se livre en réparation, en offrande sur l’autel de Dieu.

Il y a une chose d’ailleurs dans cette lignée des patriarches qui est tout à fait intéressante. Pour comprendre comment les choses fonctionnent, si vous regardez bien, les ainés ont tous trahi. Caïn est l’ainé de son frère Abel : Trahison. Enoch, Noé, Joseph trahi par ses frères mais si on remonte plus haut, l’ange rebelle, le plus bel ange de la création, celui qui était auprès de Dieu, va tomber dans la révolte et la distance d’avec l’Eternel. Il faut donc un autre fils, il faut donc un nouvel Adam. Adam lui-même, le premier homme l’ainé de toute la famille humaine, a sombré et a fait sombrer toute sa postérité, dans cette prévarication. C’est comme s’il devait échoir au cadet un rôle réparateur. Ce qui vous explique d’ailleurs, petite parenthèse que les cadets étaient souvent destinés à la vie religieuse dans les familles, parenthèse refermée.

La source du Régime Ecossais Rectifié

Quoi qu’il en soit mes biens chers amis, à la première question : « Quelle est la source du Régime Ecossais Rectifié ? » (Alors il y a une quinzaine de questions comme ça donc vous pouvez bien vous installer dans vos fauteuils et considérer que nous sommes là encore pour un bon moment.) A la première question (non il y a trois questions), la maçonnerie du Régime Ecossais Rectifié, est issue, provient (peu importe le terme que l’on emploie) de la vraie religion éternelle.

Les éléments de la doctrine martinésienne

Ce système maçonnique que va constituer Jean-Baptiste Willermoz en 1778, en faisant quoi ? C'est-à-dire en introduisant à l’intérieur d’une écorce qui s’appelle la « Stricte Observance », tous les éléments de la doctrine martinésienne, une doctrine d’ailleurs, et je dis ça au passage mais nous pourrons en parler tout à l’heure si vous voulez, qui fait que si elle est oubliée, impensée, rejetée, méconnue, combattue, il n’y a plus de Régime Ecossais Rectifié, on peut faire ce qu’on veut, on aura l’enveloppe du Régime, on aura le goût, l’image, mais ça ne sera plus le Régime Ecossais Rectifié.

D’où le caractère fondamental de cette doctrine, qui n’est pas une option, qui n’est pas : « Bon, euh, on t’expliquera ça plus tard ! » qu’on a entendu souvent dans les cénacles maçonniques. « Ton âge n’est pas encore venu. » Puis vous attendez, parce que vous êtes bien gentil, vous vous dites : « Ca viendra peut-être un jour. » Et puis le temps passe, et s’efface à nos yeux… enfin bon… Et puis on vous dit toujours la même chose : « Ah écoute, là on a une réception, donc on en parlera la prochaine fois. D’accord ? » Alors la prochaine fois vous posez la question. « C’est un sujet délicat, qui mérite beaucoup d’attention et d’ailleurs ta question est très intéressante. » Résultat, vous tournez en rond, comme un moustique autour de la lampe et vous ne trouvez jamais la réponse réelle !

Voyons quel est le type de religion éternelle dont parle Jean-Baptiste Willermoz

Alors faisons un pas dans les voies qui nous sont ouvertes pour commencer les travaux, et voyons quel est le type de religion éternelle dont parle Jean-Baptiste Willermoz et dont aujourd’hui le Régime Ecossais Rectifié, correctement pratiqué, authentiquement vécu, légitimement fondé, propose d’intégrer cette religion éternelle, d’y participer et de rejoindre donc la lignée patriarcale dont j’ai parlé précédemment et quoi donc ? S’inscrire à l’intérieur de cette lignée en tant qu'un des Elus de l’Eternel.

La lignée des patriarches

Alors vous me direz :
-Alors comme ça cet après-midi tranquillement pour nous parler de Franc-maçonnerie, vous êtes en train de nous raconter que le Régime Ecossais Rectifié c’est l’Ordre des Elus de l’Eternel et le Frère ou la Sœur qui en est membre participe de la lignée des patriarches ? Tout à coup il est rattaché à la lignée patriarcale biblique.
-Et oui.
-Mais alors comment cela ce peut-il ? Comme ça moi je suis arrivé, on m’a mis un bandeau sur le nez, enfin bon sur les yeux plus exactement, on m’a fait tourner en rond et à la fin je suis devenu un élu de l’Eternel ? Je me suis retrouvé parmi les patriarches de la Bible ? J’habite à trois rues à côté, tout le monde me connait, je suis un bon voisin, j’ai de bonnes relations avec mes clients ou mes activités professionnelles, je peux vous assurer que ça me fait quand même étrange lorsque je me mets derrière mon bureau de me dire, là c’est marqué monsieur X - n’y voyez pas de référence radiophonique - monsieur X et en réalité il devrait être marqué à côté : Elu de l’Eternel. » « Alors là c’est autre chose, c’est marqué !

Tout change intérieurement

C’est pourtant ça, c’est pourtant vrai et c’est ce qui est extraordinaire, c’est qu'en réalité rien ne change de l’aspect extérieur, de l’enveloppe mais tout change intérieurement. Tout change intérieurement au niveau du rapport au monde, de la perspective de la manière d’être dans sa vie, de la manière de la vivre et de se comporter d’abord avec soi-même. On n’est plus à soi-même la même personne.

Ca signifie quoi d’être un élu de l’Eternel ?

Alors vous me direz : « Mais bon, être un élu de l’Eternel en week-end c’est peut-être amusant, mais comme ça au quotidien ça signifie quoi d’être un élu de l’Eternel ? J’entant parler le Créateur comme Don Camilo dans son église ? « Don Camillo,… » Non, il faut le dire quand même ce n’est pas rien d’être élu. Bon je sais bien qu’on est en période préélectorale mais là ce n’est pas une élection au titre d’un suffrage, c’est une élection par grâce : C'est-à-dire que le ciel décide - pour quelle raison on n’en sait rien du tout, pour quel mérite, au contraire on n’en a peut-être aucun - mais parce que pour des raisons qui nous échappent. Comme Jean-Baptiste Willermoz d’ailleurs, un jour voila que par cooptation ou par curiosité peut importe, nous avons été introduit dans cette société et que l’on a découvert des choses qui nous dépassent mais alors totalement et de manière considérable et là on n’en est plus au début de l’exposé où c’était simplement pour ce dire : « Mais alors quelle est l’origine de ces symboles, de ces formes, de ces éléments que je vois autour de moi ? » Là il est question de nous, on va dire que c’est de nature existentielle. Est-ce que mon existence est impliquée, modifiée par mon appartenance à cette société ? Et si oui, de quelle manière ? Comment est-ce que je gère mon rapport au monde ?

Et en effet, plus on va avancer, plus les obligations, la compréhension, l’approfondissement de ces éléments vont nous permettre de comprendre que plus rien ne sera pareil pour nous. Car le rapport avec le domaine transcendant sera de nature transformatrice.

Une naissance à un nouvel ordre des choses

C’est ce qu’en grec on appelle une « métanoïa », une naissance à un nouvel ordre des choses, à une nouvelle manière de vivre, de vivre pas simplement sa vie maçonnique, mais sa vie personnelle de manière complète.

De quelle façon va s’exercer cette transformation ?

De quelle façon va s’exercer cette transformation ? Tout d’abord par une reverticalisation du rapport au monde. On ne reste plus au niveau horizontal au niveau des pâquerettes comme on dit. Là, il y a une montée qualitative, une aspiration vers quelque chose qui nous dépasse, un appel à la transcendance. Tout à coup, l’Homme - l’Homme au sens générique, je n’exclue les dames de cette perspective, bien au contraire on va dire l’âme pour un terme plus large - l’âme sent qu’elle est mise en présence d’une force, d’une puissance, d’une réalité qui la dépasse totalement.

Et le premier moment de cette relation avec cette présence immense est un moment de conscience, de conscience qui a en réalité à l’intérieur de nous une dimension surnaturelle qui nous dépasse et qui nous fonde en réalité beaucoup plus que les éléments classiques à partir desquels nous avions notre référentiel : mon logis, ma famille, mes parents, etc… mes activités professionnelles. Là tout à coup, ce référentiel est un référentiel indicible, invisible, incommunicable.

Vous me direz : « On est bien avancé avec ça, puisque ça ne va pas faciliter mes relations avec mes proches. »

-Tu as l’air différent depuis quelques temps.
-Ah oui mon ami, mais tout ceci relève de l’indicible de l’informulable et de l’incommunicable.
-Bon, c’est très bien, presses-toi, il faut aller chercher les enfants à l’école.
(Retour à la réalité, rapide !)
-Lorsque tu auras fini de rêver dans tes nuages de l’incommunicable, tu pourras revenir parmi nous, n’est-ce pas ? D’ailleurs demain nous devons aller voir belle-maman et tu seras prié d’être un peu plus aimable que la dernière fois. Tout le monde à remarquer que tu te faisais…

(Bon enfin excusez moi, je …Demain c’est la fête des mères, n’oublions pas.)

Clément d'alexandrie

Au sein du collège des apôtres », c’est Saint Clément d’Alexandrie qui parle : « le Christ en a choisi certains, pour certaines connaissances et d’ailleurs trois seulement ont été admis à assister à la transfiguration.

C’est vrai lorsqu’on y réfléchit seulement Pierre, Jacques et Jean, vous vous rappelez selon l’évangile, ont pu assister. Et Clément d’Alexandrie souligne ceci :

A Jacques le Juste, à Jean et à Pierre, le Seigneur après la résurrection, donne une connaissance. Cette connaissance, ceux-ci la donnèrent aux apôtres et les autres la donnèrent au soixante-dix dont l’un était Barnabé.

Gnose

Connaissance spécifique, en grec comme vous le savez, ça se dit gnose mais gnose en son vrai nom c'est-à-dire la connaissance réelle de cet enseignement secret dont Saint Clément d’Alexandrie nous parle, un enseignement qui n’est pas inscrit dans l’Ecriture, mais qui se transmet de manière orale.

Origène

Origène rajoute - on est vraiment dans l’école d’Alexandrie au premier siècle du Christianisme et vous allez voir pourquoi sont cités comme témoins Clément d’Alexandrie et Origène - :

Ce qu’est le verbe dans le Christianisme, dit Origène, est peut-être autre chose dans d’autres traditions. C'est-à-dire nommé de manières différentes dans d’autres traditions.

Pourquoi dit Origène : par ce qu’il existe diverses formes du verbe sous lesquelles il se révèle à ses disciples. Soulignons ce que dit Origène : Ce que le Christ dit aux apôtres : J’ai d’autres brebis qui ne sont pas dans cet enclos.

C’est très beau comme image. Il pense au fond à tous ceux qui participent à un désir, qui n’est pas satisfait par les explications que l’on entend généralement ; et qui souhaitent approfondir, connaitre, avancer dans la compréhension des mystères de la vie et de Dieu.

Pour cela il y a cette tradition, une tradition que certains auteurs ont désignée comme étant celle de la discipline de l’arcane dont Origène dit qu’elle est la base de l’enseignement non écrit du Christ.

Ce même Origène, bizarrement, lorsqu’on le lit, soutient quasi mots pour mots, ce que Martinès de Pasqually écrit, soit dans son « Traité sur la Réintégration des êtres dans leur premières propriétés vertus et puissances spirituelles divines primitives », soit dans les textes mêmes des rituels et des instructions qu’on trouve dans les rituels de l’Ordre des Chevaliers Maçons Elus Coëns de l’Univers.

Jean-Baptiste Willermoz qui est éduqué dans ce milieu catholique qui a grandi à l’intérieur de ce monde de la contre-réforme, où tout à coup on donne à lire les auteurs des temps apostoliques, s’aperçoit de cette correspondance et c’est que qui lui fera dire :

Jusqu’au VIème siècle, l’église avait conservé un certain nombre de connaissances mais qu’elle a aujourd’hui complètement oubliées et dont les ministres de cette église désignent ces connaissances comme étant des erreurs.

L’erreur, comme vous le savez, en grec « eresia », VIème siècle ! Alors ce sont des affirmations que l’on trouve dans les textes du Régime Ecossais Rectifié ainsi que dans la correspondance de Jean-Baptiste Willermoz, de même que dans un texte relativement célèbre qui s’appelle le « Traité des deux natures ».

Qu’est-ce qui s’est passé au VIème siècle ?

Quand on regarde l’histoire, alors sur ce sujet il y a eux des spéculations incroyables, tout le monde s’étant imaginé que le VIème siècle correspondait à on ne sait trop quel bouleversement d’ordre politique ou autre. En réalité, lors du deuxième concile de Constantinople, le cinquième concile œcuménique qui s’est tenu à quelle date ? en 553, pile au milieu du VIème siècle, les propositions d’Origène, - qui sont en fait ce que je décrivais tout à l’heure sur la révolte des anges, précipités dans le monde matériel pour limiter la propagation du mal, le monde créé précisément sous effet de cette révolte - ces propositions font l’objets de 15 anathématises, qui lorsqu’on les lit - alors j’ai résumé ca dans un livre qui s’appelle « La doctrine de la réintégrations des êtres » - c’est la doctrine de Martinès de Pasqually. C’est la doctrine que Jean-Baptiste Willermoz à rencontré à Versailles en 1767 lorsqu’il a découvert cet ordre et les cérémonies auxquelles on s’y livrait.

Mais alors si elles ont été oubliées au VIème siècle, retrouvée au XVIIIème, est-ce qu’elles ont perdurées jusqu’à nous ? Est-ce qu’elles sont encore connues, pratiquées approfondies, travaillées ?

Parce qu’il ne suffit pas de savoir ceci, encore faut-il se mettre au travail

Parce qu’il ne suffit pas de savoir ceci, encore faut-il se mettre au travail avec un crayon à la main, prendre des notes, voir quelles sont les thèses en présences, voir quelles sont à la fois les origines mais aussi les conséquences de ces thèses. Est-ce que c’est simplement pour notre instruction et notre culture générale ou ça peut intervenir vraiment dans le cadre d’une transformation réelle de nos existences pour passer de l’état de profane, comme on dit, à l’état d’initié, c'est-à-dire participant de connaissances et de perspectives qu’on ne trouve pas soit dans les livres, soit en regardant des émissions de télévision, soit en faisant des voyages, mais par un voyage intérieur, par un approfondissement d’éléments internes, qui relève d’une transformation radicale de nos vies.

Tout ce ci va intervenir de manière radicale dans nos vies

La réponse est si le Régime Ecossais Rectifié est pratiqué authentiquement et qu’il est vécu en conformité avec les bases qui ont été posée au XVIIIème siècle, alors en effet tout ce ci va intervenir de manière radicale dans nos vies personnelles et notre manière de vivre ce Régime Ecossais Rectifié.

Alors vous me direz (je regarde un peu l’heure) :

- On va ressortir cet après-midi de cette conférence avec deux convictions si je suis membre du Régime Ecossais Rectifié, ou si j’aspire à le devenir, ou si je suis ami, voisin, en sympathie avec lui, je sais que tout ça relève de l’Ordre des Elus de l’Eternel et deuxièmement que les connaissances qu’on trouve à l’intérieur de cet ordre relèvent des propositions d’Origène et font de moi au fond un contemporain de Clément d’Alexandrie et d’Origène. Dans ma vie c’était déjà pas simple mais avec vous, ça va pas s’arranger.

Or j’ai la joie de vous apprendre chers amis, qu’en effet la situation est relativement singulière et particulière. C'est-à-dire que nous sommes à la fois dans l’utopos et dans le cosmos. Alors vous me direz : « A quelle heure part la prochaine navette, comme ça se sera plus simple ? »

Mais c’est ce côté magnifique du voyage qui est proposé par l’initiation. Etre un initié, en effet, bien mes chers amis, c’est accepter cette délocalisation, cette sortie de nous même pour tout à coup aborder un univers, un monde, une perspective, qui n’a strictement plus rien à voir, mais alors plus rien à voir, avec ce dont on avait l’habitude de vivre dans notre rapport à l’existence et y compris avec les institutions officielles de cette existence civiles religieuses etc… scientifiques ou autres.

On est dans quelque chose de tout à fait différent qui n’a strictement plus rien à voir. Et là vous me direz : « Mais vous nous avez déjà fait le coup tout à l’heure avec indicible, incommunicable, informulable, donc ça accroit plus encore la difficulté. »

Une perspective métaphysique

Et oui. Alors si ça accroit la difficulté, ça en devient que plus intéressant ; vous savez, c’est comme ces énigmes qui sont d’autant plus passionnantes qu’on n’arrive pas à les résoudre et qu’elles deviennent quasi obsédantes pour l’esprit : « Mais pourquoi dont ? Où se trouve la solution ? Comment faire ? » Alors là pour le coup le tangram et autres sont largement dépassés même si ce sont des jeux éducatifs intéressants, parce que l’on touche à la métaphysique et on touche à une perspective métaphysique dont le premier moment se trouve dans la primitive origine. Une perspective métaphysique qui va nous porter obligatoirement à nous confronter avec les éléments des premiers instants de la création, des premiers instants de la manifestation, de l’émanation, si on reprend le terme de Martinès de Pasqually.

Parce que c’est là que nous sommes mobilisés pour engager l’œuvre réconciliatrice, pas simplement de notre âme individuelle mais de la perspective humaine en général, de toute la famille humaine et même plus largement de tous les règnes de la création : le règne animal tout d’abord, le règne minéral et végétal.

l’œuvre du Régime Ecossais Rectifié, le but auquel il travaille

Tout est engagé dans quoi ? Dans le grand processus de réconciliation universel car en réalité l’œuvre du Régime Ecossais Rectifié, le but auquel il travaille est la réconciliation universelle de tout ce qui constitue la création, y compris les esprits révoltés.

-Y compris les esprits révoltés ? Vous voulez ramener les anges ténébreux dans le sein de l’unité divine ?
-Oui.
-Mais comment ?
-Nous parlerons de ces choses une autre fois.

Ceci étant, oui le but est bien celui-ci. Et lorsqu’on prend conscience que ce but si magnifique soit-il est un but auquel nous sommes convoqués les uns et les autres, ici maintenant dans nos vies, là où nous nous trouvons, pour avancer vers cette réconciliation, alors, mes biens chers amis, nous pouvons comprendre pourquoi ce discours de Joseph de Maistre par lequel j’ai ouvert cette conférence, est riche d’enseignements pour nous.

Parce que par les mots qui sont les siens, nous allons comprendre à quoi nous sommes appelés. Ce qui d’ailleurs constituera mas conclusion :

Lorsque ce qui est en dehors, lorsque la vie ou la génération extérieure sera devenue semblable à la vie intérieur ou angélique, écrit Joseph de Maistre, alors il n’y aura qu’une seule naissance, il n’y aura plus de sexe, le mal et la femelle ne feront qu’un, et le royaume de Dieu arrivera sur la terre comme au ciel.

« Ce qui est né de l’esprit est esprit », dit Saint-Jean. Nous qui sommes nés de l’esprit sommes appelé à aller vers cet esprit, à aller en communion vers cette perspective spirituelle. Et cette perspective spirituelle est pour nous le moment essentiel de notre naissance, ou plus exactement notre renaissance comme le phénix surgissant des flammes sur lesquelles il était posé.

Il faut nous tenir prêt, dit Joseph de Maistre, pour un événement immense dans l’ordre divin, vers lequel nous marchons avec une vitesse accélérée qui doit d’ailleurs frapper tous les observateurs. Et il rajoute : Les oracles redoutables annoncent déjà que les temps sont arrivés ; les temps de la réconciliation universelle, les temps du retour à l’origine, les temps du retour à la remontée vers l’unité, vers l’un qui est la tension centrale du Régime Ecossais Rectifié.

En effet ont été ouverts par Jean-Baptiste Willermoz au XVIIIème siècle lors de la constitution de ce système maçonnique chevaleresque qui s’appelle le Régime Ecossais Rectifié, et il nous faut, mes biens chers amis de ce point de vue, « faire place à l’esprit » comme dit Louis-Claude de Saint Martin, ouvrir en nous largement les portes du sanctuaire pour que puisse venir y résonner la lumière divine, la sainte présence de Dieu et nous transformer radicalement, intérieurement et alors nous pourrons comprendre la proposition faite par Maistre à ceux qui, dans son exil à Saint-Pétersbourg, s’approchaient de lui pour lui demander : « Mais que nous reste-il à faire dans la situation dans laquelle nous nous trouvons ? »

Et voici sa réponse qui sera également la mienne comme proposition générale et invitation à vous tous comme chemin de vie transformatrice illuminatrice :

Cédons à l’amour et entrons dans la voie royale qui aboutit et doit nous conduire jusqu’à la Cité Sainte, la Sainte Jérusalem céleste pour y vivre en plénitude dans l’éternité de la vie immense de celui qui ne porte pas de nom, n’a pas de visage mais qui se révèle, comme dit le prophète Elie, dans un souffle intime à l’oreille et à l’intérieur de l’homme comme un don divin une grâce d’amour donnée à chacune des créatures de ce monde.

Je vous remercie.

Quel devenir pour le Régime Écossais Rectifié ?
Communication de Jean-Marc Vivenza
au Cercle Philosophique, Comté de Nice, le 4 décembre 2014

Tout d’abord bonsoir à vous tous ; visages connus et visages inconnus mais y en a-t-il dans le cadre des voies initiatiques qui sont les nôtres, finalement nous cheminons ensemble dans une sorte de proximité qui créé une immédiateté lors même des premières rencontres.

Je profite de ces mots d’introduction pour remercier les animateurs de l’association Cercle Philosophique Comté de Nice qui sont à l’initiative de cette soirée et, d’une certaine manière m’ont proposé le thème qui sera exposé ce soir :

Quel devenir pour le Régime Ecossais Rectifié ?

Question d’ailleurs qui sonne presque comme un défi, une interrogation en forme de questionnement sur : Qu’en est-il du Régime Ecossais Rectifié aujourd’hui ? Quelle est la situation dans laquelle il se trouve ? Et si l’on est un peu plus introspectif, en regardant les différentes formes sous lesquelles vit le Régime Ecossais Rectifié, depuis son réveil en 1935, est-ce que les différentes configurations proposées pour le Régime Ecossais Rectifié - qui souvent d’ailleurs il faut l’avouer est beaucoup plus travaillé comme un rite que comme un régime, on va voir qu’est-ce qui distingue d’ailleurs le rite du Régime - l’interrogation subsidiaire qui vient immédiatement après c’est : Est-ce que ces formes sont en conformités avec les vœux des fondateurs de ce système initiatique au XVIIIème siècle ? Si c’est le cas, et bien nous nous en louerons et nous retiendrons ce qui participe de la conformité avec les vues des fondateurs du rite au XVIIIème siècle ; si ce n’est pas le cas, et bien nous dirons aussi pourquoi et comme nous sommes entre nous nous ferons sans langue de buis, en essayant d’éviter le langage par trop diplomatique qui au fond nous évite de penser le fond de la question.

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c’est qu’au minimum nous imaginons qu’il y a un devenir pour ce Régime.

Bien évidemment, si un tel titre a été donné à cette communication, « Quel devenir pour le Régime Ecossais Rectifié ? » c’est qu’au minimum nous imaginons qu’il y a un devenir pour ce Régime. Sinon, nous considèrerions que la vie de ce Régime a été écrite au fil des décennies qui nous séparent de sa fondation en 1778 lors du convent des Gaulles et qu’aujourd’hui il n’a plus qu’à sommeiller comme une vieille relique, une sorte d’archéologie vénérable dont il nous faudrait admettre que les temps dans lesquels nous nous trouvons ne permettent plus de le faire vivre selon les intentions de ses fondateurs.

Je signale au passage que ce type de remarque, que je fais de manière assez légère, est considérée comme une évidence par la plupart des obédiences qui aujourd’hui ont à travailler ou font travailler le Rite Ecossais Rectifié.

Pour bien comprendre notre question il nous faut faire un petit voyage dans le temps : Le convent des Gaulles

Pour bien comprendre notre question il nous faut faire un petit voyage dans le temps, pas trop loin et en ce qui nous concerne les uns et les autres nous serons en pays de connaissance puisqu’il s’agit du XVIIIème siècle au moment où un certain nombre de Frères à Lyon vont être réunis à l’initiative de Jean-Baptiste Willermoz, lors d’un convent qu’on va appeler « des Gaulles » précisément parce qu’il va avoir lieu à Lyon, capitale des Gaulles, convoqué le 24 octobre de l’année Julien selon le calendrier templier de la Stricte Observance, ce qui donne selon le calendrier grégorien le 6 novembre 1778.

Les Frères des Directoires des trois provinces du Rite Réformé d’Allemagne

D’où l’explication de cette fameuse fête de l’Ordre du 6 novembre dans le « Code Maçonnique des Loges Réunies et Rectifiées » dont tout le monde imagine qu’elle est là pour célébrer la mémoire de Jacques de Molay et peut-être de quelques Frères de l’Ordre du Temple, ce n’est pas du tout le cas : c’est la date de la réforme engagée par les Lyonnais entourés des Strasbourgeois, entourés des Frères de l’Occitanie, c'est-à-dire en réalité les Directoires des trois provinces du Rite Réformé d’Allemagne comme on disait à l’époque, à savoir le Rite de Stricte Observance constitué par le Baron de Hund au milieu du XVIIIème siècle en Allemagne, importé en France d’abord en 1773 à Strasbourg auprès de la Loge des Frères de Turckheim, Bernard et Jean, La Candeur à l’orient de Strasbourg, premier des Directoires de la Stricte Observance implanté en France, puis Lyon en juillet 1774, exactement au moment où le Baron Von Weller qui était le députatis spécial du Baron de Hund vient à Lyon pour y importer, y introduire le rituel de la Stricte Observance dite Templière d’Allemagne et il vient avec, dans ses bagages, les rituels qui sont pratiqués en Allemagne.

Rituels d’ailleurs assez fastueux et surtout qui présentent une caractéristique très originale par rapport à la maçonnerie continentale telle que pratiquée en France au XVIIIème siècle, avec un système de hauts grades dit « Ordre Intérieur » qui n’est plus maçonnique mais qui est proprement et uniquement chevaleresque. Chevaleresque pourquoi ? Car à l’intérieur on y retrouve, plus du tout les décors, les symboles et le mode de fonctionnement des Loges, mais, on va dire, des formes attitudes, principes qui sont ceux d’une chevalerie authentique.

Du 10 novembre jusqu’au 21 décembre 1778, que va-t-il se passer à Lyon ?

Alors lors de ce mois de novembre 1778, exactement du 10 novembre jusqu’au 21 décembre 1778, que va-t-il se passer à Lyon ? Car si l’on veut savoir ce que peut être le devenir du Régime Ecossais Rectifié et bien il faut savoir d’où il vient, qu’est-ce qu’il est, de quoi il parle, ce qu’il souhaite faire et à quoi il aspire.

Vous savez comme dit le dicton populaire : Pour savoir où l’on va, il faut savoir d’où l’on vient.

L’idée de Jean-Baptiste Willermoz en 1778 est très claire, [A ces mots, l’appareil enregistreur s’écroula, ce qui nous permet de laisser s’installer nous amis […] Lorsque que nous avons prononcé le mot d’idée claire, concernant Jean-Baptiste Willermoz, les glyphes apocryphes qui se manifestent par la lumière de cet appareil, ont été frappés soudain d’une présence particulière suscitant quelques réactions.]

Alors, nos Frères sont réunis à Lyon autour de Jean-Baptiste Willermoz

Alors, nos Frères sont réunis à Lyon autour de Jean-Baptiste Willermoz, qui ne l’oublions pas, vient de passer plus de deux années entouré des principaux animateurs de La Bienfaisance, c'est-à-dire la Loge de Lyon en compagnie d’une figure tout à fait exceptionnelle de cette période connue sous le nom de « philosophe inconnu », c'est-à-dire Louis-Claude de Saint-Martin qui a quitté Bordeaux depuis 1774 exactement en janvier 1774 et est venu s’installer au logis de Jean-Baptiste Willermoz au Broteau, demeurant en compagnie de Madame Provençale, c'est-à-dire la sœur de Jean-Baptiste Willermoz et on imagine lors de ces longues soirées intimes, ce sur quoi ils ont pu échanger, sachant qu’au même moment se déroulait, quasi à plein temps, parce que lorsqu’on voit les dates des différents séminaires organisés par Jean-Baptiste Willermoz, Louis-Claude de Saint-Martin et Jean-Jacques Croix-d’Auterive, on s’aperçoit de l’intensité de leur réflexion : Séminaires qui ont été baptisés « Les Leçons de Lyon aux Elus Coëns. »

La question de l’enseignement de Martinès de Pasqually

Pendant deux ans, de janvier 1774 jusqu’à juin 1776, tout ce groupe, qui parfois voyait venir des Frères de Paris, des Frères de Chambéry, des Suisses, des Strasbourgeois, des Toulousains, on réfléchi à la doctrine laissée en héritage si l’on peut dire, par le célèbre Martinès de Pasqually, qui avait reçu dans son ordre, avant d’aller quérir un héritage à Saint-Domingue en mai 1772, la plupart des Frères qui sont réunis autour de Jean-Baptiste Willermoz.

Pendant deux ans, on va réfléchir à cette question de l’enseignement de Martinès de Pasqually pour essayer d’établir sa validité, ses perspectives, à quoi il tend et quel est le but, le but propre de l’Ordre dit des « Elus Coëns de l’Univers. » Le but, nous le connaissons, c’est la réintégration de l’Homme plus exactement des êtres dans leurs premières propriétés, vertus et puissances spirituelles divines primitives.

Cet approfondissement des thèses de Martinès, créé autour de Willermoz à Lyon, un véritable foyer d’intérêt extraordinaire pour les éléments propre du Régime de Martinès de Pasqually.

Or la Stricte Observance qui a été importée d’Allemagne, proposant un rituel, un environnement, un cadre infiniment plus organisé plus rationnel que l’Ordre des Elus Coëns de Martinès de Pasqually, qui commençait, qui chaotique, tous les rituels ne sont pas écrits, le Grand Maître, le Souverain Grand Maître, Martinès est une personnalité relativement originale et assez complexe qui obéit très peu aux lois de ce monde. Quoi qu’il en soit le système n’est pas viable du point de vue organisationnel même si du point de vue doctrinal il ouvre des perspectives extraordinaires. Perspectives auxquelles sont absolument fidèles les Frères de Lyon et souhaitent le demeurer.

L’idée géniale de Jean-Baptiste Willermoz

L’idée géniale de Jean-Baptiste Willermoz, qui n’est pas celle de Louis-Claude de Saint-Martin, puisque en 1776, lorsque la réforme dite de Dresde s’installe de manière définitive sur Lyon, il préfère par deux fois en juillet 1774 et août 75, aller se promener en Italie. Il est vrai que l’Italie est un beau pays du point de vue touristique mais le déplacement est diplomatique de la part de Saint-Martin. Il n’approuve que très modérément les initiatives de son ainé en initiation, ainé de tout de même 13 ans, à l’époque c’est beaucoup.

Jean-Baptiste Willermoz est né en 1730, Louis-Claude de Saint-Martin en 1743. Il lui donnera d’ailleurs toujours du titre de « Mon Cher Maître » avec beaucoup de respect, de révérence et Willermoz d’ailleurs ne se fera pas faute parfois de lui tirer un peu l’oreille lorsqu’il le jugera nécessaire dans, d’après Willermoz, sa facilité à répandre et à dévoiler un peu trop aisément la doctrine de leur maître à tous deux à savoir Martinès de Pasqually.

En tout cas, en 1778 l’intention de Jean-Baptiste Willermoz est claire. Il est question dans son esprit de réformer, rectifier la Stricte Observance pour y instiller, y infuser en son sein, l’enseignement de Martinès de Pasqually et en particulier l’ensemble de ses thèses portant sur la doctrine de la réintégration des êtres. Mais d’une manière tout à fait différente qu’on le faisait dans l’Ordre des Chevaliers Maçons Elus Coëns de l’Univers ; avec une propédeutique beaucoup plus adaptée, l’utilisation des symboles proposés par la Stricte Observance, et également une séparation très nette entre les classes distinctes qui vont composer l’architecture du Régime Ecossais Rectifié. Trois classes : la classe des symboles, la classe chevaleresque et au XVIIIème siècle une classe non ostensible dite secrète dont on ne parlera d’ailleurs même pas au convent des Gaulles mais que Jean-Baptiste Willermoz souhaitera faire entériner au convent de Wilhelmsbad quelques années plus tard en 1782.

L’idée extraordinairement ambitieuse de Jean-Baptiste Willermoz et des Frères qui sont autour de lui c’est de réformer l’ensemble de la Franc-maçonnerie.

Nous sommes donc à Lyon, l’ensemble des Frères sont réunis pour réformer la Stricte Observance Templière mais pas seulement. L’idée extraordinairement ambitieuse de Jean-Baptiste Willermoz et des Frères qui sont autour de lui, c’est de réformer l’ensemble de la Franc-maçonnerie.

Je crois que c’est un point qui est à noter pour notre réflexion, une ambition de Willermoz et des Frères qui l’entourent c'est pas simplement d’améliorer, de faire progresser, de conférer à la Stricte Observance allemande des éléments qui lui manque, c’est également de transformer - aujourd’hui on parle du PMF, vous savez le Paysage Maçonnique Français - et bien de transformer le PMU le Paysage Maçonnique Universel et non pas le Pari Mutuel Urbain, vous l’avez tous compris.

Est-ce que c’est acceptable ou pas cette idée ?

La question est de savoir si l’ambition de Jean-Baptiste Willermoz et des Frères qui sont autour de lui est recevable. Est-ce que c’est acceptable ou pas cette idée ? Attention, notre passage au deuxième temps du développement de cette communication en dépend mais en dépend également notre rapport au Régime, notre rapport au rite. Si l’on considère que l’ambition est outrancière, que c’est quelque chose de tout à exorbitant et au fond d’un peu chimérique - c’est ce qu’on peut lire d’ailleurs sous la plume de certains auteurs : les chimères willermoziennes, je ne citerais personne - alors d’une certaine manière ce que l’on va aborder dans un moment, c'est-à-dire dans trois quatre heures, non je plaisante, à savoir comment vit le Régime Ecossais Rectifié, trouverait sa réponse immédiate : au fond chacun peut en faire ce qu’il lui plait, comme le dit la chanson.

Si l’intention de Jean-Baptiste Willermoz est une absurdité, une folie passagère, un petit délire personnel, une surexcitation de l’esprit effervescent de notre lyonnais à propos de la doctrine de Martinès de Pasqually, la question est résolue mais si l’on considère que l’intention fondatrice de Jean-Baptiste Willermoz à un sens, et on va essayer de comprendre quel est ce sens, alors se demander si les critères de la réforme de Lyon, tels qu’ils ont été posés au XVIIIème siècle, si ces critères répondent bien à une exigence, et si cette exigence demande d’être respectée, auquel cas si nous répondons par l’affirmative aux deux points successifs, notre examen sur la manière dont nous vivons aujourd’hui notre rapport au régime et notre manière de le pratiquer va s’éclairer notablement.

Voyons comment s’ouvre le Code des Loges Maçonniques Réunies et Rectifiées de France

Voyons comment s’ouvre le code des Loges Maçonniques Réunies et Rectifiées de France :

Des Loges entières dans diverses contrées, sentant la nécessité d'un centre commun [Soyons attentif, chaque mot a son importance] dépositaire d'une autorité législative se réunirent et coopérèrent à la formation de divers Grands Orients. C'était déjà de leur part un grand pas vers la lumière mais à défaut d'en connaître le vrai point central et le dépôt des lois primitives, elles suppléèrent au régime fondamental par des régimes arbitraires particuliers ou nationaux, par les lois qui ont pu s'y adapter. Elles ont eu le mérite d'opposer un frein à la licence destructive qui dominait partout, mais comme elles ne tenaient point à la chaîne générale, elles en ont rompu l'unité en variant les systèmes.

Qu’est-ce que ce petit morceau d’anthologie signifie ? On est en 1778, les constitutions d’Anderson et Desaguliers ont déjà quelques décennies. La constitution en Grandes Loges auxquelles on fait référence, autorités législatives, coopérer à la formation de divers Grands Orients, est regardée comme une initiative louable mais on signale que ces initiatives ignorent la chaîne générale, l’origine primitive de la Franc-maçonnerie, dont elles ont rompu l’unité en variant les systèmes.

Il y aurait donc une origine primitive de la Maçonnerie inconnue de ces systèmes et surtout il y aurait l’ignorance de ces systèmes de cette origine primitive et des lois qui lui sont rattachées.

Et voyez la suite, introduction du code maçonnique : Des Maçons de diverses contrées de France, convaincus que la prospérité et la stabilité de l'Ordre Maçonnique dépendaient entièrement du rétablissement de cette unité primitive, mais ne trouvant point chez ceux, cette unité ni les signes, qui doivent la caractériser, enhardis dans leurs recherches par ce qu'ils avoient appris sur l'ancienneté de l'Ordre des Francs-maçons, [écoutez-bien] fondé sur la tradition la plus constante, sont enfin parvenus à en découvrir le berceau.

Le berceau de la maçonnerie primitive ?

Willermoz, les Frères de Strasbourg, les Chamberiens, tous ceux présents au convent des Gaulles ont découvert le berceau de la maçonnerie primitive ? Ils ont découvert l’origine cachée, voilée, celle à laquelle aspirent tous les maçons, détentrice de la parole perdue ? C’est ce qu’affirme ce texte.

Et voyez enfin comment se conclue cette introduction : avec du zèle et de la persévérance ils ont surmonté tous les obstacles [On veut bien les croire, quand on annonce des choses comme ça, il faut quand même s’attendre à quelques réactions] et en participant aux avantages d'une administration sage et éclairée [Ca c’est pour calmer les Frères allemands de la Stricte Observance], ils ont eu le bonheur de retrouver les traces précieuses de l'ancienneté et du but de la Maçonnerie.

Quelle meilleure introduction à notre propos que les affirmations publiées, imprimées, envoyées de partout en Europe, lors du convent des Gaulles ; qu’on envoie d’ailleurs aux Frères Allemands de la Stricte Observance et qui autant vous le dire, se frottent quand même un peu les yeux et ils se disent : « Ces Français, comme toujours, quelle prétention ! » Mais pour le coup la prétention - enfin Français et les Savoisiens puisque Chambéry et Nice, à l’époque comme vous le savez n’étaient pas encore réunies à la République par les dispositions des volontés du plébiscite de 1860, je le dis car comme je suis ici un peu dans un territoire ami au sens de mes propres origines savoisiennes, j’ai plaisir d’avoir à la souligner. D’autant plus que Joseph de Maître étant natif de Nice ça fait quand même un double motif. -

Ceci dit avec de telles prétentions, il faut quand même être en mesure de pouvoir les assumer.

Ceci dit avec de telles prétentions, il faut quand même être en mesure de pouvoir les assumer. « Qu’est-ce que la Franc-maçonnerie ? » est-il demandé d’ailleurs dans le cadre des questions et réponses qui se trouvent dans le rituel d’Apprenti, - au moins vous verrez que nous ne déflorons pas certains mystères cachés dans des instructions auxquelles il est difficile de faire référence - au premier grade du Régime Ecossais Rectifié. La réponse que l’on connait tous par cœur : C’est une école de sagesse et de vertus qui conduit au temple de la vérité, sous le voile des symboles de ceux qui aiment et désirent cette vérité.

Et vous allez voir comme Willermoz aime coder - c’est tout à fait extraordinaire - ces textes et quels sont ces mystères ? Et voila ce qu’on dit : « L’origine, la fondation et le but de l’Ordre. » Il n’y a pas là une quelconque référence a des landmarks, ou constitution d’Anderson et Desaguliers et ou à je ne sais trop quel système, comme il a pu en surgir et fleurir des centaines au XVIIIème siècle. On est bien dans quelque-chose de très précis, Willermoz sait écrire, les Frères qui l’entourent également et lorsqu’ils annoncent ce type d’affirmation, ce n’est pas pour rien.

Mais quelle est l’origine de l’Ordre ?

Mais quelle est l’origine de l’Ordre ? Les mystères de la Franc-maçonnerie c’est nous conduire au temple de la vérité dont les mystères sont l’origine la fondation et le but de l’Ordre. Si on connait ces mystères on peut d’une manière beaucoup plus aisée comprendre la nature du Régime Ecossais Rectifié puisqu’ils prétendent nous les révéler ces mystères.

L’origine. La réponse que l’on va trouver dans l’Ordre est la suivante :

L’origine est si reculé qu’elle se perd dans la nuit des siècles. Tout ce que peut l’institution maçonnique c’est d’aider à remonter jusqu’à cet ordre primitif qu’on doit regarder comme le principe de la Franc-maçonnerie.

C’est une source précieuse ignorée de la multitude mais qui ne saurait être perdue et la remarque de cette instruction est extraordinaire : « l’un est la Chose même » avec un C majuscule sachant ce que ce mot signifie dans l’Ordre des Chevaliers Maçons Elus Coëns de l’Univers, « l’autre n’est que le moyen d’atteindre cet ordre par excellence à défaut de pouvoir le nommer ne peut être appelé - on va dévoiler un terme que l’on ne découvre qu’au bout d’un certain temps au sein du Régimes Ecossais Rectifié mais il me semble nécessaire d’en parler pour bien comprendre sur quoi porte notre réflexion - cet ordre par excellence, à défaut de pouvoir être nommé que le « Haut et Saint Ordre ».

Le « Haut et Saint Ordre »

Et qu’est-ce que ce Haut et Saint Ordre possède ? Et bien, il est détenteur par excellence, d’après les textes, des connaissances précieuses et secrètes qui découlent, écoutez bien : « de la religion primitive. » La religion primitive, dont un Haut et Saint Ordre serait détenteur des connaissances secrètes. Est-ce à dire, et là il faut être très attentif à ce qu’on va affirmer, que le Régime Ecossais Rectifié, au minimum est en lien, est en contact avec cette religion primitive ? Et par essence ou par logique serait héritier, dépositaire des mystères de cette religion primitive.

Mes biens chers amis, c’est le cas, c’est bien le cas. Rappelez-vous l’introduction du Code Maçonnique de 1778 :Faute de connaitre cette origine primitive, ce point initial, diverses systèmes arbitraires se sont constitués, etc…

Si l’on réfléchit une seconde, le Régime Ecossais Rectifié en 1778, se présente comme détenteur de connaissance touchant à un ordre qualifié de Haut et Saint dépositaire des mystères de connaissances relatives à une religion primitive dont l’origine est si reculée qu’elle se perd dans la nuit des siècles.

Une religion primitive, la mission d'Adam

C’est quoi d’ailleurs la nuit des siècles pour nous autres, tout simplement l’émanation d’Adam, le premier moment de la création de l’Homme et le sacerdoce que lui a confié l’Eternel puisque Adam a été constitué par Dieu pour œuvrer pour travailler à une mission qui est celle de la réconciliation des esprits ténébreux qui se sont révoltés contre l’Eternel dans l’immensité céleste.

On le sait, Adam ne va pas répondre à cette mission et lui-même alors qu’il est député - député ce nom est intéressant - député par l’Eternel pour travailler à la réconciliation des esprits révoltés va se liguer avec les ennemis de Dieu, de l’Eternel et finalement être victime de la même sanction projeté dans l’univers matériel pour y souffrir un châtiment visant à ce que ce cachot, cette sanction lui permette d’aboutir d’atteindre à sa réconciliation.

Une organisation Originale, spécifique, autonome, indépendante

Cette petite introduction, mes biens chers amis, nous permet de comprendre plusieurs choses. Ce qui est engagé à Lyon en 1778, c’est une opération, sans jeu de mots, d’une ambition extraordinaire. C’est constituer un système en conservant l’habillage, l’enveloppe de la Stricte Observance, c’est constituer un système alternatif aux Elus Coëns qui ne sont pas viables dont on va transférer les éléments doctrinaux de sorte qu’avec l’enveloppe de la Stricte Observance, cet enseignement puisse perdurer et surtout être mise en œuvre, mise en œuvre selon des lois des principes, une organisation originale, spécifique, autonome, indépendante.

Originale, spécifique, autonome, indépendante, retenez bien ces quatre critères, ce sont ceux des deux codes, d’ailleurs Code Maçonnique et Code Général de l’Ordre des Chevaliers de la Cité Sainte. Ces quatre critères constituent le dit Régime Ecossais Rectifié issu de la réforme de Lyon en tant que système tout à fait singulier à part de l’ensemble des autres systèmes qui sont travaillés au XVIIIème siècle.

Au passage relevons quelques formules de Jean-Baptiste Willermoz qui ne sont pas à négliger :

Cette doctrine a toujours été la base des initiations mais son ignorance est un crime pour ceux qui négligent d’en faire usage. Ce qui peut arriver de plus funeste à l’Homme privé de la lumière, c’est précisément d’oublier et de mépriser cet enseignement.

Au candidat dans la chambre de préparation

Ce qui nous explique d’ailleurs qu’au grade d’Apprenti on dira au candidat dans la chambre de préparation : « Monsieur - avec le rituel explique : « veuillez vous adresser au candidat avec un air solennel », alors on s’imagine vêtu en maçon devant un profane un candidat - Monsieur, l’Ordre ne devant pas accueillir des individus qui auraient une doctrine opposée à celle qu’il regarde comme sa règle fondamentale a du, relativement à ceux qui désir y être admis, définir des formes certaines pour connaitre leur sentiment et leur conformité à ses lois.

Inutile de vous dire que le profane la plupart du temps ne sait pas du tout de quoi on lui parle et considère que si le Frère Préparateur qui arrive en chambre de préparation lui parlait chinois ou hébreux, ça aurait à peu près la même signification. Mais le paradoxe, mes biens chers amis, c’est que la plupart du temps aujourd’hui ceux qui ont à déclarer ces phrases solennelles n’en savent parfois pas beaucoup plus long que le candidat dans la chambre de préparation. « Monsieur l’Ordre ne …. » Généralement c’est lu à la vitesse d’une Ferrari dans, - Je dis Ferrari comme j’aurais dit une autre marque, enfin bon - on passe vitesse grand V là-dessus, on insiste beaucoup plus : « veuillez me donner vos effets, enlever votre alliance et quittez tout ce qui pourrait être métallique et préparer une petite piécette pour la quête que l’on fera… » Bon on a tous connu ça.

Il est quand même dommage qu’aucun séminaire ne puisse, à un moment, au minimum pour les Officiers chargés de la réception, Second Surveillant, Maitre des Cérémonies, Vénérable Maître, Frère Préparateur, Frère Parain, comprendre pourquoi on indique au candidat que l’Ordre ne peut recevoir des individus ayant une doctrine opposée.

C’est quoi cette doctrine ? De quoi parle-t-on ? Quoi qu’il en soit, cet Ordre tel que constitué en 1778, qui va être entériné dans des discutions, on va dire assez tendues, quelques années plus tard à Wilhelmsbad auprès des Frères Allemands et faire entériner les décisions prises au convent des Gaulles ; très vite, à cause de la Révolution Française et de ses conséquences, ne pourra fonctionner tel que ses fondateurs avaient aspiré et avaient imaginé le voir selon leur vœux et sans doute leur sincères désirs.

Des traités d'union avec le Grand Orient de France

Néanmoins entre 1778 et, on va dire 1789-90 l’Ordre va avoir le temps et de faire éditer un certain nombre de textes, de fonctionner et surtout de négocier des traités d’union avec le Grand Orient de France. Et il négocie de puissance à puissance c'est-à-dire de juridiction ayant la plénitude de l’autorité sur l’ensemble de son système face à une autre juridiction, le Grand Orient de France qui dit d’ailleurs dans ces traités d’union, qu’il conserve son rite et que toute autorité est laissé au Directoire Rectifié pour gérer le Régime selon les règles, les lois, les rituels, et les usages de la Maçonnerie Réformée d’Allemagne, tels sont les textes des traités d’union. Il n’y ait à aucun moment fait mention d’un don du rite au Grand Orient de France et à aucun moment les Directoires ne sont dépouillés de leur autorité en tant que juridiction ayant à gouverner le Régime.

C’est d’ailleurs même eux qui doivent veiller à la bonne exécution des rituels, application des décrets, etc… La seule chose qui est accordée c’est une patente d’agrégation aux Loges du Régime Rectifié de manière à ce qu’elles puissent travailler dans le cadre de la maçonnerie française parce qu’elles sont considérées comme des Loges issues d’un Régime étranger, d’un régime venu d’Allemagne.

Le Régime aura du mal après la Révolution Française

Le Régime, vous le savez, aura du mal après la Révolution Française à de nouveau repartir sur les bases qui avaient été les siennes et peu à peu - je passe sur évidement les différents détails de la période historique - les bases sur lesquelles avait fonctionné le Régime vont brièvement, après la Révolution Française, par une Loge appelée « Le Centre des Amis » à Paris, puis une Loge marseillaise « La Triple Union » essayer, sans compter les Frère de la Candeur de Strasbourg, essayer de redonner vie au système de Jean-Baptiste Willermoz.

La transmission du Régime au Grand Prieuré Indépendant d’Helvétie

Jean-Baptiste Willermoz va quitter cette terre en 1824, non sans avoir la dernière mais à quasiment tous les rituels, ce qui nous donne quand même un système achevé, complet, tel que Jean-Baptiste Willermoz le souhaitait, ceci accompagné d’une correspondance prodigieuse, qui nous permet de bien comprendre qu’elle est la volonté le souhait de Jean-Baptiste Willermoz par rapport au rite et avant de quitter ce monde confie à Josepth-Antoine Pont le soin de faire perdurer la transmission du Régime, celui-ci s’adressant au seul Grand Prieuré encore en activité en ce début du XIXème siècle à savoir le Grand Prieuré Indépendant d’Helvétie qui avait été constitué en 1779.

Et puis de 1830 - je ne parle pas des soubresauts à Besançon jusqu’en 1870 où c’est une sorte de mixte entre Rectifié, Rite Ecossais Ancien et Accepté, très peu conforme à la manière dont le rite doit être travaillé - et bien de 1830, 1828 pour la Bourgogne, 1830 pour la province d’Auvergne le rite s’éteint et cesse d’exister en France.


Et il faut attendre 1910 pour qu’un Frère du Grand Orient, Camille Savoire, à l’initiative des nombreux voyages qu’il effectuait, décide de se tourner vers ce rite disparu de France mais si français dans son origine, ses fondements, et je dirais presque sa psychologie, sa sensibilité métaphysique, s’adresse auprès des Frères Suisses pour leur demander d’être reçu, en tant par le biais des équivalences d’ailleurs, d’être reçu au sein du Régime Ecossais Rectifié. Ce qui va être fait, ainsi que deux autres Frères, évidement assez connus : Edouard de Ribaucourt et Gaston Bastard.

Camille Savoire

Ces trois Frères, à partir de 1910-1911 se constituent en structure du régime au sein du Grand Orient de France, Ribaucourt va, à partir de 1913, constituer la Grande Loge Régulière Indépendante pour la France et les Colonnies qui est l’ancêtre de la GLNF actuelle et Camille Savoire reste à l’intérieur du Grand Orient de France pour y développer une pratique du Régime Ecossais Rectifié en essayant, il est Grand Conservateur du Rite donc une fonction assez important à l’intérieur du Grande Orient de France, il a pour mission de représenter le Rite Ecossais Rectifié à l’intérieur du Conseil de l’Ordre et il fait valoir et bien les intérêts du Régime Ecossais Rectifié.

Le vœu de Camille Savoire

Le vœu de Camille Savoire au départ c’est d’imaginer que l’on peut faire vivre le Rectifié à l’intérieur du Grand Orient de France. Et toutes ses correspondances, les lettres le prouvent, fait démonstration de cette intention. Mais hélas très vite il va se heurter à une opposition frontale dure de la part des autorités du Grand Orient de France, qui pour divers motifs, qui tiennent d’ailleurs à la forme rituelle du Régime Ecossais Rectifié qui fait apparaitre une croyance dans le Grand Architecte de l’Univers en tant que parole révélée et non pas symbole, etc,… autorités du Grand Orient de France qui font obstruction à la possibilité de travailler pratiquer le rite tel qu’il a été pensé à ses origines par Jean-Baptiste Willermoz.

des critères face aux autorités de Grand Orient de France

Tant et si bien que Camille Savoire - qui a quand même une longue histoire à l’intérieur du Grand Orient de France, ce n’est pas un jeune Frère, il est né en 1869, on imagine, il a quand même un long parcours à cette période - commence à poser comme critères face aux autorités de Grand Orient de France, les critères du Régimes Ecossais Rectifié.

Et là oui, ce sont les autorités [qui sont prises d'un subi etourdissement] du Grand Orient de France qui lui disent :
- Cher Frère Camille, ça ne marche pas comme ça ici. C’est nous qui décidons comment le rite doit être pratiqué. C’est nous qui définissons la manière dont les rituels doivent être écrit.
Etonnement de Camille Savoire : -Comment, enfin vous contestez l’autorité de Jean-Baptiste Willermoz, vous contestez les décisions des Frères fondateurs du XVIIIème siècle.
- Willermoz ? Les Frères du XVIIIème ? Mais aucune importance, nous avons nos propres critères et ce sont ces critères qui doivent s’appliquer au rite et non pas l’inverse. Ce n’est pas au rite à imposer ses critères à l’obédience.

Vous voyez que, nous sommes dans les années 30, vous voyez que se trouve déjà à l’époque les éléments qui vont par la suite à chaque période du Régime faire problème là où il se trouve avec les structures où il est pratiqué.

Tant et si bien que Camille Savoire en 1934 écrit plusieurs courriers assez sévères à son obédience et en 1935 dit ceci : Nous proposons au Grand Orient de France une séparation absolue de l’organisation rituelle et initiatique du Régime Rectifié pour qu’il puisse, sous entendu le Régime Ecossais Rectifié, vivre selon les formes arrêtées lors du convent des Gaulles et comme décidées lors du traité d’union avec les Directoires en 1776. Lettre à Adrien Pouriot, Président du Conseil de l’Ordre du Grand Orient de France. lettre signée début mars 1935.

Comment, on veut décider de l’organisation rituelle du régime ? De manière à ce qu’il puisse vivre selon les formes arrêtées lors du convent des Gaulles et comme décidées lors des traités d’union ? Mais ! Les Frères du Grand Orient de France regardent Camille Savoire avec des yeux exorbités et lui disent : Mais, mon Frère tu as perdu l’esprit, qu’est-ce que c’est que cette demande extravagante ? Il n’en est pas question et il n’en sera jamais question.

En langage un peu moins châtié, on le prie d’aller se faire cuir un œuf ailleurs. Comment ? Faire vivre le rite selon les décisions arrêtées au convent des Gaulles ? Mais c’est une plaisanterie !

Une juridiction autonome et indépendante

Camille Savoire en tire une conséquence : Le Grand Orient s’opposant à la pratique du Régime Ecossais Rectifié, nous décidons, dit Camille Savoire, de former une juridiction autonome et indépendante composée de membres, de Frères rectifiés, désireux, écoutez bien - on a l’impression de lire les dix points d’une incitative refondatrice apparue il y a peu de temps sur la scène, le paysage maçonnique universel - désireux de quitter les obédiences françaises dont les agissements sont en contradiction avec le caractère de la Franc-maçonnerie rectifiée. il rajoute : Voila comment nous avons régulièrement réveillé en France le Rite Rectifié, ce réveil ayant été fait en accord et avec le concours de la seule puissance ayant autorité suprême du rite au monde et en conformité des décisions.

C’est constant chez Camille Savoire. Il n’y a quasiment aucun texte chez Savoire, qui ne soit pas accompagné, lorsqu’il justifie la constitution d’un régime autonome : en conformité avec les décisions prises lors des convents fondateurs des Gaulles et de Wilhelmsbad.

La constitution du Grand Directoire des Gaulles

Et on le retrouve dans cette lettre, c’est sont discours du 23 mars 1935 exprimé lors de la constitution du Grand Directoire des Gaulles à l’orient de Neuilly, Villa des Acacias en présence de Rochat et des autorités du Régime en Suisse.

Ce réveil à été fait en conformité du convent de 1778, 81, 1808 et 1811 - Oui parce qu’il y a eux un deuxième Wilhelmsbad, ce que tout le monde à peu près ignore, enfin bon passons - et en exécution de la décision prise en 1828 par le directoire de la Vème province de Neustrie, délégant à la dernière de ses préfectures dite de Zurich - ça dépendait de la Bourgogne - ses archives prérogatives droit, etc…

Avec mission de les conserver jusqu’au jour où le réveil du rectifié pourrait s’effectuer en France et lui permettrait de s’en dessaisir, ce qui est fait ce jour là. On confère à Camille Savoire, le lègue de la seconde province et de la cinquième de Bourgogne.

Un mode organisationnel indépendant de toutes les obédiences

Pourquoi indépendant de toutes les obédiences ? Pour un point relativement simple et pour le coup il n’est pas nécessaire de faire parler Camille Savoire, on peut se tourner devant des maçons vénérables, Marius Lepage, célèbre mémoire, qui écrivait ceci dans un livre tout à fait intéressant « l’Ordre et les obédiences » : « l’Ordre est d’essence indéfinissable et absolue, - on croirait lire du Willermoz d’ailleurs - l’Ordre est d’essence indéfinissable et absolue, l’obédience est soumise à toutes les fluctuations inhérentes à la faiblesse congénitale de l’esprit humain.

René Guénon va plus loin dans le symbolisme, il écrit ceci : Les obédiences présentent le problème d’avoir importé la forme d’organisation moderne des sociétés profanes. Ce que nous, c’est du Guénon, Guénon, autant vous dire la diplomatie c'était pas son fort. Cette dégénérescence, si elle ne change en rien la nature essentielle de la maçonnerie rend parfaitement explicable les nombreuses déviations qui s’en sont dégagées depuis trois siècles et dont l’organisation sous sa forme obédientielle ont des structures qui présentent le défaut évident d’avoir été calquée sur la forme des gouvernements profanes est l’un des caractères fort symptomatique de cette modernité. C’est dans les « Aperçus sur l’initiation » chapitre 14, les qualifications initiatiques et au chapitre 29 Opératifs et spéculatifs.

Marius Lepage, René Guénon disent exactement la même chose que Camille Savoire sur ce point. Et Camille Savoire dit exactement la même chose que Jean-Baptiste Willermoz. Vous cherchez à remonter aux buts primitifs de la Franc-maçonnerie, dit Jean-Baptiste Willermoz et l’on vous a attaché à un ordre qui correspond avec ceux qui seuls peuvent vous instruire, si vous savez quelques jours vous faire reconnaitre pour un vrai chevalier maçon etc.

Quelle extraordinaire identité de vues

Quelle extraordinaire complémentarité, cohésion, identité de vues avec des maçons, des initiés assez différents, Marius Lepage, René Guénon, dont on sait qu’il avait à l’égard du Régime Ecossais Rectifié quelques vues discutables, Camille Savoire, Jean-Baptiste Willermoz, tous disent la même chose : Les obédiences ont pour principal défaut de calquer la forme des gouvernements profanes sur l’organisation des systèmes initiatiques, tous système initiatiques confondus d’ailleurs. Mais puisque ce soir nous parlons du Régime Ecossais Rectifié nous nous en tiendrons au Régime Ecossais Rectifié et nous pouvons convenir que leur analyse est juste.


Combien d’entre nous avons-nous passé de temps lors de tenues toutes lumières d’Ordre éclairées à lire tel protocole, sentence administrative, circulaire du Grand Secrétaire, Ordonnance du tel Mamamouchi etc, etc etc…

«Euh, le quart d’heure symbolique, c’est pour quand ? Oui, ça sera cinq minutes ce soir, parce que les agapes sont très chaudes et on a déjà passé beaucoup de temps » et ainsi de suite de tenue en tenue. « Ah la fois prochaine, il y a une réception, l’Ordre ne pouvant accueillir que des individus qui … …. »

Dans quelle situation se trouve le Régime Ecossais Rectifié ? Quel est ce sketch, ce théâtre, ce mauvais scénario dont on veut nous faire croire les uns et les autres que c’est le seul possible pour vivre à l’intérieur du Régime.

Oh, calme-toi Jean-Marc, c’est comme ça depuis longtemps, on ne va pas changer les choses du jour au lendemain, bon ben cinq minutes, elles dureront dix minutes la prochaine fois, voila. » « Comment, on n’a pas parlé de Willermoz depuis le début, non mais, de toute façon Willermoz, Willermoz, c’est un homme de son temps, un vieillard un peu gâteux, il ne perdait pas un peu la tête à la fin, non ? De toute façon, on n’est plus au XVIIIème siècle, on ne peut plus vivre comme à l’époque, tu ne veux pas nous ramener à l’époque des perruques poudrées et puis de je ne sais trop quoi. On l’aime bien Willermoz, on ira voir sa tombe au cimetière de Loyasse, lors qu'on ira casser la graine dans un petit bouchon à Lyon mais bon en Loge faut quand même pas non plus nous saturer la vie avec ça, il y a des choses plus intéressantes.

Et c’est comme ça, mes biens chers amis que depuis 1935 la plupart des structures rectifiées font fonctionner le Régime en dépit du bon sens, la tête à l’envers, comme on dit. A savoir dirigé par les obédiences qui en font ce qu’elles en veulent qui n’hésitent à modifier les rituels à leur bon gré et qui se moquent comme de leur première paire de gants des dispositions, attendus, volontés et formes organisationnelles du rite tel qu’il a été pensé au XVIIIème.

J’ose même pas, par fraternité, abordé la question de savoir s’ils ont un jour ou l’autre essayé d’approfondir ce qu’est la doctrine du Régime. Parce que là, autant vous dire :Non, non mais Jean-Marc, nous on est adogmatiques alors, pas de doctrine chez nous ; non, non, liberté absolue ; chacun fait ce qui lui plait. A nouveau deuxième refrain de la chanson, il est cinq heures du matin, … non je vous rassure, le temps passe vite néanmoins…

Alors, au-delà de ce petit élément musical, hormis la question de la doctrine qui était un ovni il y a encore pas si longtemps, on va dire moins de deux ans, deux à trois ans - où la publication d’un texte sur le sujet et je veux remercie mon ami et Frère Serge qui à pris l’initiative de la publication de ce livre à ma demande, nous ne pensions pas d’ailleurs l’un et l’autre que ça susciterait des réactions à ce point vives - la doctrine on n’en parlait pas.

On savait bien qu’il y avait quelque part un enseignement du Régime

On savait bien qu’il y avait quelque part un enseignement du Régime, sous le bureau, sou l’autel du Vénérable Maître […] Mais il était hors de question d’aborder ce point là, hors de question. La plupart des réactions qui se sont manifestées, si on fait un spectre général, d’un côté on n’en veut pas parce que on l’ignore, on ne sait même pas ce que c’est, on n’en a jamais parlé, de l’autre en connaissant parfaitement qu’elle existe et ce quelle raconte, elle s’oppose aux dogmes arrêtés par les différents conciles de l’église. C’est vraiment les deux spectres, mais finalement qui se rejoignent d’une certaine manière. Ce sont des alliés objectifs dans une même combat contre les tenants et aboutissants de cette doctrine de la réintégration.

Les dogmes stipulent que sur tel et tel ponts, il est impossible de pouvoir poser des affirmations de ce type. Et d’ailleurs elles font l’objet des anathématises formelles, en particulier lors du second concile de Constantinople, le cinquième œcuménique en 556 en plein milieu du VIème siècle comme par hasard. Les thèses d’un certain père qui s’appelle Origène

Je peux vous dire que si on avait parlé d’un loup dans certaines maisons rectifiées, enfin rectifiées, aller ce soir on est entre amis, on va dire ayant une lointaine origine rectifiée, ça n’aurait pas été pire. Quant aux autres maisons de la famille rectifiée : c’est du dogmatisme, c’est de la doctrine, ce n’est pas en conformité avec le caractère libéral, ouvert et universaliste de nos structures.

Je ne savais pas que le Régime Ecossais Rectifié avait comme fondement un caractère libéral et universaliste, on a plutôt l’impression qu’il fait référence à une religion, vous vous rappelez tout à l’heure, on l’a dit en ouverture, une religion primitive. Elle est universelle mais pas universaliste, ce n’est pas tout à fait la même chose.

La forme organisationnelle du Régime Ecossais Rectifié et la Doctrine de l'Ordre

Quoi qu’il en soit, lorsque l’on met, j’ai l’habitude de me tourner vers le tableau pour faire un grand dessin, si l’on fait d’un côté cercle en disant « La forme organisationnelle du Régime Ecossais Rectifié » et si l’on fait, du côté de Lune et Soleil, si l’on parle sans publicité, si l’on fait de l’autre un autre cercle en disant « Doctrine de l’Ordre », on a à peu près - il manque un troisième pour faire le triangle - on a à peu près les éléments qui constituent le Régime Ecossais Rectifié.

Il n’y a pas un exemple d’une conformité des volontés fondatrices

Mais à partir ce ces deux éléments, si nous éclairons la situation dans laquelle se trouve le Régime depuis son réveil en 1935 et de manière objective sans caractère partisan sans vouloir d’une manière ou d’une autre noircir plus que nécessaire le tableau - puisqu’on parle de tableau autant y rester - il apparait une évidence, une vérité bien simple, c’est que de partout, je dis bien de partout où l’on se tourne et bien il n’y a pas un exemple d’une conformité des volontés fondatrices des Frères qui au XVIIIème ont constitué le Régime, lors du convent des Gaulles et du convent de Wilhelmsbad ni non plus des souhaits de Camille Savoir en 1935.

Alors, sur le XVIIIème siècle, on peut imaginer que ça fait quand même pas mal de temps donc difficile d’avoir un appel téléphonique avec Jean-Baptiste Willermoz, Jean ou Bernard de Turckheim mais avec Camille Savoire et ceux qui lui ont succédés ceux qui étaient autour de lui, Rybinski, Moiroud, Bello, Vaste, jusqu’à Jean Tourniac, c’est quand même des Frères qui savaient de quoi ils parlaient, qu’on a connu, enfin pour beaucoup d’entre nous et si l’on élargi encore plus le spectre - enfin que je dis spectre, n’y voyez pas la un qualificatif dépréciatif bien évidemment - mais si on élargi le spectre des autorités rectifiées dans les autres branches issues du réveil de 1935, de tous côté - je ne veux citer personne, je n’ai cité que ma propre famille, comme ça on ne dira pas que je tape sur les autres voilà - mais le constat est identique. Identique, nous nous retrouvons devant la même situation. Il n’y a pas un seul exemple de conformité, ni même d’une volonté de mise en conformité.

Il n’est pas question de nous soumettre à des impératifs qui pour nous ne représente rien du tout.

On pourrait imaginer que certains textes, certaines propositions analytiques, certaines attitudes de certains d’entre nous auraient pu susciter des réactions favorables : Ah oui, c’est très intéressant, tu as raison, c’est vrai nous allons essayer de faire un effort pour nous mettre en correspondance avec les vues de ces grands personnages qui nous ont précédés. La réaction n’a pas été celle-ci, la réaction a été furieuse : Camille Savoire ? Qu’est-ce que c’est que ça ? Un libre penseur ? Un athée ? Ce que j’ai entendu du côté des cuisines où j’allais parfois préparer les agapes, voila.

Mais sur d’autres versions on avait exactement la même réaction : il n’est pas question de nous soumettre à des impératifs qui pour nous ne représente rien du tout. Oui mais, il y a une question quand même : Vous prétendez avoir autorité sur le rite, vous prétendez transmettre conférer des initiations, transmettre des grades et d’ailleurs - vous me direz c’est peut être anecdotique mais ça compte aussi - vous percevez des sommes qu’on appelle capitations dans nos milieux, pour nous faire pratiquer ce rite, sous vos hospices et puis comme ça on a un beau papier timbré avec un certificat comme quoi on est bien Franc-maçon de telle ou telle structure ayant été reçu à tel grade du Régime.

Quel devenir pour le Régime dans cette situation ? Que nous reste-il à faire ?

Difficultés, grosses difficultés, mes biens chers Frères, grosses difficultés. Grosses difficultés parce que si le rite a bien été réveillé à l’initiative de Camille Savoire et des Frères qui l’ont entouré en 1935 et que nous sommes amenés par examen tranquille, dépassionné à admettre qu’aucune forme n’est en conformité avec les dispositions, au minimum celles de Camille Savoire en 1935 de faire vivre le Grand Directoire des Gaulles tel qu’il a été pensé en 1935, alors et nous allons aborder la dernière partie de cet exposé, quel devenir ? Quel devenir pour le Régime dans cette situation ? Que nous reste-il à faire ?


Si au bout de cette présentation, qui n’était évidemment qu’une rapide introduction comme vous avez pu vous apercevoir, nous en étions à la conclusion : « Et bien c’est parfait, les choses sont en conformité avec les vues de Willermoz, nous sommes tous parfaitement instruits de ce qu’est la doctrine de l’Ordre, la forme organisationnelle, les rituels, les méthodes avec lesquelles on nous fait travailler à l’intérieur de nos Loges sont absolument conformes avec ce qui avait été pensé au début. » Très bien on passe aux agapes immédiatement et je me tournerai vers nos chers amis responsables du Cercle philosophique du Comté de Nice pour leur dire : « Et bien voilà, j’ai terminé ma conférence, nous pouvons aller nous désaltérer. »

Ce n’est pas le cas, ce n’est pas le cas et ça se complique. Ca se complique notablement parce que si rien n’est en conformité et nous pourrions avoir ici les représentants amis de l’ensemble du spectre évoqué, ils conviendraient tous qu’ils ne font pas vivre le Régime selon les décisions arrêtées au convent des Gaulles, etc… et tel que Camille Savoire l’écrit dans son discours du 23 mars 1935.

Grand Directoire des Gaulles pas autre chose

Il faut savoir quand même que ces mots figurent, d’une manière un peu différente dans la chartre patente de 1935 accordée par le Grand Prieuré Indépendant d’Helvétie au Grand Directoire des Gaulles, Grand Directoire des Gaulles pas autre chose, parce qu’en France il n’y a pas un Grand Prieuré dans les Gaulles, il y en a trois : l’Auvergne, l’Occitanie et la Bourgogne. Un Grand Prieuré pour les Gaulles, on n’a jamais vu. Vous pouvez fouiller la matricule de 1778, si vous trouvez un Grand Prieuré des Gaulles, on peut ouvrir un magnum de champagne.

On va trouver un Grand Prieuré d’Auvergne à Lyon rattaché au Grand Prieuré d’Auvergne, on va trouver un Grand Prieuré de Provence rattaché au Grand Prieuré de, etc etc… mais Grand Prieuré des Gaulle, il n’y en a pas. Il y a un Grand Prieuré Indépendant d’Helvétie, mais c’est pas plus… il n’y a pas non plus de Grand Prieuré Indépendant des Gaulles de France ou de tout ce que l’on veut ou de Navarre.

Il y a une province d’Auvergne, une province d’Occitanie, une province de Bourgogne et au-dessus qui chapote tout ça un Grand Directoire qui accueille les trois provinces sauf comme dit le Code « si la nation ne possède qu’un Grand Prieuré » à ce moment là la nation comme en Helvétie possède un seul Grand Prieuré. Pour l’Espagne c’est pareil, il y a deux Grands Prieurés Léon et Aragon donc il ne peut pas y avoir un Grand Prieuré, c’est pas possible. Il y a deux Grands Prieurés et il peut y avoir un Grand Prieuré d’Hispanie. Enfin bon.

Des Grands Prieurés souchés sur des obédiences qui ont autorité sur les Prieurés !

Au-delà de cette petite anecdote, mais qui n’en est pas une néanmoins parce que comme par hasard, si vous regardez bien, les formes sur lesquelles vivent l’ensemble des juridictions rectifiées c’est sous la forme de Grands Prieurés souchés sur des obédiences qui ont autorité sur les Prieurés, alors ce qui est complètement incongru.

Imaginez une province rectifiée, dépendant, soumise d’une obédience dont on sait par Marius Lepage, par René Guenon et par d’autres qu’elles ont pour principale défaut d’être claquée sur des formes profanes. Oui, vous avez entendu, une forme profane administrative, juridique, posée sous statuts de lois 1901 a autorité sur une structure initiatique. C’est le cas pour le Rectifié de partout où il est travaillé aujourd’hui.

Aloes que faire ?

Ca commence bien, alors comme aurait Wladimir Ourlianum : « Que faire ? » dans un certain texte publié en 1908, membre du parti bolchévique. Que faire ? Vous savez d’ailleurs pour l’anecdote, qu’au moment où Camille Savoire met en sommeil le Grand Directoire des Gaulles en septembre 1939 à la déclaration de guerre, qui ne sera jamais réveillé, puisqu’en 1946, en préfecture de Nanterre lorsque le Général de Gaulle autorisera la Franc-maçonnerie française à pouvoir reprendre ses activités - heureuse initiative du Général - et bien Camille Savoire, pour une raison qui nous échappe, ira en préfecture de Nanterre déclarer reconstitué au titre des organisations de la Maçonnerie Française, un Grand Prieuré des Gaulles, inexistant sur la patente de 1935 dont on a jamais entendu parler et il va le déposer en lois de 1901 en 1946, à une date qui pour nous prend un certain sens puisque c’est le 15 décembre 1946.

Bon voilà, quoi qu’il en soit, si ce Rectifié n’est pas constitué sur le plan de son organisation dans aucune des structures aujourd’hui ayant à le faire vivre en conformité avec les vœux de ses fondateurs, on parle beaucoup de Maçonnerie Française mais c’est vrai également pour les landmarks de la Maçonnerie Anglaise, les fameux Basic Principle, vous savez qui ne datent quand même pas d’Anderson et Desaguliers, ils datent de 1929, et dont on fait le critère pour savoir qui est régulier ou qui ne l’est pas.

Mais ce qui est régulier pour le Régime Ecossais Rectifié, c’est ce qui est en conformité ou pas avec quoi ? Les constitutions d’Anderson et Desaguliers ? Mais pour des Rectifiés, enfin excusez-moi mais on s’en moque, autrement on n’aurait pas rectifié la Franc-maçonnerie en 1778, on aurait pris les constitutions d’Anderson et Desaguliers à Lyon et on les aurait appliquées. On n’aurait pas parlé de systèmes arbitraires réunis en Grande Loge, vous croyez qu’il vise quoi Willermoz ? La Grande Loge de Lyon ? Mais il vise effectivement la Maçonnerie qu’on essaye de vouloir imposée en France à cette époque. Et les dispositions de 1778 viennent rectifier, réformer pour apporter quoi ? Un enseignement, une organisation que ces systèmes ignorent.

Et on voudrait aujourd’hui faire peser sur le Rectifié les critères anglais que Willermoz lui-même a rejetés en 1778

Et on voudrait aujourd’hui faire peser sur le Rectifié les critères anglais que Willermoz lui-même a rejetés en 1778. C’est le royaume d’Ubu, on est chez le Père Ubu, et je me rappelle quelques discutions avec des Frères pourtant sympathiques dans mon ancienne maison, souchée sur les principes de la régularité qui me disaient : « Mais Jean-Marc, l’Ordre - je ne vais pas nommer la structure mais vous l’aurez tous deviné - l’Ordre c’est la Grande Loge etc… Enfin, tu n’y pense pas, l’Ordre est si reculé qu’il se perd dans la nuit de siècles. Regarde ce qu’on dit à l’Apprenti. Tu te rappelles quand tu as été reçu Apprenti, qu’est-ce qu’il t’a dit le Vénérable Maître : « Monsieur, voici le vêtement primitif, le plus beau que l’Ordre puisse… » Tu crois que c’est la boutique de Paris, qui nous a vendu le tablier qui … dont veut parler Willermoz ? Tu crois que c’est la structure administrative ? »

Un rectifié sincère

Ce que je vous dis là pour ma propre, enfin mon ancienne maison, jedis ça avec beaucoup de fraternité parce que j’ai encore des Frères que j’aime beaucoup à l’intérieur et je pense qu’on y fait un Rectifié sincère, je dis bien sincère, mais ce n’est pas ça l’Ordre. L’Ordre auquel fait allusion Jean-Baptiste Willermoz, c’est tout autre chose, pour le coup oui c’est un autre ordre des choses.

Et ce qui est valable pour la maison évoquée est valable pour toutes les autres maisons. Avec les tenues de Grandes Loges, plusieurs rites représentés et les grands falbalas pour les Grands Officiers de Grandes Loges, des décors de Grandes Loges, des rituels de Grandes Loges, etc… Même et y compris des structures qui ont été formées, forgées, portées sur les fonds baptismaux par le Régime Ecossais Rectifié.

D’où, et vous le comprenez, la crainte, l’effroi des propos que je peux émettre sur la manière dont le rite est vécu et travaillé aujourd’hui. Parce que il est incontestable que l’examen que l’on vient de faire est la conclusion à laquelle on aboutit.

Il convient de prendre en tant que Frères Rectifiés notre destin, c'est-à-dire les destins du Régime en mains

Alors, si nous convenons que la situation n’est pas conforme, il convient, mes biens chers Frères, de prendre en tant que Frères Rectifiés notre destin, c'est-à-dire les destins du Régime en mains. Il nous appartient de poser pour le futur les critères de la régularité du Régime Ecossais Rectifié selon ce que les fondateurs du Régime ont posés au XVIIIème siècle.

« Quel devenir pour le Régime Ecossais Rectifié ? »

Et à la question : « Quel devenir pour le Régime Ecossais Rectifié ? » Si nous ne régissons pas, le devenir, nous le connaissons : c’est la continuité d’une vie en domination, en soumission en éloignement des principes du Régime jusqu’au point d’en perdre la mémoire, le souvenir et la perspective.

nous sommes dépositaires d’une transmission incontestable

En revanche, si nous réagissons et que nous considérons que nous avons une responsabilité au titre de notre état de Maçons Rectifiés, ayant été reçu par les trois coups, de compas de maillet sur le cœur, qui nous met en ligne directe, de manière ininterrompue, et c’est une spécificité du Régime Ecossais Rectifié - tous les autres systèmes, Néo Coëns etc… ont tous été reconstitués puisque les ordres se sont éteints - pas le Rectifié, donc les transmissions sont authentiques.

Chaque Vénérable Maître qui a été reçu authentiquement et a fait sa carrière à l’intérieur du Rectifié, qui reçoit un Apprenti Franc-maçon Rectifié, lui transmet effectivement la même essence initiatique. C’est extraordinaire, nous sommes dépositaires d’une transmission incontestable, tous autant que nous sommes les Rectifiés. Et si nous sommes dépositaires de cette transmission alors nous avons une responsabilité, une responsabilité fondamentale, indiquée par Jean-Baptiste Willermoz :

Le grain mis en terre, y reçoit la vie mais si son germe est altéré, la terre même où ce grain a été semé, en accélère la putréfaction.

Vous voulez dire…. Oui. Vous voulez dire que le grain que représente l’initiation au Rectifié peu recevoir la vie s’il est mis dans une bonne terre, de manière à y fructifier, à germer, à faire surgir des plantes fortes, un arbre puissant fait de larges branches sur lesquelles de beaux oiseaux, peut-être ayant l’allure de phénix, viennent s’y poser, pour y faire leur nid et prendre leur envol mais que si le germe est altéré, et oui si le germe est altéré de la structure initiatique dont nous sommes les dépositaires alors au lieu d’y recevoir la vie nous accélèrerons par notre passivité la putréfaction du Régime dont nous sommes les dépositaires.

Une responsabilité sacrée

Je crois que cette responsabilité à laquelle ne cesse de nous inviter Jean-Baptiste Willermoz, dès nos premiers instants dans l’Ordre est une responsabilité sacrée.

Rappelez-vous, au tout début de cette communication, nous parlions de cette Ordre primitif, dépositaire du sacerdoce originel d’Adam. Si nous croyons vraiment que se trouve à l’intérieur du Régime les éléments de ce sacerdoce alors notre devoir, mes biens chers amis, n’est pas simplement un devoir administratif, organisationnel ou historique, c’est un devoir religieux, issu de la religion primitive, c’est un devoir mystique, c’est un devoir qui était considéré comme le plus précieux pour Willermoz et tous les Frères du XVIIIème siècle. Et c’est à ce devoir que nous avons juré fidélité, c’est à ce devoir qu’il nous faut être attaché et ne jamais nous dessaisir.

Le feu consume la corruption mais il dévore l’être corrompu. » « Monsieur, dit le Vénérable Maître, l’homme est l’image immortelle de Dieu mais qui pourra la reconnaitre s’il a défigure lui-même.

Laisserons-nous défigurer le Régime dépositaire de ces enseignements et de ces connaissances sacrées ou est-ce que nous décidons enfin de poser comme ayant été frappé par la dignité du temps, la dignité de l’histoire, la dignité initiatique, les vœux de Jean-Baptiste Willermoz, qui donna sa vie pour le Régime, qui conserva jusqu’à la fin de ses jours l’énergie intégrale pour la préservation de toutes les instructions, des rituels en l’honneur de Jean-Baptiste Willermoz, des Frères de Turckheim, de Joseph de Maistre, de l’œuvre entreprise par Camille Savoire.

Relevons le défi et donnons enfin au phénix le devenir qui est le sien et alors à la question « Quel devenir pour le Régime Ecossais Rectifié ? » nous répondrons d’une seule voix, « Perit ut vivat. »

Le sens spirituel de la résurection & l'immortalité de l'âme

Extrait d’une Conférence publique de Jean-Marc Vivenza, donnée à Bordeaux le 25 mai 2019, organisée par le Directoire Écossais d'Aquitaine du Directoire Directoire National Rectifié de France-Grand Directoire des Gaules (DNRF-GDDG)

En effet, un des fondements d’adhésion à la voix chrétienne c’est la conviction qu’en réalité Jésus-Christ est ressuscité, « en vérité est vraiment ressuscité » comme disent les orientaux.

Ca veut dire qu’il a réussi à dépasser la mort, parce que cette idée de résurrection doit être vue, comme toute notre approche de l’Ecriture Sainte, dans son sens spirituel.

Le message fondamental du Golgotha et de la croix, c’est que la mort n’a pas le dernier mot sur Dieu, c’est que le mal ne peut pas triompher de la puissance divine, c’est que la limite, l’erreur, la dégradation, la ténèbre ne peut pas vaincre la lumière, que l’amour est plus fort que la haine, que la lumière est plus puissante que les ténèbres.

C’est d’ailleurs pour ça que nous nous appelons « les fils de la lumière » parce que cette lumière est intrinsèque à notre état de maçon, elle est constitutive même dans la mesure où nous pensons que la puissance divine est à ce point englobante, qu’elle est capable de pouvoir embrasser sa propre contradiction.

C’est ce qui fait la difficulté de la présence au monde de Jésus-Christ, vrai Homme vrai Dieu, dans cette double nature mais qui n’est pas la nature uniquement de Jésus-Christ, et c’est là où la difficulté doit être levée, c’est notre nature à nous tous. Nous sommes, de la même manière vrai Homme vrai Dieu.

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Puisque si nous somme émanés nous avons été portés dans la réalité, dans l’être avant le commencement des temps. C’est ce que dit l’épitre aux Ephésiens : « Elu en Christ avant le commencement des temps. »

-Avant le commencement des Temps ? On était là ? On existait ? Ah bon. Et où ?
-En Christ.
-Mais alors ça veut dire que lorsque je viens au monde j’existais avant ?
-Oui ça s’appelle l’éternité de l’âme.

C’est d’ailleurs la première question que l’on pose à un impétrant qui veut rentrer au Régime Ecossais Rectifié : « Croyez-vous en Dieu et en l’immortalité de l’âme ? »

Alors la plupart répondent :
- Euh oui !
(Heureusement qu’on ne leur demande pas des explications.)
- Mais bien sûr j’y crois, oui, oui.
- Ah bon vous y croyez, c’est bien expliquez-moi ça en trois lignes.
- Euh, vous n’auriez pas un peu d’eau là ?

Immortalité, ça veut dire qui n’a pas commencé parce que quelque-chose qui commence dans le temps, ce n’est pas immortel. Immortel ça ne veut pas dire simplement que ça va durer tout le temps, ça veut dire que c’est hors du temps. « Im mortel » en dehors de la mort, étranger à la mort. Vous croyez à l’immortalité de l’âme, ça veut dire que vous croyez que l’âme n’est pas liée à une structure spatio-temporelle.

Ca veut dire qu’en vous quelque-chose n’est jamais née et quelque-chose ne mourra jamais, que l’écorce que nous avons actuellement, que nous assumons plus ou moins bien, - enfin ça dépend des matins, de ce qu’on à manger la veille et de l’heure à laquelle on s’est couché et de ce qu’on à a faire pendant la journée enfin globalement on essaie tant bien que mal que ça fonctionne un certain temps -. Tout ça est passager, tout ça n’a pas de réalité permanente, tout ça est éphémère, oui.

Parce que c’est, du point de vue spatio-temporel, limité. Et la résurrection nous apprend que nous participons d’un autre corps dont celui-ci n’est qu’un vêtement, une image lointaine d’ailleurs plus ou moins fidèle. Et d’ailleurs on peut dire que nous témoignons de notre rapport plus ou moins fidèle avec notre nature divine en fonction de notre intimité avec cette nature divine.

Plus nous sommes intime avec notre nature divine, plus le reflet que nous donnons par notre présence, par nos yeux, par notre parole, par notre rapport aux autres, par notre charité, notre bonté, notre bienveillance, notre bienfaisance, un grand mot pour le Régime Ecossais Rectifié, la bienfaisance.

C’est quoi la bienfaisance ? Ce n’est pas simplement donner de l’argent aux pauvres ou faire des actes de charité, c’est donner de l’amour divin, c’est traduire de l’amour divin à celles et ceux que nous rencontrons et avec lesquels nous vivons, c’est leur témoigner la charité de Dieu et pas simplement échanger une poignée de mains lors des cérémonies religieuses : « la paix du Christ. » Non je ne l’aime pas celui là, « la paix du Christ. » non celui là non plus.

Non, c’est quelque-chose qui nous transcende qui est au-delà de nous, au-delà de notre petite limite, de notre être, de notre individualité, et la résurrection à laquelle adhère le chrétien c’est ce sentiment profond que le divin en nous occupe toute la place que c’est lui qui est la réalité que c’est lui qui est la vérité que c’est lui qui est notre authentique nature et le témoignage que donne le Christ après le Golgotha après les trois jours au tombeau c’est le témoignage que cette nature divine est irréductible, qu’elle ne peut pas être détruite.

Et que non seulement elle ne peut pas être détruite, mais qu’elle doit témoigner de la vérité, de l’authenticité de cette présence englobante du divin en chacun de nous. Et d’ailleurs le Christ le dit aux apôtres, qui ne veulent plus le voir partir, parce que, après les évènements de la Pâques et Jérusalem, ils se disent ça suffit, c’est bon on arrête là, on se calme, on reste entre nous et on prie on fait ce que tu veux mais on ne va pas aller plus loin, et là ils vont être totalement surpris et on va le vivre jeudi prochain, c’est la fête de l’ascension, parce que sans la résurrection, il n’y à pas d’ascension mais sans l’ascension, il n’y à pas la Pentecôte.

Parce que par le retrait de la visibilité de notre Seigneur, il promet aux apôtres, à ses disciples, la venue du consolateur c'est-à-dire de l’esprit qui viendra comme des langues de feu, ainsi que l’expliquent les actes des apôtres, se poser sur ceux qui sont réunis où ? Dans la chambre haute à Jérusalem.

Et d’ailleurs, les hébreux les [… ?...] parlaient en différentes langues diront ceci : « on dirait qu’ils sont ivres de vin doux » Le vin doux, c’est l’équivalent du Muscat pour la période - je sais qu’on est dans une région vinicole donc je ne lance pas trop dans ces comparaisons mais - ils sont enivrés de cette ivresse que donne le vin doux. - Les romains aimaient les vins sucrés épicés. Vous voulez savoir si vous avez quelques origines romaines, vous voyez votre rapport d’amitié avec les vins moelleux puis si au contraire vous aimez les vins plus arides vous avez sans doute des ascendants germaniques, enfin bon, passons -.

Là, la manière dont ils s’expriment, la manière dont tout à coup ils découvrent une réalité en eux qui les dépasse entièrement, leur montre que non seulement cette résurrection s’est faite authentiquement dans le corps de gloire du Christ, c'est-à-dire dans le corps qu’avait Adam, puisque c’est le second Adam, c’est le corps qu’avait Adam dans sa primitive origine. Ca veut dire que c’est le corps que nous avons eux nous, en Christ, à l’origine et ça veut dire, et ça c’est la bonne nouvelle, que c’est le corps que nous aurons aussi à la fin des temps lorsque nous retrouverons l’unité à laquelle appelait Joseph de Maistre tout à l’heure.

Donc la Résurrection, c’est vraiment le socle, dogmatique on pourrait dire, à partir duquel oui la perspective chrétienne prend son sens et qui nous permet de dépasser nos limites temporelles et nous ancrer fermement dans la nature divine ; en disant cette immortalité de l’âme n’est pas simplement une obligation d’adhésion pour rejoindre le Régime Ecossais Rectifié mais ça doit être le problème fondamental de mon existence et de ma vie chaque jour que Dieu fait. En me plaçant dans cette immortalité et en abandonnant notre enveloppe matérielle, comme dit d’ailleurs notre règle, en considérant que notre véritable nature est immortelle, lumineuse, incorruptible et est, ça c’est le grand mystère, en communication permanente avec l’Eternel.

C’est nous qui somme absent, pas l’Eternel pas Dieu, la présence Divine est toujours là mais nous on passe notre temps à mille et une occupations, à mille et un divertissements comme dit Pascal. Lui il est là et nous nous amusons à X ou Y choses.

Alors qu’en réalité, ce « mariage spirituel » - comme dit Sainte Thérèse d’Avila dans les Châteaux de l’âme, c’est une merveille, - nous sommes appelés à la consommation de l’union nuptiale, c’est une union d’amour avec Dieu, c’est une communion intérieure, c’est à ça que nous sommes appelés, c’est une participation entière à la nature de Dieu. Donc c’est prodigieux et donc il ne faut pas perdre de temps et donc il ne faut surtout pas considérer que la voie initiatique sert simplement à accumuler des degrés, à payer des cotisation et à bien manger et à choisir le nom des vins que l’on aura lors de l’agape.

Le but, et je vous remercie pour votre question, le but c’est la communion permanente, fusionnelle, intérieure avec l’amour dévorant de la transcendance divine. Notre résurrection est permanente elle se produit d’instant à l’instant. Elle ne s’est pas produite à Jérusalem il y a 2000 ans pour le Christ, elle se produit pour chacun d’entre nous à chaque instant du moment où notre âme rencontre le divin. Et ça c’est merveilleux.

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